La lumière tamisée, la rumeur du public, les applaudissements qui montent comme une vague. Dans la salle, plus une place libre. Des visages attentifs, des regards impatients, des murmures d’admiration — Fouad Laroui entre en scène, et l’émotion s’installe d’un coup.
Nous sommes à El Jadida, en marge du Salon du Cheval, et c’est toute une ville — lecteurs, cavaliers, étudiants, notables et amoureux de la culture — qui s’est donné rendez-vous pour la présentation et la signature du roman La vie, l’honneur, la fantasia (Éditions Mialet-Barrault), déjà auréolé du Prix Pégase 2025.
Nous sommes à El Jadida, en marge du Salon du Cheval, et c’est toute une ville — lecteurs, cavaliers, étudiants, notables et amoureux de la culture — qui s’est donné rendez-vous pour la présentation et la signature du roman La vie, l’honneur, la fantasia (Éditions Mialet-Barrault), déjà auréolé du Prix Pégase 2025.
Une rencontre entre sabots et syllabes
L’événement, orchestré par l’Association des Doukkala, avait des airs de fantasia littéraire. À la place des chevaux, les mots ; à la place des fusils, la puissance d’une plume. Sur scène, Fouad Laroui parle de la Tbourida comme d’un théâtre de l’âme marocaine. Il raconte comment un simple spectacle équestre, au détour d’une scène tragique, est devenu le cœur battant de son roman.
« Ce qui m’intéresse, dit-il, ce n’est pas la cavalcade en soi, mais ce qu’elle raconte de nous : notre rapport à l’honneur, à la justice, à la mémoire. »
La salle écoute, suspendue à ses mots. Certains prennent des notes, d’autres hochent la tête, visiblement touchés par la résonance de cette réflexion.
Le public, acteur d’un soir
Ce soir-là, le public n’était pas spectateur, mais acteur d’une conversation collective. Les interventions se succèdent, passionnées : un professeur évoque la transmission du patrimoine immatériel, un cavalier compare la Tbourida à une « prière en mouvement », une jeune lectrice interroge le lien entre vengeance et justice dans le roman.
Laroui répond avec patience, humour, parfois gravité. Les échanges se prolongent, sincères et féconds. On rit, on médite, on applaudit. Le ton est libre, le respect palpable. Une atmosphère rare, faite de curiosité et de communion intellectuelle, enveloppe la salle.
Un hommage vibrant à la mémoire marocaine
La vie, l’honneur, la fantasia n’est pas un simple roman : c’est une ode à la mémoire collective. À travers le récit d’une fantasia qui vire au drame, Laroui explore les tensions entre le devoir et la liberté, entre le poids des traditions et la tentation du changement.
Son cheval est un personnage à part entière — symbole d’une dignité indomptable, d’une histoire qui galope encore dans les veines du pays.
« Le cheval, c’est notre miroir, confie l’auteur après la séance. Il porte nos rêves, mais aussi nos
contradictions. »
Une soirée aux couleurs de la poudre et des mots
À la sortie, sur le parvis du complexe culturel, les conversations se prolongent dans la douceur du soir. Les visiteurs échangent leurs impressions, certains feuillettent déjà leurs exemplaires fraîchement dédicacés. Au loin, des échos de détonations résonnent depuis le champ de Tbourida du Salon du Cheval — comme si la littérature répondait à la tradition, dans une même célébration de l’esprit marocain.
Cette rencontre entre la plume et la poudre, entre l’écrivain et le cavalier, aura marqué les esprits.
Fouad Laroui, fidèle à son art, a su transformer la Tbourida des chevaux en fantasia des mots, rappelant que la littérature, elle aussi, peut faire jaillir des étincelles.
Mohamed LOKHNATI