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Culture

​Interview avec Brahim El Mazned « Le succès grandissant de Visa For Music nous encourage à envisager une présence élargie »


Rédigé par Youssef Benkirane le Jeudi 27 Novembre 2025

À travers les rues et les scènes de Rabat, la 12ᵉ édition de Visa For Music a animé la capitale au rythme des musiques africaines et moyen-orientales. Entre hommages, showcases, ateliers et rencontres professionnelles, le festival-marché a réuni pendant quatre jours artistes reconnus, talents émergents et acteurs de l’industrie, confirmant son rôle central dans la mise en valeur des créations du continent et de la région. Rétrospective avec le directeur et fondateur de Visa For Music, Brahim El Mazned.



​Interview avec Brahim El Mazned « Le succès grandissant de Visa For Music nous encourage à envisager une présence élargie »
1 - Depuis sa création en 2014, comment la vision du festival Visa For Music a-t-elle évolué ?

Visa For Music s’est affirmé, depuis 2014, comme bien plus qu’un simple marché musical. Notre vision est devenue celle d’un pont stratégique entre l’Afrique, le Moyen-Orient et le reste du monde. À l’origine, l’objectif était surtout de donner de la visibilité aux artistes de la région. Dix ans plus tard, nous travaillons désormais à contribuer à structurer un véritable écosystème, à renforcer la professionnalisation et à créer des retombées réelles pour les artistes, les managers, les producteurs et les institutions culturelles au Maroc et à l’échèle du continent.
L’édition de cette année, organisée du 19 au 22 novembre, a démontré que Visa For Music est devenu un carrefour international incontournable, un lieu où se dessinent les collaborations de demain et où les musiques du continent occupent, enfin, la place qui leur revient.

2 - Comment choisissez-vous les artistes qui se produisent lors des showcases ? Quel est le processus de sélection ?

La sélection repose sur un processus exigeant et transparent. Chaque année, nous lançons un appel à candidatures international et recevons plusieurs centaines de dossiers. Cette année nous avons reçu plus de 1400 candidatures. Un comité artistique composé de professionnels, programmateurs, directeurs de festivals, journalistes musicaux, producteurs, analyse les candidatures selon plusieurs critères, à savoir, l’originalité et la qualité artistique, la maîtrise scénique, le potentiel d’export, l’ancrage culturel, la pertinence du projet dans le paysage musical actuel.
À chaque édition, nous cherchons à offrir une programmation équilibrée et représentative. En tenant compte de la diversité des styles, des régions, des générations, des esthétiques. L’édition 2025 marquée par le niveau exceptionnel des candidatures et les retombées extraordinaires des showcases montrent à quel point l’écosystème gagne en maturité.



3 - Quelles sont les grandes tendances que vous observez dans les musiques africaines et du Moyen-Orient aujourd’hui ?

En effet, il s’agit de trois grandes tendances qui se dégagent. D’abord, l’hybridation des genres, avec des artistes qui mêlent musiques traditionnelles, électronique, hip-hop, sonorités urbaines et influences diasporiques, une créativité audacieuse qui séduit les scènes internationales.
Ensuite, la montée en puissance de la production locale, portée par de nouveaux studios, labels, plateformes et festivals, permettant aux artistes de maîtriser davantage leur chaîne de création et de professionnaliser l’écosystème.
Et puis, une affirmation identitaire marquée, où les artistes revendiquent leurs langues, leurs rythmes et leurs héritages, nourris par la reconnaissance mondiale croissante des musiques africaines et moyen-orientales.

4 - VFM Académie ouvre la voie à de nouveaux publics. Pouvez-vous nous en dire davantage sur cette initiative et sur les nouveautés qu’apporte l’édition de cette année ?

VFM Académie est née d’un constat simple. Pour accompagner l’essor des musiques africaines et du Moyen-Orient, il faut investir dans la formation, la transmission et le renforcement des compétences. L’académie s’adresse aux jeunes professionnels, aux artistes émergents, aux managers et à tous ceux qui souhaitent comprendre les rouages de l’industrie musicale.
Cette année, l’initiative s’est enrichie d’ateliers pratiques et immersifs animés par des experts internationaux, de parcours d’accompagnement personnalisés pour aider les artistes à structurer leurs projets, d’une ouverture vers le milieu universitaire afin d’ancrer la culture musicale dans l’éducation, ainsi que de sessions dédiées à l’entrepreneuriat culturel, un levier essentiel pour consolider nos industries créatives. Le résultat est déjà visible d’une nouvelle génération de professionnels se forme et se prépare à prendre le relais.

5 - Avez-vous des ambitions pour étendre Visa For Music dans d’autres villes africaines ou au-delà ?

Absolument. Le succès grandissant de Visa For Music nous encourage à envisager une présence élargie, que ce soit sous forme de tournées de showcases, de résidences artistiques, de rencontres professionnelles ou d’événements satellites dans d’autres capitales culturelles.
Notre priorité reste de consolider Rabat comme plateforme centrale, mais nous travaillons à des partenariats avec plusieurs villes africaines et moyen-orientales qui souhaitent accueillir des extensions du festival ou tout simplement des « guest event ». L’objectif n’est pas de dupliquer le modèle, mais de créer un réseau de hubs culturels interconnectés, capables de soutenir l’export des artistes et de favoriser les échanges sud-sud. Nous avons aujourd’hui 47 ambassadeurs de Visa For Music à l’échèle du continent.
 
Recueillis par Y. BENKIRANE
 


Les voix du continent résonnent à Rabat

La 12ᵉ édition du festival Visa for Music a été inaugurée mercredi 19 novembre au Théâtre National Mohammed V de Rabat, en présence de nombreuses personnalités diplomatiques et d’acteurs du monde culturel. Placé sous le haut patronage royal, l’événement s’est ouvert par une parade reliant le Musée Mohammed VI d’Art moderne et contemporain au Théâtre Mohammed V, suivie de trois concerts gratuits réunissant le Ballet National Djoliba de Guinée, le groupe ivoirien Perle des Lagunes et le maâlem gnaoui Omar Hayat.

La cérémonie d’ouverture a rendu hommage à trois figures majeures de la scène africaine et marocaine : le chanteur guinéen Sékouba « Bambino » Diabaté, le rappeur sénégalais Didier Awadi et le producteur marocain Moulay Ahmed Alaoui. Ces distinctions traduisaient la volonté du festival de créer des passerelles entre générations, styles et patrimoines musicaux.

Le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaid, a salué l’importance de Visa for Music, qualifié de « véritable institution » dans le paysage artistique régional. Il a souligné l’impact économique et humain des rencontres professionnelles du festival, ainsi que le rôle central de la culture, de la jeunesse et de la créativité dans la dynamique d’émergence du Maroc.

Au programme, quarante-cinq artistes ont pris part à des journées structurées autour d’ateliers, de rencontres professionnelles et de sessions de speed dating artistique, moments clés où programmateurs, managers et musiciens échangent rapidement pour initier collaborations, résidences et tournées.

Les soirées du festival ont été animées par des présentateurs issus de divers horizons, dont le Centrafricain Marius Roméo Gamando, le Béninois Ulysse Elliot Djodji et Mory Touré, figure emblématique des scènes de Chellah. Leur présence illustre l’esprit inclusif de Visa For Music, qui valorise l’ensemble des métiers participant au dynamisme de l’industrie musicale, une marque de fabrique de Brahim El Mazned et de son équipe.

Le volet professionnel a également pris une place importante. Les ateliers des Routes du Sud, dirigés par Safouane Pindra, ont attiré un public varié en quête d’outils et de perspectives. Par ailleurs, Arterial Network, sous la nouvelle direction de Babylass Ndiaye, a tenu plusieurs réunions stratégiques pour redynamiser son réseau panafricain. Ces moments d’échanges contribuent à structurer les écosystèmes culturels et à orienter les futures politiques du secteur.

Le centre-ville de Rabat s’est animé chaque soir avec les showcases, offrant une diversité de créations musicales. La prestation du Tchadien Mandwoé à la Salle Bahnini a particulièrement retenu l’attention, marquant les esprits par son intensité et son univers singulier. Ces scènes, fréquentées par programmateurs, directeurs de festivals et publics variés, dessinent une cartographie mouvante des musiques africaines et moyen-orientales, portée notamment par des artistes issus des diasporas.

Le site archéologique de Chellah a une fois de plus offert un cadre exceptionnel aux concerts du festival. Ses ruines et ses jardins ont accueilli des soirées électro qui ont transformé le lieu en un véritable laboratoire de modernité, où se mêlent expérimentations sonores et influences tribales.

Au fil des éditions, Visa For Music s’impose comme un espace incontournable de diffusion, de réflexion et de structuration pour les musiques d’Afrique et du Moyen-Orient. Entre valorisation patrimoniale et innovation artistique, le festival contribue à révéler les talents de demain tout en consolidant les réseaux professionnels qui façonnent l’avenir de ces scènes.







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