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World Economic Forum : Le Maroc face au risque d’une vie plus chère en 2023


Rédigé par Anass MACHLOUKH Dimanche 15 Janvier 2023

Le nouveau rapport du « World Economic Forum » a placé la cherté de la vie en tête des risques auxquels sera confronté le Maroc en 2023. Détails.



Il semble que plus rien n’est rassurant après le choc de la pandémie. Bien qu’elle semble maintenant battre en retraite, celle-ci a plongé le monde dans une période d’incertitude à tous les niveaux (politique, économique, énergétique, etc.). A peine le monde s’en est-il affranchi qu’il s’est retrouvé pris dans le tourbillon de l’inflation sur fond d’une reprise de l’activité à l’échelle internationale.
 
La conjoncture mondiale n’a pas été non plus clémente, la guerre en Ukraine a exacerbé la crise et meurtri davantage les pays en développement qui se sont vus menacés d’une crise alimentaire et énergétique étant la montée en flèche des prix des céréales et du gaz dans la foulée de la guerre économique entre l’Occident et la Russie se livrant une bataille par sanctions interposées. Au milieu de ce grabuge, le Maroc, à l’instar des pays de son niveau de développement, souffre et se voit durement impacté, au moment où il commence à se propulser sur le chemin qui mène vers le Nouveau Modèle de Développement.
 
Un moment censé marquer le décollage du Royaume vers le dessein des pays émergents. Mais la tâche ne semble pas facile, comme la conjoncture semble âpre. Inflation galopante (8%), sécheresse, stress hydrique, spectre de la dette, le Maroc fait face à plusieurs périls dont une grande partie puise ses racines de l’extérieur. Aussi, le Royaume peine-t-il à rattraper son retard en termes de croissance comme il le souhaite, après la lourde récession de 2020. La pandémie aurait coûté, selon le diagnostic choc que le patron du HCP Ahmed Lahlimi a donné le 14 juillet dernier, deux années de croissance et trois ans de lutte contre la pauvreté.
 
Coût de la vie : l’indétrônable casse-tête !
 
Tous ces facteurs réunis augmentent le coût de la vie, placé en tête du top cinq du risque en 2023 par le Forum Davos qui vient de livrer la 18ème édition de son fameux rapport axée sur les risques globaux en 2023. Fruit d’une collaboration de chercheurs de tous les pays de la planète, dont le Maroc, ce rapport identifie, sur la base de l’indice « Executive Opinion Survey (EOS) », cinq risques majeurs auxquels le Royaume sera confronté durant l’année courante. Il s’agit des maux habituels, dont le coût de la vie, l’inflation, la hausse « sévère » des prix des produits de base, les risques de l’approvisionnement, et la dette.
 
Il est évident que le coût de la vie a augmenté. L’inflation, rappelons-le, a culminé à 8,3% en septembre 2022, avant de reculer un peu (à 6,2%). Elle demeure tirée par une hausse des prix alimentaires et par la flambée de ceux des carburants qui ont augmenté le coût du transport (12,9%). Ceci a poussé la Banque centrale à hisser à deux reprises le taux directeur à 2,50%, espérant un retour à des niveaux plus bas en 2024.
 
En effet, Bank Al-Maghrib parie sur 3,9% en moyenne en 2023 avant un nouveau rebond prévu en 2024 à 4,2%. Ceci devrait être dû à la décompensation de certains produits de base qu’envisage le gouvernement qui compte instaurer le système de ciblage direct des populations vulnérables en matière d’aides au pouvoir d’achat. Raison pour laquelle le Registre Social Unifié et le Registre National de la Population sont en cours d’opérationnalisation.

Aussi, l’Exécutif compte-t-il sur les vertus de la nouvelle charte de l’investissement, le Fonds Mohammed VI et les programmes de soutien à l’entrepreneuriat, en plus de l’investissement public pour relancer la machine de la croissance. Compte tenu d’une forte inflation et d’une faible croissance, de nombreux experts ont commencé à parler d’un phénomène de stagflation même si le récent rapport de Bank Al-Maghrib n’a pas évoqué ce risque.
 
Un phénomène qui frappe plusieurs pays, dont les conséquences se feront sentir sur la dette souveraine, selon le rapport du « Word Economic Forum », la hausse de la dette souveraine des pays à l’échelon mondiale, conjuguée à la stagflation, pourrait avoir des conséquences néfastes. Pour le cas du Maroc, la dette figure parmi les sérieux défis que le Royaume devrait affronter. La dette publique qui englobe aussi bien celle du Trésor que des autres établissements publics devrait dépasser 83% selon les projections du HCP, soit un niveau proche du seuil mondialement inacceptable. Jusqu’à présent, le Trésor est endetté à hauteur de 62%, selon les chiffres officiels. Un niveau qui devrait augmenter à 71,2% du PIB, selon les estimations du HCP pour 2023.
 
Par ailleurs, cette somme de désagréments se répercute sur la vie quotidienne. Plus la vie devient plus chère, plus cela érode la confiance des ménages qui est au plus bas selon le dernier indice du Haut-Commissariat au Plan (HCP) estimé à 46,6 points au 4ème trimestre 2022, au lieu de 61,2 points durant la même période l’année précédente. Cela dit, jamais le moral n’a été aussi bas depuis 2008. Pour 2023, les perspectives ne sont pas ré[1]jouissantes. L’enquête du HCP a montré que 52,4% des ménages s’attendent à une dégradation du niveau de vie au cours des 12 prochains mois, contre 9,4% seulement qui s’attendent à une amélioration.
 
Pour sa part, le gouvernement compte sur la Sécurité sociale universelle pour redonner de l’espoir aux Marocains et renforcer une partie de leur pouvoir d’achat. La quasi-totalité des Marocains (23,2 millions), rappelons-le, est assurée par la CNSS, selon le dernier chiffre dévoilé par Aziz Akhannouch, dont le gouvernement parie sur un retour plus fort de la croissance en 2023 (3,4% selon les prévisions de la Loi des Finances).
 
Le gouvernement s’attache à l’optimisme
 
Toutefois, la difficulté de la conjoncture actuelle interpelle jusqu’au sommet de l’Exécutif. Lors de sa dernière apparition à la Chambre des Conseillers, mardi dernier, le Chef du gouvernement a reconnu que « la crise que le monde a connue lors de la pandémie du Covid-19 a été sans précédent, ses répercussions au niveau national ont été sévères, compte tenu de l’existence antérieure de « faiblesses et fragilités structurelles dans le mode de gestion de certains secteurs ». Lesquelles faiblesses ont exacerbé, selon lui, les difficultés rencontrées par notre pays, notamment du fait du retard accumulé dans la mise en œuvre des grands chantiers tels que la généralisation de la protection sociale, la réhabilitation du système de santé, l’intégration du secteur informel, la promotion de l’équité territoriale et le développement de l’économie nationale.

« Il s’agit d’une transformation qui nécessite des réformes structurelles profondes susceptibles de contribuer à créer les conditions propices à la mise en œuvre du Nouveau Modèle de Développement, dans le but de pouvoir, à moyen et long termes, limiter toutes les manifestations des crises actuelles et contribuer à jeter les bases d’un Maroc plus équitable, inclusif, prospère et résilient », a -t-il indiqué.

Anass MACHLOUKH