Du 25 avril au 20 juillet 2024, au sein de la Galerie des Résidents de la Fondation Montresso à Marrakech sera présenté le travail du peintre allemand, vivant dans la charmante ville de Coblence, Hendrik Beikirch, « Memories of before ». Huit années après le projet « Tracing Morocco – The Walls », l’artiste poursuit son hommage profond au Maroc dessinant ses rencontres, révélant sa quête d’un idéal d’humilité et de découvertes. À cette occasion, l’emblématique portrait de Marrakech sera également rénové. C’est dans ces endroits, loin de la civilisation, nichés au cœur des extrêmes de la nature, que le corps et l’esprit entrent dans un état rarement atteint dans les routines occidentales. Tout au long de l’Histoire, les êtres humains ont été attirés par ces extrêmes, qui ont le pouvoir de traduire un changement physique de perspective en un changement mental. Qu’il soit motivé par une profonde dévotion à la spiritualité mystique ou par le désir de repousser ses propres limites physiques, le désir d’atteindre le point le plus élevé semble exercer un attrait unique, imprégnant chaque pas, chaque action et leurs conséquences d’une signification profonde, obligeant les individus à réévaluer et, peut-être, à réviser leur évaluation de soi. C’est dans ces lieux mêmes que la relation entre l’humain et la nature prend des dimensions différentes, oscillant entre fascination et humilité, appréciation et destruction, usage et abus. Dans un monde numérisé, de nouvelles intentions de voyages vers des lieux lointains sont apparues la collection de photos et de portraits comme fragment essentiel de l’autoprésentation publique.
Craie et ardoise
L’approche de Hendrik Beikirch, qui consiste à représenter des souvenirs, va à l’encontre d’une manière rapide et superficielle de collecter des références et rappelle un art ancien qui consiste à raconter des histoires par le biais de dessins, comme l’acrylique argenté sur fond noir qui rappelle l’esthétique de la craie sur l’ardoise. Ainsi, « Memories of before » permet à la fois de regarder en arrière et en avant, de faire le point tout en anticipant. Les œuvres présentées constituent des passerelles vers ses expériences et ses rencontres dans la région des montagnes de l’Atlas. Avec une habile précision, il traduit ses réflexions sur la toile, capturant l’enchantement et le magnétisme de ces lieux dans des représentations à grande échelle et méticuleusement détaillées. Le noir omniprésent des nuits de montagne, le blanc éclatant des sommets enneigés ou l’intensité de la lumière du soleil à une certaine hauteur prennent dans ses œuvres une présence qui ne demande pas seulement à être observée mais vécue une présence qui évolue à chaque petit changement de position, offrant une nouvelle perspective sous tous les angles. Certains motifs naturels sont interrompus par des objets en plastique fabriqués par l’humain qui se fondent dans ces environnements, nous rappelant que même dans les régions les plus reculées, l’humanité laisse des traces aux conséquences fatales. « Memories of before », en hommage aux montagnes, englobe ainsi une allégorie subtile du paradoxe de l’humanité qui aime et détruit à la fois.