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Cachez-nous cette misère qu’on ne saurait voir !


Rédigé par Majd EL ATOUABI le Mardi 9 Février 2021



Cachez-nous cette misère qu’on ne saurait voir !
L’actualité vient de nous révéler de manière tragique l’un des aspects les plus sordides de la misère socioéconomique qui sévit dans notre pays. Le drame de l’usine présentée comme clandestine, alors même qu’elle abritait une activité industrielle soutenue depuis des années, au vu et au su des autorités, s’est produit dans l’une des villes les plus dynamiques du Royaume. Il s’agit de Tanger qui a connu durant les dernières années un développement remarquable, presque insolent, à tel point de s’imposer comme l’une des vitrines les plus clinquantes du Maroc moderne.
 
Mais sous ce vernis de modernisme, à quelques encablures de la nouvelle gare TGV, du quartier d’affaires avec ses buildings aux façades vitrées et à quelques kilomètres du très florissant port de Tanger Med et sa zone franche, le moyen-âge se tapissait dans les caves de maisons transformées en ateliers «semi-clandestins» tolérés par crainte des effets sociaux d’une application stricte de lois et de règlements tombés en désuétude. Tels des miroirs grossissants, ces poches de misère sociale qui subsistent dans toutes les villes marocaines nous renvoient les traits sans fard de notre tissu économique rongé par l’informel et la prédation des masses laborieuses.
 
Chaque jour, aux quatre coins du Maroc, dans une version contemporaine de «Germinal» d’Emile Zola, des milliers de petites mains et de «petites gens» d’une industrie locale plus que jamais aux abois, car soumise au dictat des «tueurs de coûts» aux dents rallongées par le contexte pandémique, s’affairent à longueur de journées sans fin, tels des forçats, dans ce genre d’ateliers ou d’exploitations agricoles aux allures de bagnes. Privés des moindres droits et des moindres conditions de confort, de sécurité et de dignité, ces marocaines et ces marocains d’extraction modeste, mais nobles de cœur car travailleurs honnêtes, risquent leur santé et leurs vies pour des salaires misérables.
 
Maintenant, au-delà de l’émotion légitime suscitée par la mort dans des conditions effroyables de 29 personnes (jusqu'à la mi-journée du mardi 9 février), c’est le sort de ces centaines de milliers de survivants en sursis qui doit nous interpeller. Et dans ce sens, la faillite des politiques gouvernementales en matière d’organisation du tissu productif, doit être questionnée et les responsables défaillants sanctionnés, pour que ne se reproduisent plus de tels drames parfaitement évitables.
 
Majd EL ATOUABI
 



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