Une désignation et c’est l’incompréhension qui s’installe. L’honorable Musée Mohammed VI (MMVI) d’art moderne et contemporain vient de procéder au remplacement de son directeur, Abdelaziz El Idrissi, au profit d’une silhouette au bagage respectable en la personne de Nadia Sabri. Pourquoi faire ? Essayons de comprendre. El Idrissi est dans les murs du MMVI depuis son inauguration par le Roi en 2014. Aujourd’hui, la Fondation nationale des musées parle de « sa volonté constante de renforcer sa structure au service du développement muséal. » Constante, onze années plus tard… Mais qu’attendons-nous de l’enseignante Nadia Sabri ? La réponse est suggérée dans un texte de la Fondation : « Historienne de l’art, commissaire d’exposition, universitaire et présidente de l’AICA Maroc (Association internationale des critiques d’art), Nadia Sabri a pour mission de poursuivre le travail déjà engagé en faveur de la démocratisation de l’art, notamment auprès des jeunes, tout en contribuant à la consolidation des collections et à l’enrichissement de la programmation des expositions. » Dans cette phrase abondamment tautologique, on retient la contribution à « la consolidation des collections et à l’enrichissement de la programmation des expositions ». Que faisait alors Abdelaziz El Idrissi pendant plus d’une décennie ? La nouvelle patronne est également invitée à poursuivre le travail déjà engagé. Ah, ces obligations ! Quant à la tête d’El Idrissi qui n’est pas coupée mais simplement déplacée, elle bourdonne de responsabilités : « Abdelaziz El Idrissi occupe désormais le poste de chef du Département des musées. Il est chargé du suivi de l’ensemble des volets liés à la programmation culturelle, aux chantiers d’inventaire et de numérisation, à la gestion des expositions permanentes et temporaires, ainsi qu’au développement des actions de médiation et de valorisation des collections. » La tâche de Nadia Sabri n’est pas de tout repos non plus : la nouvelle directrice regardera El Idrissi faire.
