Organisée sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, du 29 octobre au 2 novembre 2025 à Erfoud, la 14ème édition du Salon international des dattes au Maroc (SIDATTES 2025) s’est clôturée avec un bilan total de près de 94.000 visiteurs et 38 millions de dirhams de chiffre d’affaires réalisés en cinq jours. Au-delà de ce succès, la filière du palmier dattier traverse une période charnière. Porteuse de croissance et d’emploi pour les zones oasiennes, elle demeure l’une des rares cultures capables de maintenir une activité économique dans des territoires soumis à des contraintes climatiques et hydriques croissantes. Mais derrière la hausse annoncée de la production (160.000 tonnes prévues pour la campagne agricole 2025-2026) se cachent des fragilités persistantes liées à la dépendance climatique et au coût élevé de l’irrigation. Entre réussite apparente et vulnérabilités durables, la filière cherche encore son équilibre, portée néanmoins par des acquis enregistrés ces dernières années.
Réalisations et contraintes
La superficie plantée en palmiers dattiers est passée de 50.900 hectares en 2008 à près de 69.500 en 2025, soit une progression de plus d’un tiers. Cette extension s’est accompagnée d’une hausse significative de la production nationale, passée de 90.400 à 160.000 tonnes, résultat conjugué des politiques publiques et de conditions climatiques particulièrement favorables. Comme le précise le communiqué du ministère de l’Agriculture, «un hiver doux, suivi de pluies au printemps durant la période de floraison, a permis d’améliorer les rendements dans les principales zones productrices, notamment dans la région de Drâa-Tafilalet», qui concentre à elle seule plus des trois quarts de la production nationale. Mais cette embellie masque une réalité plus fragile : la croissance du secteur demeure largement tributaire de la météo et de la disponibilité en eau. «Nous sommes en train de désertifier nos oasis à cause des projets de palmiers-dattiers qui utilisent une ressource hydrique limitée, notamment dans les régions d’Errachidia et de Guelmim», nous confiait dans un précédent entretien l’expert en agriculture durable Redouane Choukr-Allah.
Meilleur encadrement
Malgré les progrès enregistrés en matière de production, la filière reste marquée par d’autres dimensions liées aux prix et à la présence d’acteurs extérieurs au secteur. Selon Hamid Cherif, Secrétaire général de l’Association nationale des commerçants de dattes au Maroc, «en dépit de l’offre disponible, les prix demeurent légèrement élevés». Il estime que cette situation pourrait s’expliquer par «les diverses étapes de production qui ne sont pas encore terminées», mais souligne surtout qu’«il existe encore une part du marché qui n’est pas suffisamment structurée ou organisée convenablement», évoquant la présence de nouveaux opérateurs étrangers «qui créent des entreprises pour importer les dattes produites dans leurs pays d’origine, sans disposer de conditions minimales pour que leur activité soit transparente et correctement encadrée». Pour y remédier, les professionnels travaillent actuellement sur un projet de «cahier des charges qui pourrait décrire les conditions pour l’importation et la commercialisation des dattes, afin de garantir plus de transparence, de traçabilité et de conditions favorables pour le consommateur».
Défis futurs
Malgré ces déséquilibres, les perspectives du secteur demeurent réelles. La filière s’appuie sur des progrès notables en matière de qualité, de contrôle sanitaire et de mise en marché. Selon Hamid Cherif, «les efforts consentis par l’ONSSA et les autorités douanières participent activement au contrôle à l’importation». Il relève aussi l’émergence d’entreprises marocaines spécialisées dans la commercialisation selon les standards modernes, principalement autour de la variété Majhoul, qui concentre aujourd’hui les espoirs d’un positionnement international durable. Pour y parvenir, il reste à consolider la structuration du marché intérieur et à poursuivre les investissements dans le stockage et la valorisation locale, tout en veillant à une gestion plus rationnelle de la ressource hydrique. Car comme le rappellent les experts du climat, la baisse des précipitations neigeuses dans les massifs de l’Atlas réduit la recharge naturelle des nappes qui alimentent les oasis, accentuant la vulnérabilité du palmier dattier face au stress hydrique. Entre modernisation accélérée et pression environnementale croissante, la réussite du modèle marocain du dattier dépendra de sa capacité à transformer ses atouts agricoles en véritable marque nationale, économiquement viable et écologiquement durable.
Réalisations et contraintes
La superficie plantée en palmiers dattiers est passée de 50.900 hectares en 2008 à près de 69.500 en 2025, soit une progression de plus d’un tiers. Cette extension s’est accompagnée d’une hausse significative de la production nationale, passée de 90.400 à 160.000 tonnes, résultat conjugué des politiques publiques et de conditions climatiques particulièrement favorables. Comme le précise le communiqué du ministère de l’Agriculture, «un hiver doux, suivi de pluies au printemps durant la période de floraison, a permis d’améliorer les rendements dans les principales zones productrices, notamment dans la région de Drâa-Tafilalet», qui concentre à elle seule plus des trois quarts de la production nationale. Mais cette embellie masque une réalité plus fragile : la croissance du secteur demeure largement tributaire de la météo et de la disponibilité en eau. «Nous sommes en train de désertifier nos oasis à cause des projets de palmiers-dattiers qui utilisent une ressource hydrique limitée, notamment dans les régions d’Errachidia et de Guelmim», nous confiait dans un précédent entretien l’expert en agriculture durable Redouane Choukr-Allah.
Meilleur encadrement
Malgré les progrès enregistrés en matière de production, la filière reste marquée par d’autres dimensions liées aux prix et à la présence d’acteurs extérieurs au secteur. Selon Hamid Cherif, Secrétaire général de l’Association nationale des commerçants de dattes au Maroc, «en dépit de l’offre disponible, les prix demeurent légèrement élevés». Il estime que cette situation pourrait s’expliquer par «les diverses étapes de production qui ne sont pas encore terminées», mais souligne surtout qu’«il existe encore une part du marché qui n’est pas suffisamment structurée ou organisée convenablement», évoquant la présence de nouveaux opérateurs étrangers «qui créent des entreprises pour importer les dattes produites dans leurs pays d’origine, sans disposer de conditions minimales pour que leur activité soit transparente et correctement encadrée». Pour y remédier, les professionnels travaillent actuellement sur un projet de «cahier des charges qui pourrait décrire les conditions pour l’importation et la commercialisation des dattes, afin de garantir plus de transparence, de traçabilité et de conditions favorables pour le consommateur».
Défis futurs
Malgré ces déséquilibres, les perspectives du secteur demeurent réelles. La filière s’appuie sur des progrès notables en matière de qualité, de contrôle sanitaire et de mise en marché. Selon Hamid Cherif, «les efforts consentis par l’ONSSA et les autorités douanières participent activement au contrôle à l’importation». Il relève aussi l’émergence d’entreprises marocaines spécialisées dans la commercialisation selon les standards modernes, principalement autour de la variété Majhoul, qui concentre aujourd’hui les espoirs d’un positionnement international durable. Pour y parvenir, il reste à consolider la structuration du marché intérieur et à poursuivre les investissements dans le stockage et la valorisation locale, tout en veillant à une gestion plus rationnelle de la ressource hydrique. Car comme le rappellent les experts du climat, la baisse des précipitations neigeuses dans les massifs de l’Atlas réduit la recharge naturelle des nappes qui alimentent les oasis, accentuant la vulnérabilité du palmier dattier face au stress hydrique. Entre modernisation accélérée et pression environnementale croissante, la réussite du modèle marocain du dattier dépendra de sa capacité à transformer ses atouts agricoles en véritable marque nationale, économiquement viable et écologiquement durable.
3 questions à Hamid Cherif, Secrétaire général de FIMADATTES : « La filière a été marquée par une tendance d’augmentation de la demande et de la consommation des dattes au niveau national »
Hamid Cherif, SG de l’Association nationale des commerçants de dattes au Maroc et également SG de la Fédération interprofessionnelle marocaine des dattes (FIMADATTES), répond à nos questions.
- La consommation nationale de dattes a-t-elle évolué ?
- Comment se positionne le Maroc face aux autres pays producteurs ?
- Le Maroc dispose-t-il aujourd’hui d’un réel potentiel à l’export ?
Économie oasienne : Le palmier dattier, moteur économique et gardien du patrimoine rural
Symbole vivant des oasis, le palmier dattier demeure un pilier économique, social et environnemental du Maroc. D’après le ministère de l’Agriculture, la filière génère chaque année près de deux milliards de dirhams de chiffre d’affaires et plus de 3,6 millions de journées de travail, faisant vivre directement ou indirectement près de deux millions de Marocains. Présent du Drâa-Tafilalet à l’Oriental, il façonne les paysages, crée un microclimat propice aux cultures associées et constitue une barrière naturelle contre la désertification. Sa présence contribue à maintenir l’activité agricole dans les zones arides et à limiter l’exode rural, notamment des jeunes générations. Le palmier dattier incarne aussi un savoir-faire ancestral et un patrimoine culturel reconnu à l’échelle internationale, transmis de génération en génération à travers des pratiques agricoles adaptées aux milieux oasiens. À travers la stratégie Génération Green 2020-2030, le ministère ambitionne de consolider ces acquis et de renforcer la résilience du secteur.
Transition oasienne : La filière dattière marocaine face aux enjeux de résilience climatique
Au cœur du SIDATTES 2025, la question hydrique s’est imposée comme principal enjeu de la filière dattière marocaine. Dans un contexte de sécheresses répétées et de baisse des nappes phréatiques, les débats ont porté sur des solutions concrètes : irrigation localisée, réutilisation des eaux usées traitées, suivi numérique des ressources et adaptation des variétés de palmiers aux conditions de stress hydrique. Les chercheurs et professionnels ont insisté sur l’urgence de moderniser les systèmes oasiens sans rompre leur équilibre ancestral. Ces discussions traduisent une prise de conscience partagée : la survie du palmier dattier dépendra désormais d’une gestion rationnelle de l’eau. Les oasis, véritables bastions de biodiversité et de culture, subissent de plein fouet les effets de la désertification. Préserver le patrimoine oasien revient donc à préserver une économie, des paysages et une mémoire collective. En marge des ateliers scientifiques, les forums d’investissement ont mis en avant de nouvelles dynamiques : développement de la transformation locale, certification qualité, diversification des débouchés à l’export, et montée en puissance des coopératives féminines. À travers ces initiatives, la filière tente de conjuguer modernisation, durabilité et justice territoriale. Soutenu par le ministère de l’Agriculture et l’ANDZOA, le SIDATTES s’impose comme un laboratoire vivant de la transition oasienne. En plaçant l’eau au cœur de la réflexion, il rappelle que l’avenir du palmier dattier marocain se joue avant tout dans la préservation de cette ressource vitale.










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