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​Entretien avec Moulay Ahmed Sdaïki, président de la Fondation Chouaïb Sdaïki Doukkali : "La salle couverte d'El Jadida, dernier témoin d'un age d'or menacé !"


Rédigé par Mohamed LOKHNATI le Lundi 22 Décembre 2025

À El Jadida, la salle couverte des sports, haut lieu de l’histoire sportive et sociale de l’ancienne Mazagan, suscite de vives inquiétudes quant à son avenir. Pour Moulay Ahmed Sdaïki, président de la Fondation Chouaïb Sdaïki Doukkali, sa préservation dépasse la seule question architecturale : elle engage la sauvegarde d’une mémoire collective menacée. Dans un entretien à L'Opinion, il revient sur la valeur historique de cet édifice et lance un appel à la mobilisation citoyenne.



  • Pourquoi la salle couverte des sports d’El Jadida est-elle, selon vous, un élément majeur de la mémoire Jdidie ?
Parce qu’elle est l’un des derniers témoins matériels d’une époque où El Jadida, alors Mazagan, jouissait d’une véritable douceur de vivre et d’un urbanisme harmonieux. Cette salle ne se résume pas à un équipement sportif : elle a accueilli, tout au long des années 1950 notamment, des événements nationaux et internationaux qui ont contribué au rayonnement de la ville, bien au-delà de la côte atlantique marocaine.
 
  • Vous évoquez un contexte général de dégradation du patrimoine urbain. De quoi s’agit-il concrètement ?

Depuis le début de ce siècle, El Jadida perd progressivement ce qui faisait son identité. Après la disparition de bâtiments à forte valeur esthétique, d’espaces de villégiature, de cinémas emblématiques du centre-ville, et même d’éléments du littoral urbain, la salle couverte des sports figure désormais parmi les édifices menacés. Chaque destruction efface une partie de notre mémoire collective.
 
  • En quoi cette salle a-t-elle marqué l’histoire sportive nationale ?

Les archives de la presse de l’époque sont éloquentes. Dès son inauguration, en juin 1953, La Vigie Marocaine parlait de « l’aboutissement des équipements d’El Jadida », qualifiant la ville de l’une des mieux dotées du Maroc. En 1955, Maroc Presse décrivait la salle comme « peut-être la plus belle du Maroc », moderne, parfaitement conçue, avec des installations irréprochables.

Elle a notamment accueilli les championnats du Maroc d’escrime, puis le championnat d’Afrique du Nord. Des figures jdidies comme Gérard Chevassut y ont brillé, devenant à seulement 16 ans champion du Maroc, puis champion d’Afrique du Nord. Les journalistes soulignaient alors que « la salle faisait l’admiration des visiteurs ».
 
  • Que risque-t-on de perdre si aucune mesure de sauvegarde n’est engagée ?

Bien plus qu’un bâtiment. Nous risquons de perdre ce qu’il reste de notre mémoire commune. La salle couverte est un symbole : sa disparition ou sa dénaturation toucherait directement l’histoire sociale, sportive et culturelle d’El Jadida. Elle est liée à des générations entières de Jdidis, à leurs souvenirs, à leur fierté.
 
  • Quelle est la démarche engagée par la Fondation Chouaïb Sdaïki Doukkali ?

Notre Fondation œuvre à la promotion de la morale et de l’esthétique au service de l’intérêt général. Concrètement, nous menons un travail de recherche, de collecte et de documentation afin d’étayer des dossiers de demande de classement patrimonial. Cela passe par la constitution d’archives solides, fondées sur des articles de presse, des photographies, des témoignages et des documents historiques.
 
  • Vous lancez également un appel aux citoyens. Que leur demandez-vous ?

Nous appelons tous les Jdidis, ici et ailleurs, à participer à cet effort de conservation. Toute contribution est précieuse : coupures de journaux, photos anciennes, souvenirs personnels. Ensemble, nous pouvons créer de véritables archives jdidies, capables de perpétuer notre histoire commune. Je compte sincèrement sur l’amour et la fidélité des habitants à leur ville, El Jadida.
 
Entretien réalisé par
Mohamed LOKHNATI







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