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International

​Algérie : Le PDG de Sonatrach limogé - Les raisons inavouées


Rédigé par Hichem ABOUD Lundi 27 Octobre 2025

Limogeage du PDG après la signature d’un contrat de 5,4 milliards $ avec une société liée au renseignement saoudien au capital de 100 dollars US et comptant un seul employé.



Le PDG de Sonatrach, Rachid Hachichi, a été brutalement démis de ses fonctions moins de deux semaines après avoir signé un contrat de 5,4 milliards de dollars avec la société saoudienne Midad Energy North Africa BV, une structure enregistrée aux Pays-Bas et rattachée au groupe Midad Energy, contrôlé par la famille Al-Aiban, dont Musaad Al-Aiban, conseiller à la sécurité nationale saoudienne et coordonnateur du renseignement du royaume.

Une filiale aux moyens dérisoires Selon les registres néerlandais, Midad Energy North Africa BV ne dispose que d’un capital de 100 euros, d’un seul employé et d’une adresse postale virtuelle. Malgré ces moyens limités, elle devient partenaire de la compagnie nationale algérienne pour l’exploration et le développement du périmètre d’Illizi Sud, à une centaine de kilomètres d’In Amenas, près de la frontière libyenne.

L’accord, signé le 13 octobre à Alger, prévoit un financement assuré à 100 % par Midad Energy, pour un total de 5,4 milliards de dollars, dont 288 millions pour la phase d’exploration. La durée initiale est fixée à 30 ans, renouvelable pour dix années supplémentaires.

La cérémonie s’est déroulée en présence du ministre de l’Énergie Mohamed Arkab, de l’ambassadeur saoudien et de responsables d’ALNAFT et de l’Autorité de régulation des hydrocarbures (ARH).


Chute précipitée

Le 24 octobre, des articles anonymes paraissent simultanément dans les quotidiens El Khabar et Le Soir d’Algérie, mettant en cause la gestion de Hachichi. Deux jours plus tard, le 26 octobre, les médias annoncent son limogeage, confirmé par le ministre Arkab. Il est remplacé par Noureddine Daoudi, ancien président d’ALNAFT. Aucune raison officielle n’a été avancée.
Sonatrach assure que le contrat d’Illizi Sud n’est pas remis en cause mais évoque néanmoins une « révision technique », laissant planer un doute sur le montage financier initial.

Le PDG de Midad Energy, Cheikh Abdulelah Al-Aiban, est le frère de Musaad Al-Aiban, haut responsable du renseignement saoudien. Ce lien direct entre secteur des hydrocarbures et appareil sécuritaire du royaume confère au contrat une portée stratégique dépassant largement l’enjeu économique.


Questions en suspens Plusieurs interrogations demeurent

Pourquoi Sonatrach a-t-elle retenu une société-écran dénuée de capacités industrielles et capitalistiques ? Qui, politiquement, a validé cette opération sensible ? Quels sont les véritables circuits financiers derrière les investissements annoncés ? Le limogeage de Hachichi résulte-t-il d’une résistance interne, d’un raté politique ou de divergences sécuritaires ?
En l’absence d’informations officielles, la thèse d’une opération à forts enjeux stratégiques — mêlant intérêts pétroliers, réseaux politiques et services de renseignement — reste ouverte.

 

Sonatrach, une compagnie sous scandales récurrents Sonatrach 1 (2010) Poursuites contre l’ex-PDG Mohamed Meziane et plusieurs cadres pour corruption dans l’attribution de marchés. Première grande purge moderne dans le secteur énergétique.
Sonatrach 2 (2013-2015) Enquête autour de Saipem/ENI sur des commissions versées pour l’obtention de contrats en Algérie. Procès en Italie et en Algérie.

BRC / Brown & Root Condor Entreprise issue d’un partenariat avec Halliburton, impliquée dans des surfacturations massives dans les années 2000.

Affaires de gré à gré Enchaînement de contrats jugés irréguliers ou opaques autour du GNL et de grands projets en aval pétrochimique.

En l’espace de quinze ans, quatre PDG ont été limogés dans des contextes de suspicion de corruption. L’affaire Midad Energy, avec l’implication de circuits financiers opaques et d’intérêts sécuritaires étrangers, semble s’inscrire dans la continuité d’une gouvernance sous tension, où enjeux politiques et hydrocarbures demeurent indissociables.







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