Les internautes, qu’ils soient observateurs ou experts, ont salué cette “déclaration de guerre” contre la corruption émanant surtout d’un ministre dont la parole est rare et écoutée. Sa déclaration est perçue comme un signe clair de l’engagement de l’Etat à en finir avec les poches de résistance de la corruption à col blanc qui n’est plus tolérable aujourd’hui à l’ère du nouveau modèle de développement.
Pour beaucoup, il s’agit d’une réponse aux revendications exprimées par la jeunesse, qui traduit une prise de conscience au sein des hautes sphères de l’Etat et l'administration territoriale de l’urgence d’assainir les assemblées élues et de remettre de l’ordre dans la gestion des fonds publics.
Avertissement à bon entendeur !
Jeudi, lorsqu’il a présenté le budget de son département à la Commission de l’Intérieur à la Chambre des Représentants, le patron de “la mère des ministères” s’est confié à cœur ouvert aux députés et a profité de cette occasion pour adresser une mise en garde d’une rare sévérité aux élus corrompus qui empiètent sur le domaine ou sur les deniers publics. Désormais, l'ère de l’impunité est révolue, a décrété le ministre qui a menacé d’un ton sévère les élus véreux ou quiconque mette la main sur les biens publics, qu’ils soient fonciers ou pécuniaires. «Celui qui a pris un brin de terre ou un dirham auquel il n’a pas doit, vaut mieux qu’il le rende de gré ou force, parce que nous allons tout examiner et nous ne laisserons pas un seul mètre carré», a martelé le ministre, qui a évoqué le cas des terrains appartenant aux collectivités territoriales qui sont souvent usurpés.
Les commissions d’audit ont d’ores et déjà été dépêchées à Casablanca avant d’être étendues au reste des provinces du Royaume. L’objectif est de faire un inventaire exhaustif et d’assainir les comptes des communes. A entendre le ministre, les prévaricateurs et leurs associés dans les rangs des élus ont intérêt à rendre volontairement ce qui ne leur est pas dû, autrement ils le feront sous la contrainte.
Le ministre a également évoqué le cas des élus qui cèdent ou ne défendent pas assez les terres qui “appartiennent aux communes” et qui se résignent à conclure des arrangements en toute illégalité.
Laftit a tout de même nuancé ses propos, loin de généraliser. Il a pris soin de ne pas mettre tout le monde dans le même sac. Selon lui, l’écrasante majorité des élus sont intègres. Il leur a rendu hommage. “Ce sont eux qui sont en première ligne face aux citoyens et ils font leur travail d’élus de façon exemplaire”, a -t-il insisté, rappelant qu’il faut cibler cette minorité qui porte atteinte à l’image des élus et leur fonction.
L’époque de l’impunité est révolue
Maintenant, cet avertissement sonne comme la fin de la récréation. Désormais, l'administration territoriale dans toute sa puissance déclare ouvertement la guerre aux élus qui ont des choses à se reprocher. Le ministère de tutelle semble vouloir passer à la vitesse supérieure. La traque des élus corrompus dure depuis des mois. Les poursuites judiciaires se multiplient. 52 présidents de communes et plus d’une centaine de conseillers communaux sont poursuivis actuellement, selon des officiels. Même les députés qui cumulent des mandats locaux sont de plus en plus dans le viseur de la Justice qui n'hésite pas à engager des poursuites au moindre soupçon. Jusqu’à présent, 30 élus à la première Chambre sont poursuivis ou déjà condamnés par la Justice dans des affaires de corruption ou de détournement de fonds publics.
La moralisation de la vie publique est érigée aujourd’hui en priorité nationale au moment où le Maroc aspire à améliorer sa notation dans les classements internationaux de lutte contre la corruption.



















