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​MRE: En quête d’une participation effective à la prise de décision au Maroc


Rédigé par Nabil LAAROUSI Mardi 27 Avril 2021

Malgré le rejet de l’amendement portant sur la représentation de la diapora au parlement, les MRE istiqlaliens ne baissent pas les bras et exposent tous les éléments qui font de la diaspora une partie nécessaire dans la prise de décision.



« Au Maroc, malheureusement, plusieurs partis politiques ne sont pas pour l’inclusion des Marocains résidents à l’étranger dans la prise de décision », a souligné Mohammed Saoud, membre du Comité exécutif du Parti de l’Istiqlal en charge des Marocains du monde et des affaires d’immigration, lors d’un wébinaire organisé par les Istiqlaliens marocains en Europe, qui a porté sur les résultats des plaidoiries de la « Coordination partisane à l’étranger ».
Mohammed Saoud a rappelé qu’à plusieurs reprises, le Parti de l’Istiqlal a porté la question au gouvernement Benkirane, en lui remettant un mémorandum au sujet du droit de vote et de représentation des MRE au sein du Parlement. « Une obligation constitutionnelle », précise-t-il, « pour laquelle nous avons milité pendant des années et pour laquelle nous continiuons de militer».

Cette année, les MRE istiqlaliens ont pris l’initiative de rassembler les représentants des MRE de huits partis sous le même organisme, la coordination partisane à l’étranger, afin de représenter la voix de toute la diaspora marocaine autour d’un seul projet, qui a été exposé lors des rencontres avec les secrétaires généraux de plusieurs partis politiques, ainsi que le Chef du gouvernement et le ministre de l’intérieur. 

« Malheureusement, malgré les promesses de tous les secrétaires généraux que la Coordination a recontrés, seul le parti de l’Istiqlal (P.I.) a voté pour l’amendement qui devait garantir la représentation des MRE au parlement », a noté Saoud, « et c’est malheureusement un retour en arrière ».

Une brève histoire de la participation politique des MRE

« Le Maroc est l’un des pays précurseurs dans l’intégration de la diaspora dans la prise de décision », a noté Mohammed Saoud, « en 1984, le Royaume pouvait déjà avoir des représentants des marocains résidant à l’intéranger au parlement ». En 1993, poursuit-il, les sièges consacrés au MRE ont été annulés, « pour une raison jusqu’à présent inconnue, malgré la réussite de l’expérience ».

Ce n’est qu’après le Discours Royal 2006 que la question de la participation politique des MRE a été remise sur la table. « Lors de Son discours, SM le Roi avait clairement souligné l’importance de la participation de la diaspora aux élections et de leur représentation dans le parlement », a indiqué Saoud. C’en est suivi la création du Conseil de la Communauté Marocaine à l’Etranger (CCME) en 2007, « qui s’est heurté à plusieurs obstacles et n’arrive malheureusement toujours pas à accomplir son rôle », souligne-t-il.

Le parti de la balance, pour sa part, a toujours fait de l’inclusion des MRE dans la scène politique marocaine une question centrale et n’a pas manqué de mobiliser ses efforts pour atteindre cet objectif. A ce propos, Saoud nous rappelle qu’avant 2007, les MRE étaient représentés au gouvernement par un Secrétariat Général qui avait un budget de 40 millions de dirhams. « C’est grâce au gouvernement de l’Istiqlal de 2007, présidé par Abbès El Fassi, que ce Secrétariat a été transformé en un ministère de plein pouvoir avec un budget de 400 millions de dirhams », précise-t-il.

Notons également qu’en 2013, seulement deux partis, dont le PI, ont proposé un projet de loi, portant la participation des MRE au processus politique. « Le PI avait proposé de consacrer aux MRE 60 sièges au parlement et avait également proposé un projet qui organise le CCME », a expliqué Saoud.

Cette malheureuse dégradation de l’implication de la diaspora n’est toutefois pas sans conséquences.

Un potentiel intéressant à exploiter

« La diaspora marocaine aujourd’hui est très différente de la diaspora antérieure. Nous comptons pas moins de 500.000 marocains résidant à l’étranger titulaires d’un Bac+5, et plusieurs milliers de médecins, d’avocats, d’ingénieurs, d’hommes et de femmes d’affaires … Rien qu’en Italie, nous comptons plus de 60.000 hommes et femmes d’affaires marocains », précise-t-il.
« Une telle diaspora présente une opportunité intéressante pour le Maroc », insiste Mohammed Saoud. Les MRE, poursuit-il, ont acquis des expériences significatives dans leurs pays de résidence, qui ne peuvent être que bénéfiques pour le Royaume. D’ailleurs, fait-il remarquer, « l’expérience des diasporas a grandement contribué au développement de plusieurs grandes puissances, dont je cite la Chine, Israël ou encore l’Irlande ».

A travers la création d’institutions publics capables de veiller à la réintégration effective des MRE dans la société et à même de les orienter vers les postes de responsabilité adéquats, avance Mohammed Saoud, « le Maroc sera en mesure de profiter non seulement de l’expérience de sa diaspora, mais également de ses connections économiques à l’étranger, de l’apport financier qu’elle peut apporter et du transfert de connaissances et de technologies auquel elle peut contribuer de manière significative.

​3 questions à Mohammed Saoud

Mohammed Saoud, membre du Comité exécutif du Parti de l’Istiqlal en charge des Marocains du Monde et des affaires d’immigration, répond à nos questions sur l’intégration des MRE dans la scène politique. 
« Il est inconcevable dans un Etat de loi, qu’en dix ans depuis l’instauration de la Constitution, aucun gouvernement n’ait proposé un projet de loi pour compléter l’article 18 de la Constitution ».

- Comment les Marocains du monde ont reçu le refus de la représentativité des MRE au parlement ? 

- Bien évidemment, ils étaient frustrés et déçus par cette décision, que la majorité des MRE juge d’ailleurs incompréhensible. Surtout qu’avant que l’amendement ne soit rejeté, la coordination partisane à l’étranger avait effectué des rencontres avec plusieurs secrétaires généraux de partis politiques qui avaient garanti leur soutien à la représentativité de la diaspora au sein du parlement, qui s’aligne d’ailleurs avec l’article 17 de la Constitution. Le seul parti qui a tenu parole jusqu’au bout est le Parti de l’Istiqlal. 

- Maintenant que l’amendement a été refusé, quel est la vision du PI pour intégrer les MRE dans la scène politique ? 

- Si le PI arrive à la tête du prochain gouvernement, nous pourrons proposer un projet de loi organique pour compléter l’article 18 de la Constitution, chose qui n’a pas été faite pendant les dix dernières années. 

Je tiens à noter à cet égard qu’il est inconcevable dans un Etat de droit, qu’après dix ans depuis l’instauration de la Constitution, aucun des deux gouvernements n’ait proposé de projet de loi organique. C’est un devoir national et nous avons besoin de responsables politiques qui accomplissent leurs rôles.

L’article en question impose au gouvernement d’intégrer des représentants des Marocains du monde dans toutes les institutions constitutionnelles. Puisque nous n’avons pas pu atteindre le droit d’intégrer les MRE à la prise de décision au sein du parlement, il est important au moins de les intégrer dans les décisions institutionnelles. Toutefois, pour y arriver, il faut que le parti participe au prochain gouvernement.

Quid du CCME ?

Après la Constitution en 2011, le CCME est devenu un organisme constitutionnel. Une telle institution s’organise grâce à une loi organique, qui doit être proposée par le Conseil de gouvernement. Encore une fois, aucun projet de loi qui permette le fonctionnement de ce Conseil n’a été proposé jusqu’à présent.

D’autant plus que le CMME souffre d’un grand problèlme lié à la gouvernance et de l’absence d’une présidence effective, puisque son président gère également la présidence du Conseil des Droits de l’Homme, ce qui rend la situation chaotique. 
Notons également que le budget annuel alloué au Conseil depuis 2007 est de 40 millions de dirhams. Nous parlons de plus 500.000 MDH, et une reddition des comptes devient nécessaire.








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