Huit mille Marocains.
C’est le nombre de nos concitoyens qui, chaque année, pourraient retrouver la lumière, voir à nouveau le visage de leurs proches, la mer, le ciel et la vie.
Huit mille existences suspendues à une décision législative et à un élan de solidarité : le don de la cornée.
Le Maroc dispose aujourd’hui de tous les atouts pour devenir, d’ici quelques annees, le premier pays africain dans la prise en charge thérapeutique de la cécité guérissable par la greffe de cornée.
Mais deux obstacles subsistent : une loi restrictive et une culture du don encore timide.
C’est le nombre de nos concitoyens qui, chaque année, pourraient retrouver la lumière, voir à nouveau le visage de leurs proches, la mer, le ciel et la vie.
Huit mille existences suspendues à une décision législative et à un élan de solidarité : le don de la cornée.
Le Maroc dispose aujourd’hui de tous les atouts pour devenir, d’ici quelques annees, le premier pays africain dans la prise en charge thérapeutique de la cécité guérissable par la greffe de cornée.
Mais deux obstacles subsistent : une loi restrictive et une culture du don encore timide.
Une chirurgie simple, un potentiel immense
La greffe de la cornée n’est pas une opération lourde ou coûteuse, si elle s’appuie les potentialités nationales, humaines et matérielles.
Elle fait partie des gestes chirurgicaux les plus maîtrisés en ophtalmologie.
Pourtant, seul un centre marocains— semi public- autorisés à la pratiquer.
Résultat : à peine 500 greffes de cornées par an, toutes issues de cornées importées, achetées en devises fortes — une dépendance qui coûte cher à la nation et freine l’accès des patients à cette chirurgie.
Le Maroc, riche de ses ophtalmologistes talentueux, pourrait réaliser plus de 8000 greffes par an, en autorisant l’ensemble des praticiens, publics comme privés, à opérer selon des protocoles nationaux encadrés.
Ce serait une révolution silencieuse, mais lumineuse.
Un gisement humain inexploité
Chaque année, notre pays déplore environ 4000 décès sur la voie publique.
Derrière ce chiffre tragique, se cachent des milliers de cornées encore saines, capables de rendre la vue à d’autres.
Pourtant, aucune de ces cornées n’est prélevée.
Les familles ignorent souvent qu’un simple consentement, une signature, pourrait transformer la mort en don de vie et de vue.
C’est là qu’intervient la responsabilité collective : celle de nos institutions, de nos parlementaires, mais aussi de chaque citoyen marocain.
Une question de dignité nationale et de foi
L’argument religieux, souvent évoqué par méconnaissance, ne tient pas.
L’islam encourage le don — qu’il soit de sang, d’organe ou de tissu — dès lors qu’il sauve une vie, ou qu’il redonne la dignité à un être humain.
Le don de la cornée n’est pas une atteinte au corps, mais un acte de miséricorde, une prolongation du bien au-delà de la mort.
Ne pas le faire, c’est priver un frère ou une sœur de lumière.
C’est renoncer à une humanité partagée.
Un nouveau cadre pour un nouveau regard
Réformer la loi pour élargir la pratique de la greffe de cornée à l’ensemble des ophtalmologistes qualifiés, créer un registre national des donneurs, et lancer une campagne nationale d’information et de sensibilisation — voilà les trois leviers d’un Maroc moderne, lucide et solidaire.
Le Royaume a les compétences, les équipements, la foi et la volonté.
Il ne manque que le déclic politique et sociétal.
Voir, c’est vivre
La cécité guérissable par greffe de cornée touche souvent des jeunes dans la force de l’âge.
Chaque greffe réussie, c’est un étudiant qui reprend ses études, un ouvrier qui retrouve son travail, une mère qui revoit ses enfants.
C’est une victoire silencieuse contre la fatalité, et un signe de grandeur pour le Maroc.
Changer la loi, c’est rendre la lumière à ceux qui la cherchent encore.
Donner sa cornée, c’est prolonger sa vie dans le regard d’un autre.