Tel est l’essentiel qui ressort de la conférence organisée le 25 décembre 2025, par l’Alliance des Ingénieurs Istiqlaliens Casablanca–Settat, sous le thème « L’intelligence artificielle : changement d’échelle et rupture civilisationnelle ». Le débat a confirmé ce que beaucoup pressentaient sans encore oser le dire clairement : nous sommes à la veille d’un basculement démocratique.
La présence de décideurs, d’ingénieurs et d’universitaires autour de Monsieur Nizar Baraka, Secrétaire général du Parti de l’Istiqlal, témoignait d’une prise de conscience. Mais la prise de conscience ne suffit plus. Le temps de l’action est arrivé.
Une phrase, prononcée par le professeur Salah Baiina de l’ENSIAS, résume à elle seule l’ampleur du défi : « La politique se joue dorénavant sur les réseaux sociaux.»
J’irai plus loin : la politique se joue désormais sur les réseaux sociaux, par les données, et avec l’intelligence artificielle. Ne pas l’admettre, c’est accepter de perdre le contrôle du jeu politique.
La présence de décideurs, d’ingénieurs et d’universitaires autour de Monsieur Nizar Baraka, Secrétaire général du Parti de l’Istiqlal, témoignait d’une prise de conscience. Mais la prise de conscience ne suffit plus. Le temps de l’action est arrivé.
Une phrase, prononcée par le professeur Salah Baiina de l’ENSIAS, résume à elle seule l’ampleur du défi : « La politique se joue dorénavant sur les réseaux sociaux.»
J’irai plus loin : la politique se joue désormais sur les réseaux sociaux, par les données, et avec l’intelligence artificielle. Ne pas l’admettre, c’est accepter de perdre le contrôle du jeu politique.
Quand l’algorithme devient faiseur de leaders
Aujourd’hui, ce ne sont plus seulement les idées qui s’affrontent, mais des architectures algorithmiques capables de capter l’attention, de façonner les récits et d’orienter les émotions. L’électeur est analysé, segmenté, ciblé, parfois avant même d’avoir conscience de ses propres.
Posons, dès lors, les questions sans détour.
Dans ce nouveau paysage, que vaut encore la liberté de choix du citoyen ? Que devient la moralisation du champ politique, pourtant érigée comme une revendication démocratique fondamentale ? Peut-on encore exiger transparence, équité et responsabilité lorsque les campagnes se déroulent dans des espaces numériques opaques, régis par des algorithmes propriétaires et des règles que l’État lui-même peine à maîtriser ?
Peut-on parler d’égalité démocratique lorsque la victoire dépend de la capacité à financer des outils d’IA, à acheter de la visibilité et à industrialiser la persuasion politique ?
Si le vote reste formellement libre, son environnement cognitif, lui, ne l’est plus. Et c’est là que se joue le véritable danger : une démocratie d’apparence, vidée progressivement de sa substance.
La morale politique face à la tentation technologique
Le débat n’est pas technophobe. Il est éthique. L’intelligence artificielle n’est ni bonne ni mauvaise. Elle est puissante. Et toute puissance sans règle finit par se retourner contre le collectif.
À l’approche des échéances électorales de 2026, la question de la moralisation du champ politique devient centrale. Comment exiger transparence et probité lorsque les campagnes se déroulent dans des espaces numériques opaques, où les messages sont personnalisés à l’extrême et invisibles pour le simple citoyen ?
Les élections de 2021 ont déjà montré que certains partis avaient compris avant les autres l’impact stratégique des réseaux sociaux. Cinq ans plus tard, l’IA ne fait qu’amplifier cette asymétrie. Sans régulation, elle consacrera la loi du plus riche et du plus technologiquement armé.
Sommes-nous prêts juridiquement et politiquement ?
La question centrale demeure : avons-nous aujourd’hui un cadre juridique capable de répondre à ces nouvelles réalités ? L’État peut-il encore réguler le politique numérique ?
Existe-t-il des limites claires à l’usage des moyens technologiques et financiers dans les campagnes électorales numériques ? Qui contrôle ? Qui régule ? Qui sanctionne ? Et surtout, peut-on encore se permettre d’attendre ?
L’expérience internationale montre que l’IA peut bouleverser des systèmes politiques réputés verrouillés. Des trajectoires politiques improbables, à l’image de celle de Zohran Mamdani, passé de quasi inconnu à maire d’une des villes les plus influentes du monde, illustrent la puissance des réseaux sociaux dans des environnements pourtant dominés par de puissants lobbys.
Mais faut-il y voir une menace ou une opportunité ?
Soyons lucides : notre arsenal juridique est en retard. Les règles actuelles encadrent les affiches, les meetings et les temps d’antenne, mais restent largement muettes sur le micro-ciblage politique, l’exploitation massive des données et l’usage des algorithmes en campagne électorale.
Jusqu’où est-il permis d’utiliser la technologie et l’argent pour conquérir le pouvoir ?
Qui contrôle l’usage de l’IA ? Qui protège le citoyen électeur ?
Ne pas répondre à ces questions avant 2026, c’est accepter que les prochaines élections se jouent sur un terrain dérégulé, où la loi du plus influent remplacera le principe d’égalité démocratique.
Menace ou opportunité historique ?
Pourtant, tout n’est pas sombre. L’IA peut aussi devenir un outil de salubrité démocratique. La technologie, aussi sophistiquée soit-elle, reste au service d’un discours politique, même si le discours est écrit par cette même technologie, il restera impersonnel manquant d’un ton humain, de sentiments et de prestance.
L’IA peut révéler les incohérences, analyser les bilans, confronter les discours aux faits, mettre en lumière les promesses non tenues. Elle peut aider à distinguer les projets sérieux des narrations creuses. Valoriser un discours porté par la rigueur, la franchise, la cohérence, la proximité, même si cette proximité devient virtuelle, et par la capacité à rendre compte d’un actif, d’un passif et d’un bilan.
En ce sens, l’IA pourrait contribuer à élever le niveau du débat public, à condition d’être encadrée, régulée et utilisée avec responsabilité. Cette perspective donne, d’ailleurs, un nouveau sens au rôle des professionnels de la communication et des relations publiques, appelés à devenir des garants éthiques autant que des stratèges. Mais cela suppose une condition non négociable : un cadre clair, transparent et contraignant. La technologie doit servir le débat public, non s’y substituer. Elle doit éclairer le choix citoyen, non le préfabriquer.
Agir maintenant ou subir demain
Il est encore temps d’agir. Mais plus pour longtemps. L’intelligence artificielle est déjà un acteur politique à part entière. La vraie question est désormais la suivante : voulons-nous en faire un outil au service de la démocratie ou un mécanisme silencieux de sa confiscation ?
Les questions sont nombreuses. Les réponses tardent. Mais une chose est certaine : l’inaction n’est plus une option.
Sans cadre réglementaire clair, sans réflexion collective impliquant partis politiques, institutions, experts, société civile et citoyens, les élections de 2026 risquent de se transformer en un terrain d’expérimentation incontrôlé, aux résultats imprévisibles et potentiellement dangereux pour la confiance démocratique. Les réseaux sociaux ont déjà changé la politique. L’intelligence artificielle est en train de la redéfinir. Les décideurs politiques se doivent d’assumer une responsabilité nouvelle : celle de poser des limites avant qu’il ne soit trop tard.
La vraie question n’est donc plus de savoir si l’IA est un nouvel acteur politique, mais si nous saurons l’encadrer avant qu’elle ne décide à notre place.
Le rôle des partis politiques, des institutions, des experts, mais aussi des professionnels de la communication et des relations publiques, est aujourd’hui immense.
En démocratie, ce qui n’est pas régulé finit toujours par être confisqué. L’an 2026 approche !
Agir maintenant n’est pas une option. C’est un devoir !























