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Actu Maroc

Agriculture : Piliers du Maroc pour la gestion intégrée des terres


Rédigé par A. CHANNAJE Jeudi 27 Novembre 2025

​Quand la FAO alerte sur 1,7 milliard de personnes touchées par la chute des rendements agricoles, le Maroc répond par une planification participative, une croissance robuste et des projets de souveraineté alimentaire et énergétique.



Le contexte mondial de 2025 est marqué par une double injonction : soutenir la croissance économique tout en préservant l’environnement. La FAO signale qu'environ 1,7 milliard de personnes vivent déjà dans des zones où les rendements agricoles reculent, sous l’effet du changement climatique, de la raréfaction des précipitations et de l’épuisement des sols. Dans son dernier rapport, le directeur général de l'Organisation a déclaré que « nous assistons à une crise silencieuse où la sécurité alimentaire devient le premier indicateur de la stabilité des nations ». Cette alerte s’accompagne de données précises : la productivité du blé a chuté de 12 % en Afrique du Nord, et les pertes de terres arables atteignent 24 % du territoire cultivable dans certaines parties du Sahel.
 
Le Maroc, modèle de planification stratégique

Dans ce panorama, le Maroc se distingue non seulement par une dynamique économique solide, mais surtout comme un modèle de planification stratégique contre la dégradation foncière. Cette reconnaissance provient du rapport « La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2025 », fraîchement publié par la FAO, qui souligne l’approche novatrice du pays dans l’utilisation de données précises pour guider l’aménagement du territoire. Face à la fragilité de ses écosystèmes, le Maroc a mis en place une planification participative associant institutions centrales, autorités régionales et communautés locales. Le résultat : une charte territoriale et un plan d’action qui intègrent la gestion durable des terres dans les décisions de développement.

La stratégie « Génération Green 2020‑2030 » illustre parfaitement cette démarche, en fixant des priorités claires : augmenter la part des cultures résilientes à la sécheresse de 30 % d’ici 2028, restaurer 2 millions d’hectares de terres dégradées et porter la part des énergies renouvelables dans la production d'électricité à 42 % d’ici 2030. Le programme prévoit également un fonds de 5 milliards de dirhams destiné à soutenir les petites exploitations, à promouvoir l’agro-écologie et à développer des systèmes d'irrigation économes en eau.
 
Croissance économique au‑delà des attentes

Sur le plan macroéconomique, le pays dépasse les attentes. Au premier trimestre 2025, le PIB a progressé de 4,8 % (4,6 % pour les activités non agricoles et 4,5 % pour l’agriculture), surpassant les prévisions de 3,9 % du FMI. Bank Al‑Maghrib prévoit une croissance annuelle d'environ 4,6 % et anticipe une inflation maîtrisée à 2,8 %. Plus de 81.000 nouvelles entreprises ont été créées à la fin septembre 2025, témoignant d’un dynamisme entrepreneurial soutenu. 

Le secteur des services, en particulier le tourisme durable, a enregistré une hausse de 7 % du nombre de nuitées, tandis que les exportations de produits agroalimentaires ont augmenté de 9 % grâce à des accords de libre-échange avec l'Union Européenne et les pays du Golfe.
 
Hub industriel et logistique vert

Le Maroc confirme également son rôle de hub industriel et logistique vert. Le Groupe OCP a vu son chiffre d'affaires bondir de 18 % durant les neuf premiers mois de l'année, consolidant son statut d'acteur majeur sur le marché mondial des phosphates et des engrais verts. Le groupe a investi 2,3 milliards de dollars dans des projets de recyclage des eaux usées et de production d'énergie solaire sur ses sites de Jorf Lasfar et de Safi.

Parallèlement, le pays renforce sa position de « smart hub » commercial entre l'Afrique et l'Europe. DP World a inauguré le service « Atlas », une liaison maritime directe entre le port d'Agadir, le Royaume‑Uni et plusieurs ports du Nord de l'Europe. Cette route transporte chaque semaine plus de 15.000 tonnes de produits frais (fruits, légumes, fleurs) et réduit le temps de transit de 30 % par rapport au transport routier via l'Espagne, tout en abaissant l'empreinte carbone des exportations agricoles de près de 25 %. Le corridor « Atlas » s'inscrit dans le cadre du programme « Green Corridor » de l'UE, qui vise à décarboner les chaînes d'approvisionnement.
 
Souveraineté et projets d'avenir stratégiques

Dans une optique de développement à long terme, le Maroc oriente ses investissements vers la souveraineté alimentaire et énergétique. Face au stress hydrique, des discussions portent sur l'énergie nucléaire civile pour alimenter les centrales de dessalement et la production électrique nationale, ouvrant la voie à une plus grande autonomie face aux fluctuations des marchés. Le projet « Nour », mené en partenariat avec le Commissariat à l’énergie atomique et les industries locales, prévoit la construction d'un réacteur de 1 200 MW d'ici 2032, capable de fournir 10 % de la production électrique du pays et d'assurer le dessalement de 300.000 m³ d'eau de mer par jour.

Rabat s'affirme aussi comme une plateforme d'investissement continental, accueillant l'Africa Investment Forum où 41 projets « prêts à investir » ont été présentés aux bailleurs de fonds, pour un montant total de 12 milliards de dollars. Parmi ces projets figurent la construction d'une usine de transformation de tomates à Agadir, un parc solaire de 500 MW dans la région de Tafilalet et un centre de recherche sur les cultures résilientes à la chaleur à Marrakech.

En conclusion, le Maroc se positionne comme un pays résilient et stratège, capable de transformer les défis environnementaux et économiques en opportunités de leadership régional. En alliant données précises, gouvernance participative, investissements verts et diversification énergétique, le Royaume montre qu’il est possible de concilier croissance, souveraineté et durabilité. Cette trajectoire inspire non seulement les pays du Maghreb, mais offre également un modèle pour les nations en développement qui cherchent à bâtir un avenir plus sûr et plus prospère pour leurs citoyens.
 
A. CHANNAJE
 

DP World Atlas : Un nouveau lien logistique entre le Maroc et l’Europe

DP World – l’un des plus grands opérateurs portuaires mondiaux, présent dans plus de 70 ports sur six continents – a inauguré, le 17 novembre 2025, la ligne maritime « DP World Atlas », reliant directement le port d’Agadir au terminal London Gateway (Royaume‑Uni) et au port d’Anvers (Belgique). À sa première escale à Agadir, le navire M/V BF Carp a débarqué plus de 400 conteneurs frigorifiques neufs, marquant le coup d’envoi d’une opération logistique inédite pour la région. Dirk Hoffmann, directeur commercial du projet, a déclaré : « Nous sommes très heureux d’annoncer l’arrivée du premier navire de notre nouveau service maritime DP World Atlas ; les réservations sont désormais ouvertes ».

Ce service réduit jusqu’à deux jours le temps de transit par rapport aux itinéraires routiers traditionnels via l’Espagne, la France et les ports de la Manche. Il vise à optimiser le transport des fruits et légumes marocains – le Maroc exporte plus de 6,5 millions de tonnes chaque année vers l’Europe de l’Ouest – en évitant les points de congestion habituels (Tanger‑Med, Algésiras, Calais, Douvres). En plus de limiter les retards douaniers, la surcharge routière et les ruptures de la chaîne du froid, le corridor maritime devrait réduire les émissions de CO₂ de près de 70 %, répondant ainsi aux exigences climatiques européennes.

Le M/V BF Carp a entamé sa première rotation vers le Nord il y a quelques jours, puis est revenu à Agadir le 24 novembre, établissant ainsi la base d’un calendrier hebdomadaire qui offre une meilleure visibilité aux producteurs des régions d’Agadir, Souss‑Massa et Casablanca‑Settat.

Ce lancement intervient dans un contexte d’incertitude post‑Brexit, le Royaume‑Uni cherchant à diversifier ses approvisionnements en produits frais et à réduire sa dépendance aux corridors européens classiques. 

Le Maroc, proche géographiquement et avec une agriculture haut de gamme, est un partenaire stratégique de cette réorientation logistique.







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