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​Véhicules blindés : L’industrie militaire “Made in Morocco” se blinde [INTÉGRAL]


Rédigé par Anass MACHLOUKH Jeudi 25 Septembre 2025

Après l’inauguration de l'usine de Tata à Berrechid, le Maroc commence à concrétiser son industrie de défense. Décryptage.



Inauguration de l’usine de TATA à Berrechid.
Inauguration de l’usine de TATA à Berrechid.
C’est l’heure du concret. L’industrie militaire dont on parle depuis si longtemps n’est plus un effet d’annonce mais une réalité palpable. Le Maroc s’est doté enfin de la première usine de production de matériel militaire. Inaugurée, mardi à Berrechid lors d’une cérémonie en présence du ministre indien de la Défense, Rajnath Singh, l’usine de production des véhicules blindés du géant Tata Advanced Systems est désormais opérationnelle. L’unité s'étend sur 20.000 mètres carrés. Cette usine devrait produire les véhicules de combat d’infanterie WhAp 8x8, fleuron du géant indien. Le projet va employer dès son démarrage 90 personnes qui bénéficieront d’une formation en Inde et créer 250 emplois indirects. Selon le PDG de Tata, Sukaran Singh, cet investissement industriel a pour vocation de promouvoir l’innovation et le développement partagé.

Le projet est le fruit d’un partenariat entre l'Administration de la défense nationale et le géant indien Tata Advanced Systems. En vertu de l’accord conclu entre les deux parties, cette usine est placée sous la tutelle de la filiale marocaine (Tata Advanced Systems Morocco).
 

Des bénéfices partagés
 
L’enjeu est double. Les deux parties trouvent leur compte dans ce deal mutuellement bénéfique. Pour l’Inde, il s’agit d’un projet stratégique qui marque l'internationalisation de son industrie de défense. C’est la première fois qu’un industriel indien s'implante à l’étranger.
 
L’usine de Berrechid est destinée, d’une part, à équiper les Forces Armées Royales dans un court délai. Les premières unités seront livrées dans 18 mois. On parle de 100 unités produites par an avec un taux d’intégration de 35% et qui devrait atteindre à terme 50%. D’autre part, c’est une plateforme d’exportation vers l’Afrique. C’est pour cela que le choix du Maroc comme terre d'accueil n’est pas fortuit. Le Royaume a tout pour séduire : un environnement propice avec les zones industrielles militaires destinées à accueillir les investisseurs dans les meilleures conditions, une expérience considérable dans l’industrie automobile, une main-d'œuvre qualifiée disponible et des ingénieurs de talent… Puis, il y a un cadre juridique clair et stimulant pour les investisseurs étrangers.
 
Tout pour séduire un géant comme Tata dont l'implantation reflète l'intérêt de plus en plus visible que porte le complexe militaro-industriel indien pour le Maroc. On s’en est aperçu lors du séminaire Maroc-Inde sur la Défense, organisé en décembre 2024, où les champions de l'industrie militaire indienne ont pris connaissance des opportunités offertes par le Royaume.
 
Outre cela, le Maroc est une porte d’entrée en Afrique où l’Inde s’efforce depuis longtemps à renforcer sa présence dans sa quête de débouchés. A travers la filiale marocaine de Tata, New Delhi peut aspirer à s’imposer au fil des prochaines décennies comme un fournisseur de taille dans la région pour y écouler son armement.
 
Pour sa part, les bénéfices sont multiples pour le Maroc qui franchit un nouveau palier dans son industrialisation militaire. Les FAR renforcent leur capacité d’approvisionnement en véhicules blindés. Les WhAp 8x8 ont vocation de remplacer plusieurs modèles vieillissants comme les RATEL 60…
 

Pourquoi le choix de la technologie indienne 
 
Le gouvernement marocain a choisi Tata Advanced Systems, pour plusieurs raisons, dans le cadre d’une stratégie délibérée de diversification de partenaires. Le Maroc s’offre le maximum de marges de manœuvre. Le choix de la technologie indienne est mûrement réfléchi. D’abord, le contexte politique est favorable à un partenariat avancé mutuellement bénéfique. L’Inde est d’ores et déjà un géant industriel et l’un des partenaires principaux du Maroc en Asie. Les deux pays n’ont pu renforcer leurs liens économiques que depuis 2000. Le Maroc est parvenu à devenir un fournisseur de premier plan de l’Inde en engrais. Le partenariat a été élargi à d’autres secteurs tels que l’industrie pharmaceutique, le tourisme, les nouvelles technologies, avant d’inclure la défense. La visite de SM le Roi en Inde en 2016 a donné un nouvel élan aux relations bilatérales. Le plus important, c’est que les Indiens  sont des rares à être disposés à aider le Royaume à développer son industrie de défense en allant le plus loin possible dans le transfert de technologie, ce que le Maroc cherche ardemment.   
 

Un écosystème en cours de construction
 
L’usine de Tata n’est que le prélude d’un écosystème que le Maroc s'efforce de bâtir depuis 2020. Le Royaume aspire à rejoindre le cercle restreint des fabricants d’armes et à devenir un hub en Afrique. Le Royaume parie sur les zones industrielles militaires qui ont été mises en place pour accueillir les futures usines, qu'elles soient des investisseurs nationaux ou étrangers. Une sorte de noyau dur de l’écosystème de défense.
 
Le Maroc veut aller progressivement en commençant par l’assemblage et la maintenance avant de progresser vers la production d’équipements militaires avec des taux d’intégration élevés. Pour l’instant, la priorité est donnée à l'accueil de constructeurs étrangers, pour passer ensuite à la co-production et à des projets 100% marocains. L'industrie militaire est une affaire de décennies, comme ce fut le cas dans plusieurs pays émergents qui nous ont précédés dans ce domaine, dont la Turquie.
 

Les acquis
 
Jusqu’à présent, il y a eu des avancées. Des contrats importants ont été signés. Le Maroc s’est associé à Boeing pour Sabca, Sabena Aerospace et Lockheed Martin pour créer un centre de maintenance et de réparation des aéronefs militaires, dont les avions F-16, les C-130 et les hélicoptères Apache à Benslimane. Dans le secteur des drones, on avance plus rapidement. Le turc Baykat a d’ores et déjà installé une filiale marocaine (Atlas Défense) destinée à l’assemblage et l'entretien des drones TB2 et Akinci.

La société israélienne BlueBirdAeroSystems s’apprête à installer une unité de production de drones de combat. L’annonce a été faite dès le 15 avril 2024. Cerise sur le gâteau, le groupe marocain Aerodrive engineering services a conçu le premier drone 100% Made in Morocco, Atlas Istar, qui a réussi son premier test de vol le 10 octobre 2024. Le Maroc mise en parallèle sur la recherche et le développement à travers l’UM6P qui joue un rôle structurant. D’où l’accord signé avec Maghreb Steel et la Direction générale de l’Armement française qui prévoit de faciliter le transfert de technologies dans le domaine de la défense.
 
 

Défense : Le Maroc et l’Inde passent à la vitesse supérieure

En visite au Maroc,   le ministre de la Défense de la République de l’Inde,  Rajnath Singh, accompagné d’une délégation de haut niveau, a été reçu, lundi, par le ministre Délégué auprès du Chef du Gouvernement chargé de l’Administration de la Défense Nationale, Abdeltif Loudyi. A cette occasion, le Maroc et l’Inde ont renforcé davantage leur coopération militaire suite à la signature d’un Mémorandum d’Entente portant sur les domaines de la formation, de l’entraînement et exercices, de la cybersécurité et la cyberdéfense, de l’industrie de défense, de la santé militaire ainsi que de l’échange d’expérience et d’expertise dans différents domaines d’intérêts communs. Cet accord prévoit la création d’un mécanisme de suivi et de coordination conjoint des activités de coopération arrêtées d’un commun accord.

 

Selon le communiqué officiel publié à l’issue de la réunion, cette rencontre a été aussi l’occasion de mettre en avant les diverses initiatives de coopération Sud-Sud et d’intégration régionale, lancées sous le Leadership de SM le Roi, faisant du Royaume du Maroc un acteur important de stabilité et un exportateur de paix et de sécurité vers les pays de son voisinage. Dans ce cadre, les deux ministres ont mis l’accent sur l’importance de nouer des partenariats stratégiques entre le Maroc et l’Inde dans le cadre d’une coopération Sud-Sud bénéfique pour le développement des deux pays et des pays africains.

 

Au terme de cette rencontre, les deux responsables ont manifesté l’ambition et la volonté commune de consolider, à l’avenir, ces relations à travers la mise en œuvre du Mémorandum d’Entente dans le domaine de la défense signé ce jour, reflétant des relations d’amitié, de confiance et de respect mutuel liant les deux pays, conclut la même source.

 


Coopération maroco-indienne : “Un nouveau chapitre”

L’usine Tata Advanced Systems Maroc (TASM), inaugurée mardi à Berrechid, amorce un nouveau chapitre dans le partenariat stratégique entre l’Inde et le Maroc, a souligné le ministre de la Défense de la République de l’Inde, Rajnath Singh.
 
Intervenant lors de la cérémonie d’inauguration, marquée par la présence notamment du ministre Délégué auprès du Chef du Gouvernement chargé de l’Administration de la Défense Nationale, Abdeltif Loudyi et du ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, M. Singh a exprimé sa profonde gratitude à Sa Majesté le Roi Mohammed VI et au gouvernement marocain pour le soutien constant à ce partenariat.
 
Le responsable indien a affirmé que cette usine dédiée à la fabrication des véhicules blindés de combat WhAP 8×8, la première unité de production de défense indienne installée à l’étranger, constitue un centre d’excellence en recherche, design et industrie de défense, et qu’elle attirera les jeunes talents, stimulera l’innovation et développera de nouvelles technologies profitables aux deux pays.
 
Depuis plusieurs années, l’Inde et le Maroc agissent pour le renforcement de leur partenariat dans divers domaines, produisant des résultats remarquables, qu’il s’agisse des énergies renouvelables, des engrais, des technologies de l’information, du tourisme et, désormais, de la défense, a indiqué M. Singh, relevant que l’inauguration de l’usine de fabrication de véhicules blindés constitue un témoignage fort de la convergence stratégique croissante entre les deux nations.
 

Véhicules blindés WhAp : Quelle plus-value opérationnelle ?

Après le lancement de l’usine de Berrechid, les Forces Armées Royales vont bientôt se doter des véhicules WhAp 8x8. Il s’agit d’un véhicule déjà opérationnel. L’Armée indienne le déploie le long de la frontière du Ladakh. Il s’agit d’un véhicule de combat d’infanterie conçu par Tata en collaboration avec l’Organisation de recherche et de défense (DRDO). Sa particularité consiste dans sa capacité à être déployé dans tous types de terrain que ce soit dans les missions amphibies ou terrestres, sans oublier sa mobilité avancée et renforcée par la transmission automatique. Le véhicule est doté d’une tourelle de 30 à 90 mm et peut porter un canon, une mitrailleuse ainsi que des lanceurs de missiles et des lance-grenades.  En gros, le véhicule pèse près de 25 tonnes avec 7,8 mètres de longueur et une hauteur de 2,8 mètres. Pour ce qui est de l'équipe, on compte trois personnes, dont le pilote et l’artilleur sous l’autorité d’un commandant.
 




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