Menée dans 13 lycées des régions de Rabat-Salé-Kénitra et Casablanca-Settat, cette recherche qualitative donne la parole aux élèves, enseignant.e.s et personnels administratifs du secondaire qualifiant (15-19 ans). Le constat est sans appel : malgré les avancées législatives et les discours institutionnels en faveur de l’égalité, les stéréotypes de genre restent omniprésents.
Du corps des filles perçu comme « source de désordre » à contrôler, aux représentations figées des rôles sociaux des hommes et des femmes, le sexisme scolaire se manifeste de multiples façons. Les filles sont décrites comme émotives et fragiles, les garçons comme forts et rationnels. Une dichotomie qui influence insidieusement les choix d’orientation et limite les ambitions des jeunes filles.
Pire, l’étude révèle l’émergence de nouvelles formes de sexisme, plus subtiles et difficilement identifiables. « Sexisme bienveillant », « discours ambivalents » ou encore « sexisme sous couvert d’égalité »… les enseignants eux-mêmes intègrent parfois un vocabulaire égalitaire tout en véhiculant des normes discriminatoires, selon l’ADFM. Le personnel éducatif, souvent par manque de formation ou par inertie, perpétue ces biais, notamment via une application mécanique des manuels scolaires, eux-mêmes porteurs de stéréotypes. Dans les classes et les cours de récréation, la mixité reste largement formelle, note l’étude, précisant que les filles et les garçons occupent des espaces distincts, aussi bien physiquement que symboliquement. En sport, les garçons dominent les terrains, tandis que les filles restent reléguées à des activités secondaires. L’espace scolaire reproduit ainsi les hiérarchies de genre existantes dans la société.
Un clivage rural-urbain marqué
Le sexisme scolaire semble encore plus marqué dans les zones rurales et périurbaines. Là, les préjugés masculins sur la place des femmes dans la sphère privée restent très ancrés. « La femme a sa place à la maison », « L’homme doit rester le chef de famille »... Autant de phrases entendues chez les jeunes garçons, mais aussi chez certaines filles, montrant à quel point ces représentations sont intériorisées dès le plus jeune âge, selon l’interprétation de l’ONG. Cependant, la génération lycéenne n’est pas homogène face à ces questions. Si les filles se montrent de plus en plus sensibles aux enjeux d’égalité et investissent davantage les filières scientifiques, elles demeurent freinées par des injonctions contradictoires, notamment réussir professionnellement, mais sans négliger les attentes traditionnelles autour du mariage et de la vie familiale. Les garçons, eux, naviguent entre injonctions traditionnelles et ouverture progressive aux nouveaux modèles de masculinité. Le numérique joue ici un rôle ambivalent, se présentant à la fois comme espace de reproduction de discours sexistes, mais aussi lieu d’accès à des contre-discours égalitaires.
Du côté du corps enseignant, le rapport à l’égalité est lui aussi contrasté. La discipline enseignée semble jouer un rôle clé, suggère l’étude, notant que les professeurs de philosophie ou de sciences humaines adoptent plus volontiers un discours universaliste et favorable à l’égalité, tandis que les enseignant.e.s d’éducation islamique privilégient un modèle fondé sur l’équité et la complémentarité entre les sexes. Quant aux manuels scolaires, ils restent pour beaucoup de professeurs des supports figés, qu’il est difficile de remettre en question, faute de temps ou de marge de manœuvre pédagogique.
Appel à une réforme en profondeur
Face à ces constats, l’ADFM a listé une série de recommandations à savoir révision des curriculums, intégration de l’éducation sexuelle, formation systématique du personnel éducatif à l’approche genre, renforcement des campagnes de sensibilisation, ou encore mise en place de mécanismes d’évaluation réguliers sensibles au genre. « L’école marocaine doit devenir un véritable moteur de transformation sociale, et non plus un lieu de reproduction des inégalités », plaide Amina Lotfi, membre du bureau exécutif de l’ADFM, ajoutant que cela nécessite une volonté politique ferme, des moyens financiers adaptés et une stratégie globale qui aille au-delà des déclarations d’intention.
Par le biais de la publication de ce Recueil et des actions à venir, l'ADFM et ses partenaires ont appelé l'ensemble de la société – institutions, société civile et familles – à s'unir pour édifier une école marocaine véritablement inclusive et équitable, ainsi qu'une société plus juste et où l'égalité des genres ne soit plus une simple aspiration, mais une réalité quotidienne pour chacun et chacune.
Du corps des filles perçu comme « source de désordre » à contrôler, aux représentations figées des rôles sociaux des hommes et des femmes, le sexisme scolaire se manifeste de multiples façons. Les filles sont décrites comme émotives et fragiles, les garçons comme forts et rationnels. Une dichotomie qui influence insidieusement les choix d’orientation et limite les ambitions des jeunes filles.
Pire, l’étude révèle l’émergence de nouvelles formes de sexisme, plus subtiles et difficilement identifiables. « Sexisme bienveillant », « discours ambivalents » ou encore « sexisme sous couvert d’égalité »… les enseignants eux-mêmes intègrent parfois un vocabulaire égalitaire tout en véhiculant des normes discriminatoires, selon l’ADFM. Le personnel éducatif, souvent par manque de formation ou par inertie, perpétue ces biais, notamment via une application mécanique des manuels scolaires, eux-mêmes porteurs de stéréotypes. Dans les classes et les cours de récréation, la mixité reste largement formelle, note l’étude, précisant que les filles et les garçons occupent des espaces distincts, aussi bien physiquement que symboliquement. En sport, les garçons dominent les terrains, tandis que les filles restent reléguées à des activités secondaires. L’espace scolaire reproduit ainsi les hiérarchies de genre existantes dans la société.
Un clivage rural-urbain marqué
Le sexisme scolaire semble encore plus marqué dans les zones rurales et périurbaines. Là, les préjugés masculins sur la place des femmes dans la sphère privée restent très ancrés. « La femme a sa place à la maison », « L’homme doit rester le chef de famille »... Autant de phrases entendues chez les jeunes garçons, mais aussi chez certaines filles, montrant à quel point ces représentations sont intériorisées dès le plus jeune âge, selon l’interprétation de l’ONG. Cependant, la génération lycéenne n’est pas homogène face à ces questions. Si les filles se montrent de plus en plus sensibles aux enjeux d’égalité et investissent davantage les filières scientifiques, elles demeurent freinées par des injonctions contradictoires, notamment réussir professionnellement, mais sans négliger les attentes traditionnelles autour du mariage et de la vie familiale. Les garçons, eux, naviguent entre injonctions traditionnelles et ouverture progressive aux nouveaux modèles de masculinité. Le numérique joue ici un rôle ambivalent, se présentant à la fois comme espace de reproduction de discours sexistes, mais aussi lieu d’accès à des contre-discours égalitaires.
Du côté du corps enseignant, le rapport à l’égalité est lui aussi contrasté. La discipline enseignée semble jouer un rôle clé, suggère l’étude, notant que les professeurs de philosophie ou de sciences humaines adoptent plus volontiers un discours universaliste et favorable à l’égalité, tandis que les enseignant.e.s d’éducation islamique privilégient un modèle fondé sur l’équité et la complémentarité entre les sexes. Quant aux manuels scolaires, ils restent pour beaucoup de professeurs des supports figés, qu’il est difficile de remettre en question, faute de temps ou de marge de manœuvre pédagogique.
Appel à une réforme en profondeur
Face à ces constats, l’ADFM a listé une série de recommandations à savoir révision des curriculums, intégration de l’éducation sexuelle, formation systématique du personnel éducatif à l’approche genre, renforcement des campagnes de sensibilisation, ou encore mise en place de mécanismes d’évaluation réguliers sensibles au genre. « L’école marocaine doit devenir un véritable moteur de transformation sociale, et non plus un lieu de reproduction des inégalités », plaide Amina Lotfi, membre du bureau exécutif de l’ADFM, ajoutant que cela nécessite une volonté politique ferme, des moyens financiers adaptés et une stratégie globale qui aille au-delà des déclarations d’intention.
Par le biais de la publication de ce Recueil et des actions à venir, l'ADFM et ses partenaires ont appelé l'ensemble de la société – institutions, société civile et familles – à s'unir pour édifier une école marocaine véritablement inclusive et équitable, ainsi qu'une société plus juste et où l'égalité des genres ne soit plus une simple aspiration, mais une réalité quotidienne pour chacun et chacune.