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Chiens errants en temps de confinement : Une vraie vie de chien !


Rédigé par Safaa KSAANI le Jeudi 28 Mai 2020

Pour endiguer le phénomène des chiens errants, les autorités de certaines villes procèdent à leur abattage. Des actions qui font saigner les cœurs des citoyens et d’associations.



Chiens errants en temps de confinement : Une vraie vie de chien !
Avant le confinement obligatoire, les quartiers de la petite ville de Tiflet, située à 54 kilomètres de la capitale Rabat, étaient d’un calme assourdissant. Depuis quelque temps, il n’est pas difficile de distinguer les aboiements de chiens.

Bien que l’abattage des chiens errants par armes à feu et empoisonnement fût interdit, les autorités de certaines villes continuent à les abattre. A Guelmim, des tueries sanglantes sont toujours menées. Mme Naïma, issue de la ville, a vu ses chiens domestiques tués en plein jour et en public, avant et pendant Ramadan. Des dizaines de chiens ont été empoisonnés, entre autres à Sidi Rahal, Dar Bouâzza, Sidi Bouknadel, par les autorités locales. A Salé “les autorités concernées retirent les chiens à leurs vendeurs. Ils sont ensuite cloîtrés sans nourriture”, témoigne Mme Habiba Tazi, co-fondatrice de l’Association de défense des animaux et de la nature (ADAN), se montrant inquiète pour la suite.

Si dans certaines villes les chiens errants sont abattus par les autorités, dans d’autres, comptées sur les bouts des doigts, ils sont sauvés de la mort et de la faim, comme c’est le cas de la capitale. Selon Mme Lebbar Karima, médecin chef de la division d’hygiène et de salubrité publique de la ville de Rabat, “les chiens errants présents dans la ville sont ramassés puis conduits à l’Association ADAN”. Un travail sur le renforcement des structures dédiées et des moyens logistiques de la commune est en cours en vue de construire un dispensaire animalier, entre autres mesures et projets, explique-t-elle.

On remarque par ailleurs que si certaines personnes ont choisi d’adopter des chiens en cette période de confinement, d’autres en profitent pour s’en débarrasser.

“Il y a des personnes qui ont peur d’être contaminées par le Coronavirus à travers leurs chiens. Ce n’est qu’un prétexte pour abandonner leurs animaux de compagnie. D’autres personnes s’adressent à nous pour adopter des chiens afin de les consoler”, nous affirme Mme Habiba Tazi.

Face à la fermeture des cafés et des restaurants, “ les chiens aboient à cause de la faim. Si les gens leur donnent les restes de leur nourriture, les chiens seront bien”, souhaite cette bonne dame.

Depuis longtemps, la prolifération des chiens errants dans les cités urbaines du royaume représente un casse-tête pour leurs autorités locales. A la sortie du confinement, nous risquons de les retrouver en multitude. Un problème plus lourd que d’habitude à gérer par les communautés. Cependant, pourvu que le recours soit autre que celui de l’usage des armes. 

3 questions à Habiba Tazi, co-fondatrice de l’Association de défense des animaux et de la nature (ADAN)

à Habiba Tazi
à Habiba Tazi
« Le confinement, un enfer pour les chiens errants »

- En cette période de confinement, le nombre des chiens errants est-il en hausse ou en baisse ?
- Contrairement aux idées reçues, le nombre des chiens errants est en régression actuellement. Pour cause, ils sont capturés et abattus systématiquement par les autorités compétentes des villes, hormis de rares exceptions, comme c’est le cas des autorités de la capitale Rabat, où les tueries de ces chiens se sont arrêtées. Cette période de confinement représente à 10% une aubaine aux chiens qui sillonnent tranquillement les rues des villes et à 90% un enfer, puisqu’ils n’ont plus quoi manger et sont toujours menacés par les autorités locales.

- Les autorités compétentes pourraient-elles collaborer avec les associations de défense des animaux pour mettre un terme au fléau des chiens errants ?
- En termes de gestion du phénomène des chiens errants, notre pays est en retard. Les autorités continuent à les abattre. Nous proposons une solution à ce phénomène. Il s’agit de stériliser ces chiens et les vacciner contre la rage. Si les autorités acceptent de collaborer avec les associations de défense des animaux à travers le royaume, notre pays serait un modèle à suivre dans le monde en cette matière.

- Comment organisez-vous les opérations de stérilisation des chiens ?
- Certes, notre association a des capacités d’accueil limitées, mais selon notre règlement intérieur, nous stérilisons, vaccinons et castrons les nouveaux arrivants, en collaboration avec de nombreux médecins vétérinaires. Nous sommes soutenus par la Fondation Brigitte Bardot à ce niveau.

Recueillis par S. K.







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