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International

GIABA : Burkina Faso, Mali et Niger membres hors-CEDEAO


Rédigé par L'Opinion Lundi 29 Décembre 2025

À Abuja, une décision actée dernièrement par les dirigeants ouest-africains redéfinit la place du Burkina Faso, du Mali et du Niger dans la coopération financière régionale.



La Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), tenue récemment à Abuja, a approuvé l'admission du Burkina Faso, du Mali et du Niger comme membres hors-CEDEAO du Groupe intergouvernemental d'action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA).

L’admission des trois pays repose sur leur engagement politique à mettre pleinement en œuvre les obligations liées à la lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et le financement de la prolifération (LBC/FT/FP), indique un communiqué du GIABA.

Cet engagement des trois pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) s’est matérialisé par la correction des insuffisances relevées dans leurs cadres juridiques et institutionnels et le respect des normes et standards internationaux en la matière, relève la même source.

Cette évolution intervient dans un contexte particulier, marqué par le retrait officiel du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la CEDEAO, effectif depuis le 29 janvier 2025, à la suite de la création de la Confédération de l’Alliance des États du Sahel (AES).

Rappelons qu'il y a un an les relations institutionnelles entre les États du Sahel central et les organisations régionales ou sous régionales connaissaient une phase de fortes turbulences, marquée par des désaccords politiques profonds et une remise en question des mécanismes traditionnels de coopération. Dans ce contexte, la question de la continuité de la collaboration technique, notamment dans des domaines sensibles comme la gouvernance financière et la sécurité économique, demeurait incertaine. L’évolution enregistrée aujourd’hui au sein du GIABA illustre ainsi une volonté partagée de préserver des cadres de dialogue fonctionnels, indépendamment des recompositions politiques en cours, et de maintenir des passerelles opérationnelles autour d’enjeux jugés stratégiques pour la stabilité de la sous-région.

Il y a quelques mois, les autorités du Burkina Faso, du Mali et du Niger multipliaient les initiatives visant à renforcer la crédibilité de leurs dispositifs nationaux de lutte contre les flux financiers illicites, dans un environnement régional et international particulièrement exigeant. Des réformes structurelles, des ajustements réglementaires et un renforcement de la coordination interinstitutionnelle ont progressivement permis de consolider ces efforts, tout en envoyant un signal clair aux partenaires techniques et financiers. L’acceptation de leur statut de membres hors-CEDEAO au sein du GIABA apparaît dès lors comme l’aboutissement d’un processus méthodique, fondé sur des critères techniques et des engagements mesurables, plutôt que sur des considérations strictement politiques.

Pour les pays de l’AES, cette reconnaissance ouvre la voie à une participation active à l’architecture régionale de conformité financière, tout en renforçant leur position dans les dynamiques internationales de prévention et de sécurité économique. Elle leur permet de demeurer pleinement intégrés aux mécanismes de coopération technique, d’échange d’informations et d’évaluations mutuelles, indispensables pour faire face à des menaces financières de plus en plus complexes, transfrontalières et sophistiquées. En conservant un lien structuré avec le GIABA, ces États s’assurent également un accompagnement continu en matière de renforcement des capacités, d’harmonisation des cadres juridiques et de mise à niveau des institutions nationales chargées de la surveillance financière.

En définitive, cette décision souligne la capacité des mécanismes régionaux africains à s’adapter aux nouvelles réalités géopolitiques sans renoncer à leurs missions fondamentales. Elle confirme également que la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement des menaces transnationales demeure un terrain de coopération incontournable, au-delà des clivages institutionnels.