Alors que notre économie a pris des années pour construire un secteur du BTP fort et autosuffisant, ce savoir-faire risque de se perdre. En cause: les problèmes de la transmission des entreprises. Afin d’éviter ce problème, une des solutions est l’introduction en bourse.
C’est pour sensibiliser les entrepreneurs du BTP à cette problématique que la Fédération Nationale du Bâtiment et Travaux Publics (FNBTP) et la Bourse de Casablanca ont co-organisé, ce 6 juin, une rencontre sous la thématique : «La transmission des entreprises familiales dans le secteur BTP : Le marché boursier comme levier, enjeux et opportunités».
Tout en rappelant que «les entreprises familiales ont été de véritables acteurs clés de notre secteur, qui a contribué à l’émergence d’entreprises chefs de fils et grands champions nationaux, participant au rayonnement de l’entreprise marocaine des BTP à l’échelle nationale et internationale», le président de la FNBTP Mohamed Mahboub a alerté que “la transmission de ces entreprises est un enjeu crucial qui nécessite une vision à long-terme afin de pérenniser et de développer notre activité”.
Un enjeu d’autant plus important que ce secteur représente 6% du PIB, une valeur ajoutée de près de 60 milliards de dirhams, et une forte participation dans la création d’emplois tant directs qu’indirects, comme l’a rappelé le président du conseil d'administration de la Bourse de Casablanca, Kamal Mokdad. D’ailleurs, le secteur des BTP connaît bien le marché des capitaux, puisque durant les vingt dernières années, plus d’une introduction en bourse sur 5 a été faite par une entreprise de BTP. La dernière introduction en date, celle de la TGCC, a connu un fort engouement par les investisseurs avec une offre du marché de 13 milliards de dirhams pour un montant demandé de 600 millions de dirhams.
Sérénité dans la transmission
Que peut apporter la bourse dans le processus de transmission des entreprises ? D’abord, un bon système de gouvernance qui est “la garantie de la stabilité, de la pérennité et de la réussite d’un processus de transmission d’entreprise”, résume Kamal Mokdad.
“En s’introduisant en bourse, une entreprise de BTP ne bénéficiera pas uniquement de la possibilité de lever de fonds, elle gagnera aussi en matière de gouvernance et préparera sereinement sa transmission”, poursuit-il. L’ouverture du capital des entreprises au marché a d’ailleurs joué un rôle clé dans la transmission de plusieurs entreprises familiales, comme Sothema, Dari Couspate ou encore Colorado.
Pour le président du conseil d'administration de la Bourse de Casablanca, une introduction en Bourse permet d’”améliorer la performance de l’entreprise, sa transparence et sa valorisation, ce qui permet d’effectuer des transactions intra-famille en toute sérénité, et aussi d’améliorer le profil de l’entreprise vis-à-vis des tiers”, détaille-t-il.
Le secrétaire général ministère de l’Equipement et de l’Eau, Mostafa Fares, veut aller plus loin en demandant aux acteurs de “mettre en place une feuille de route afin de sensibiliser les entreprises familiales aux opportunités que peuvent offrir l'introduction en Bourse”.
“ Les entreprises familiales “ont des problèmes comme leur attachement aux personnes physiques, les changement des valeurs familiales, les conflits inter-générationnel et d’autres défis liés à la gestion”, qui peuvent détruire l’entreprise, explique le secrétaire général. Préparer ce volet de la gestion des entreprises familiales est d’autant plus crucial que “le NMD parie sur les capitaux marocains dans le financement de l’économie nationale”, at-il rappelé.
