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International

​Enlèvements d’écoliers au Nigeria : Un fléau persistant, une population désemparée et impuissante


Rédigé par Wolondouka SIDIBE Lundi 24 Novembre 2025

Le Nigeria est confronté à une vague d'enlèvements de lycéens et d'élèves, un phénomène qui s'est intensifié ces dernières années, particulièrement dans le nord-ouest et le centre du pays. Le kidnapping de près de plus de 300 élèves, vendredi au Nigeria, vient réveiller le triste souvenir de l’enlèvement de 300 autres jeunes filles par les jihadistes de BokoHaram à Chibok, dans l'Etat de Borno (nord-est), il y a plus de 10 ans. Eclairage.



L’Afrique a retenu son souffle la semaine dernière et ne sait plus quoi faire face à cette vague d’enlèvements d’écoliers au Nigeria. Il s’agit de l’enlèvement de 303 élèves et 12 enseignants dans une école catholique de l'ouest du pays.

Tout a commencé au début de ladite semaine (lundi plus précisément) par le kidnapping de 25 lycéennes de leur dortoir pour les emmener vers une destination inconnue. Malgré que la police ait engagé un duel armé avec les assaillants. Ce fut peine perdue puisque ces derniers avaient déjà escaladé la clôture de l'école pour passer à leurs actes ignobles. Il s’est passé dans l'État de Kebbi.

Ce drame a eu lieu dans un contexte de tensions entre les États-Unis et le Nigeria. Donald Trump ayant mentionné des meurtres de chrétiens perpétrés par des terroristes islamistes au Nigeria. Le président américain avait même évoqué la possibilité d'une intervention militaire américaine. Des allégations que les autorités nigérianes ont toujours réfutées, affirmant que l'insécurité qui mine le pays tue plus de musulmans que de chrétiens. 

Pour revenir au deuxième cas, on ne sait toujours pas où sont passés les otages.Il porte sur l’enlèvement de 315 élèves et enseignants, vendredi. Il démontre aussi que le Nigeria est confronté à une vague alarmante et persistante d'enlèvements de lycéens et d'élèves.


Une situation indescriptible

Un phénomène qui s'est intensifié ces dernières années, particulièrement, dans le nord-ouest et le centre du pays. Ces actes, menés principalement par des groupes armés se faisant appeler «bandits» ou par des factions jihadistes, ont transformé les établissements scolaires en cibles de choix, créant une crise sécuritaire, sociale et éducative.

Ces affaires viennent rappeler, tristement, l’enlèvement de centaines d’adolescentes en 2021 dans leur pensionnat par des hommes armés, cette fois dans l'État voisin du Zamfara. Une autre situation avait secoué ce pays en 2014 où près de 300 écolières avaient été enlevées à Chibok, dans l'État de Borno, dans le nord-est du pays par le groupe jihadiste BokoHaram. En son temps, cela avait déclenché une campagne internationale baptisée «Bring back our girls» («Ramenez-nous nos filles»).

Depuis, malheureusement, les enlèvements de masse demeurent un sujet de préoccupation au Nigeria. Ce phénomène, souvent qualifié de kidnapping de masse, s'est accéléré ces dernières années et est attribué aux islamistes. Cependant, aujourd'hui, la majorité des enlèvements sont attribuables à des groupes de bandits armés, dont la motivation principale est l'extorsion de rançon.

Le mode opératoire est toujours le même. Les groupes armés attaquent souvent les écoles la nuit ou aux premières heures du jour, lorsque les élèves sont vulnérables. Ils encerclent les établissements situés dans des zones rurales et peu sécurisées, forcent les portes et emmènent les élèves, parfois par centaines, dans les forêts ou les camps de brousse en attendant les négociations avec les familles ou les autorités.
 
 
Pour ce qui est des zones, il s’agit, principalement,des États du Nord-Ouest et du Centre, tels que Kaduna, Zamfara, Katsina et Niger, qui sont devenus les épicentres de ce fléau. La proximité de vastes forêts et le manque de présence policière rendent ces régions particulièrement propices aux opérations des bandits. Tandis que le coût humain et social de ces enlèvements est immense, menaçant l'avenir de toute une génération.


Des drames aux multiples conséquences

En effet, ces fermetures perturbent l'éducation de milliers d'enfants et exacerbent les inégalités d'accès à l'enseignement. L’autre conséquence est le traumatisme psychologique. Car les élèves libérés, ainsi que ceux qui restent à l'école, vivent dans un état de peur et de traumatisme durable. La santé mentale des victimes et de leurs familles est profondément affectée.

Résultat : de nombreux parents, craignant pour la sécurité de leurs enfants, retirent ces derniers de l'école, ou refusent de les envoyer dans des établissements éloignés. Ce phénomène est particulièrement marqué pour les jeunes filles, ce qui entrave les progrès réalisés en matière d'égalité des sexes dans l'éducation.

Face à cet état de fait, les défis politiques et sécuritaires sont nombreux. Le gouvernement nigérian est sous pression intense pour trouver une solution durable à cette crise. L’autre élément de taille sont les dilemmes de la rançon. A cet égard, il faut souligner que le paiement de rançons, bien qu'il puisse assurer la libération des victimes, alimente directement l'économie des groupes criminels, renforçant ainsi leur capacité à mener de nouvelles attaques. Ce qui fait que le gouvernement maintient une position officielle de refus de négocier, même si des paiements sont souvent effectués indirectement.

Pour beaucoup d’observateurs,malgré le déploiement de milliers de forces de sécurité, la taille immense des zones rurales et forestières rend difficile la traque des ravisseurs. La mise en place de mesures de sécurité renforcées autour des écoles et la sécurisation des communautés rurales restent des défis logistiques et financiers majeurs. D’où la nécessité d'une approche globale. Ce qui fait dire aux analystes qu'une simple réponse militaire est insuffisante. La solution doit inclure une approche globale s'attaquant aux racines du problème dont, entre autres, la pauvreté et l'injustice sociale.

Enfin, il faut rappeler que le fléau des enlèvements d'écoliers au Nigeria est un symptôme d'une crise sécuritaire plus large. Il menace non seulement la vie et l'avenir des enfants, mais compromet également les efforts de développement du pays en sapant la confiance dans l'État et en paralysant le système éducatif.

 
 







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