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​Des couleurs à retrouver pour la couture traditionnelle


Rédigé par Hiba CHAKIR le Jeudi 13 Mai 2021

Aid El Fitr, un bol d’oxygène pour les artisans et couturiers traditionnels après une année cauchemardesque qui pourrait aider à atténuer les répercussions de la crise économique persistante.



​Des couleurs à retrouver pour la couture traditionnelle
Si les fêtes de mariage, de célébration de naissances, les fêtes religieuses ont toujours permis de profiter et d’exposer le savoir-faire artisanal de la broderie traditionnelle, alliant fleurs flamboyantes et formes géométriques uniques à des tissus de qualité, des modèles traditionnels et modernes… la crise pandémique a tout remis en question. Mesures de distanciation sociale, interdiction des regroupements, confinement, la couture traditionnelle a connu une vraie crise en 2020. Qu’en est-il aujourd’hui ? 

Selon Moulay Ahmed Afilal, président de l’UGEP, « Ce secteur meurt à petit feu. Ceux qui n’ont pas encore fait faillite, ils sont en train de le faire ». Entre pénurie de moyens et de revenus, confinement nocturne, absence de mesure de soutien et d’accompagnement étatiques, le futur s’annonce sombre pour ce secteur qui emploie plus de 2 millions de personnes – soit 20% de la population active-, dont environ 230.000 artisans traditionnels. L’artisanat représente également environ 7% du PIB, avec un chiffre d’affaires à l’export de près d’1 milliard de dirhams l’an dernier (91 millions d’euros).

C’est dans ce contexte de crise que la ministre du Tourisme et de l’Artisanat Nadia Fettah a évoqué récemment des pistes de relance, comme la création d’espaces d’exposition dans les grandes surfaces.

Effets décalés
 
Si la pandémie a frappé de plein fouet le secteur de la couture traditionnelle, une semaine avant l’aid, des lueurs d’espoir ont surgi.  Au long des ruelles de l’ancienne médina de Rabat, les boutiques de vêtement traditionnelles semblent pleins de visiteurs et de clients. Mohammed, tailleurs de vêtement traditionnels, déclare que les répercussions de la crise sur le domaine sont les pires depuis qu’il a commencé son travail, il y a plus d’une vingtaine d’années. Tailleurs, apprentis (maalmin), fournisseurs… toute la chaine de production des vêtements traditionnels a été touchée. « Aujourd’hui, même si les marocains sont attachés aux habits traditionnels, les crises économiques et la fermeture des boutiques le soir a fait que le nombre des acheteurs diminue. Alors qu’en vendait au pire des cas une dizaine de pièces mensuellement, on a passé toute la période du confinement sans vendre aucune pièce. »,ajoute-t-il, d’un ton accablé. 

Pour Mouna Berrada, propriétaire d’un magasin de vente d’habits tradionnels, ce domaine était l’oublié de l’Etat durant la crise. « On a dû fermer nos magasins, on n’a pas reçu de subventions ou quoique ce soit de la part de l’Etat, alors qu’on avait toujours des charges à payer, notamment le loyer et les salaires de nos artisans ».  Toutefois, elle nous a confirmé que malgré une baisse légère l’année dernière, surtout durant la période du confinement, beaucoup de boutiques et d’artisans n’ont pas arrêté leurs activités, surtout grâce à la vente en ligne des produits. 

Vente en ligne, l’Espoir 

Le confinement a vite accéléré l’utilisation d’internet dans les achats. Quoique les consommateurs n’y faisaient pas confiance de façon générale, le taux de ventes en ligne a augmenté dopé par les mesures de confinement. En faisant un petit tour sur Facebook et Instagram, on se rend compte qu’il y’a une centaine de pages et de boutiques en lignes spécialisés dans la couture tradionnelle. Les pages proposent une grande variété de modèles et de couleurs à une vaste fourchette de prix. Allant de 200 dh à des milliers de dirhams, chacun trouvera ce qu’il cherche, selon son budget. Le paiement ? par transfert bancaires ou à la livraison. 

Cette proximité que crée le net entre vendeurs et acheteurs explique le grand succès que ce domaine connaît sur le net. Dans un seul live une vendeuse en ligne, proposant les modèles qu’elle a, a atteint 4000 vues, et a réussi à vendre une dizaine de modèles.

 Mouna Berrada, propriétaire d’un magasin de vente d’habits tradionnels et présente également sur les réseaux sociaux sous le nom Inouchka.ma, nous explique qu’il est devenu aujourd’hui névralgique d’intégrer les réseaux sociaux dans la démarche de commercialisation et de vente, parce que ça permet de cibler les gens dans différentes régions du Maroc mais également hors du pays, principalement les marocains résidents à l’étranger. Sa page Instagram à titre d’exemple a, à peu près, 50.000 followers. 

Enquête :  l’impact du Coronavirus sur les artisans 

Les résultats d’une enquête portant sur l’impact du Coronavirus sur les artisans et publiée par le ministère en décembre 2020, donne en chiffres la situation désastreuse traversée par le secteur de l’artisanat. Les revenus des artisans ont baissé de 95% durant la période de confinement. Les artisans enquêtés ont annoncé que les principales difficultés rencontrés lors du confinement sont l’arrêt des ventes, l’arrêt de la production, l’Incapacité de payer les charges et finalement l’arrêt de l’approvisionnement en matières premières. Quant aux actions prioritaires, les artisans ont considéré qu’ils avaient besoin d’un système d’écoute, de crédit 0%, de matières premières à prix modérés et d’aide à la commercialisation. Ces mêmes revendications ont persisté alors que le besoin de recevoir des subventions s’est ajouté avec un taux de 65%. Après le déconfinement, les artisans souffraient soit d’arrêts de ventes pour plus de 41% soit d’une baisse drastique pour les autres. 



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