Depuis quelques jours, des extraits diffusés par le journaliste Hamid El Mahdaoui sur sa chaîne YouTube provoquent le tollé sur les réseaux sociaux, soulevant des questions sur la transparence et les méthodes de gestion interne de la profession. Les enregistrements fuités, attribués à la Commission de déontologie et des affaires disciplinaires du Comité provisoire chargé de la gestion du secteur de la presse, ont suscité de nombreuses critiques, principalement chez les professionnels, du fait que certains y voient une atteinte à la crédibilité de la commission disciplinaire, tandis que d’autres dénoncent la méthode de divulgation publique, jugée préjudiciable pour l’image de la profession.
Lors de la séance des questions orales, lundi à la Chambre des Représentants, le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaïd, a été interrogé pour la première fois sur cette affaire, qui prend de grandes proportions. Confronté à un exercice délicat, le ministre, habituellement loquace, a adopté une posture mesurée, affirmant son opposition « à toute pratique qui contrevient aux règles de gouvernance et d’éthique professionnelle ». Bensaïd a précisé que le rôle de l’État n’est pas « d’interférer dans la gestion des instances professionnelles », mais de leur fournir les outils nécessaires pour fonctionner de manière indépendante. « Nous voulons donner au quatrième pouvoir les moyens de se gérer lui-même », a-t-il insisté, rappelant que l’autonomie institutionnelle implique également une rigueur irréprochable dans le respect des règles déontologiques.
En réaction au sujet, Allal Amraoui, Président du Groupe Istiqlalien « Pour l’Unité et l’Egalitarisme », a dénoncé le scandale, affirmant qu’il y a toujours eu cette volonté de « voir ce corps journalistique fort, voire en faire une véritable école pour préserver les valeurs nationales, comme cela a été le cas avec des figures marquantes telles qu’Abdelkrim Ghellab ou Abdeljebbar Shimi ». Le journalisme est un métier noble, porteur de fortes valeurs symboliques et exigeant un engagement éthique, a ajouté Amraoui, notant que la démocratie requiert un quatrième pouvoir solide et indépendant, capable de relayer fidèlement la réalité du terrain sans la déformer.
« Nous déplorons également les fuites, qui ne devraient pas avoir leur place dans les pratiques habituelles des administrations publiques », a déclaré l’Istiqlalien, soulignant qu’il est donc urgent d’accélérer la réforme du Conseil National de la Presse (CNP) afin de combler le vide juridique dont souffre cette institution, et de lui permettre d’exercer pleinement ses prérogatives constitutionnelles, professionnelles et éthiques.
Sur ce volet, le ministre Bensaïd a précisé que les travaux en cours portent sur l’achèvement du processus de ratification du texte législatif, étape préalable à la tenue des prochaines élections du Conseil. Il a insisté sur le fait que seul le corps professionnel de la presse sera habilité à choisir ses représentants une fois la réforme adoptée. Il a également rappelé que la mission du gouvernement consiste à consolider le cadre juridique encadrant le fonctionnement du CNP, afin de lui permettre d’exercer pleinement ses prérogatives en toute indépendance. Le projet de loi prévoit par ailleurs la possibilité pour toute partie concernée de contester les décisions prises au sein de l’institution, garantissant ainsi, selon le ministre, une transparence et une bonne gouvernance accrues.





















