Imaginons qu’un jour une zone au Maroc soit ciblée par une attaque chimique ou fasse l’objet d’un incident nucléaire avec des effets radioactifs. Un scénario pris très au sérieux par les Forces Armées Royales qui s’entrainent chaque année aux côtés de l’Armée américaine sur de tels scénarios aussi redoutables que réalistes. Au cœur de la base de la Zone sud à Agadir, les deux armées ont tenu un exercice de lutte contre les Armes de Destruction Massive dans lequel les FAR ont déployé des compagnies NRBC et NEDEX de l’Unité de Secours et de Sauvetage.
Il ne s’agit pas d’un exercice anodin, mais d'un exercice d’une importance capitale puisqu’on est en face d’une menace plus destructrice qu’une attaque conventionnelle. Cet exercice consiste à simuler un incident aux effets radiologiques, chimiques ou explosifs et qui nécessite une intervention urgente de l’unité susmentionnée.
Un scénario méticuleusement conçu
Les planificateurs ont imaginé une attaque à l’aide d’une substance chimique dans un stade de football. Le match se déroule le plus normalement du monde jusqu’au moment où une explosion retentit et les radiations se répandent parmi l'assistance faisant plusieurs personnes contaminées. L’équipe d’intervention investit immédiatement le lieu pour le fouiller et s’assurer qu’il n’y a aucun risque d’explosion.
Composée d’un opérateur EOD et de deux techniciens NRBC et placée sous l’autorité d’un Chef d’opération, l’équipe déployée s’emploie ensuite à trier et regrouper les victimes au niveau du PRV avant de décontaminer les victimes. Puis vient la phase de l’évacuation qui se fait par hélicoptère. Cette équipe, rappelons-le, agit dans le cadre d’une structure opérationnelle dirigée par un « Commandant d’Incident », secondé par un officier adjoint, et un responsable sécurité.
Après cette phase cruciale où chaque seconde compte, vient celle de la neutralisation des "Engins Explosifs Improvisés" par l’équipe EOD. Celle-ci a pour mission d’évaluer les risques en procédant à l’échantillonnage et l’identification des agents chimiques. Raison pour laquelle un laboratoire mobile d’analyse américain a été mobilisé sur place. « Note mission consiste à détecter les composantes physiques et chimiques des substances dangereuses dans la zone sinistrée et à procéder aux analyses des résultats obtenus", nous explique Sergent Chaimae Darghane de l'Unité de Secours et de Sauvetage des FAR
Une fois l’analyse des agents nocifs achevée, l’équipe d’intervention se met à acheminer les victimes vers le site de décontamination de masse. Un tableau de bord est mis en place pour recenser les victimes et identifier leur état.
Se familiariser avec un exercice ultra-sensible
Comme les autres types d’activité d’African Lion, cet exercice a pour but de renforcer l’interopérabilité entre les unités marocaines et américaines pour qu’elle soient capables d’agir ensemble de façon harmonieuse en cas d'un tel incident. Aussi s'agit -il d'une opportunité pour les unités marocaines d'apprendre les nouvelles techniques et s'inspirer du savoir -faire américain.
À travers de tels exercices, les FAR testent leur capacité de coordination et communication entre les différents intervenants. Il s’agit également de s'initier aux procédures d'analyse, de conditionnement et de transport des échantillons chimiques.
Plus important encore, ce genre d’entraînement permettent de développer les procédures en matière de lutte contre les engins explosifs improvisés et perfectionner les procédures d'évacuation, par voie aérienne.
Jusque-là, les unités marocaines améliorent leur performance d’une édition à l’autre. C'est en cas le point de vue des officiers américains qui ont eu assez de recul pour voir à quel point leurs homologues marocains ont progressé dans ce domaine. « L’organisation de l’équipe marocaine est la meilleure au niveau de la région », s'est félicité le "Senior Chief Oetty Officer" Joseph Leszunov, en réponse à une question de « L’Opinion » sur le niveau de préparation des FAR en matière de lutte contre les attaques chimico-nucléaires.
