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ALE : Vision, courage et action…


Rédigé par Saâd JAFRI le Mercredi 6 Août 2025



ALE : Vision, courage et action…
Il y a plus de trois décennies, le Maroc, désireux de renforcer son intégration dans l’économie mondiale, négociait son premier Accord de Libre-Echange (ALE) avec les États-Unis, marquant ainsi un tournant dans sa politique commerciale. Depuis, le Royaume a multiplié les partenariats, concluant près d’une cinquantaine d’accords similaires, avec à la clé quelque 400 milliards de dirhams de retombées économiques. Un chiffre respectable pour une économie émergente, certes, mais encore loin de refléter les véritables potentialités du premier exportateur mondial de phosphates et l’un des principaux pourvoyeurs de produits de la mer vers la zone Euro.

Le déficit chronique de ces accords trouve sa source dans leur architecture, qui reposait et repose encore, pour l’essentiel, sur une logique de libéralisation tarifaire pure et dure. Oubliés, les mécanismes de coopération industrielle. Absentes, les conditionnalités en matière d’investissements productifs, d’innovation ou de transfert de technologies. Le verbe est là, mais l’action manque de souffle !

Porté par une vision héritée d’une époque où l’ouverture commerciale était perçue comme une fin en soi, et des échanges massivement orientés vers le Vieux Continent, le commerce extérieur du Royaume, dont le tissu économique est bien moins mature que celui de l’Europe, ne pourra jamais atteindre son plein potentiel, comme en témoigne le déficit commercial dépassant les 100 MMDH. Même constat du côté des États-Unis ou des pays d’Asie, où la balance penche, là encore, lourdement en défaveur du Maroc.Il est vrai que ces accords devraient être appréhendés dans leur ensemble, d’autant que 99% des exportations du Royaume sont effectuées dans le cadre des ALE, et leur révision pourrait, comme l’a expliqué précédemment le ministre de tutelle, avoir des conséquences «désavantageuses sur les gains qu’ils génèrent». 

Mais à l’heure où les mutations géopolitiques redéfinissent les rapports de force, nos accords doivent impérativement se muer en leviers puissants au service de notre souveraineté et de notre ambition industrielle.La ZLECAf, pour ne citer qu’elle, ouvre au Maroc une fenêtre pour se positionner comme moteur industriel du continent, à même de construire des ponts Sud-Sud, consolider notre présence économique en Afrique et transformer nos ALE en tremplins pour exploiter pleinement un marché de 2,5 milliards d’âmes, soit un quart de l’humanité d’ici quelques décennies.

Ce virage ne saurait néanmoins se concrétiser sans l’appui de mécanismes de financement conjoints et de fonds de soutien ciblés pour les exportateurs. Sans cela, moult opportunités continueront de nous échapper, à l’image de ce qui se joue actuellement avec la « zero tariff policy » de la Chine, dont les entreprises étrangères savent tirer pleinement parti, là où les nôtres peinent à suivre.

C’est dire si nos accords de libreéchange ont aujourd’hui besoin, plus que jamais, de vision, de courage et surtout… d’action.



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