Hier, un Boeing C-40B appartenant à l’armée américaine s’est posé sur le tarmac de l’aéroport de Rabat. A son bord, le Chef d’Etat-Major des armées des Etats-Unis d’Amérique, le Général d’Armée Mark Milley. Cette visite revêt une importance majeure dans la collaboration entre les deux pays, puisque le Général Mark Milley est la plus haute autorité militaire américaine, et le principal conseiller en matière de défense du Président Joe Biden.
Le communiqué publié à l’issue de cette visite, la première en Afrique pour le Général d’Armée Mark Milley, est peu disert. L’Etat-Major Général des Forces Armées Royales a expliqué que durant la réunion avec Abdeltif Loudyi, le ministre délégué auprès du Chef du Gouvernement, chargé de l'Administration de la Défense Nationale, les deux responsables “ont exprimé leur satisfaction quant au niveau d’excellence atteint par les relations séculaires d’amitié et de coopération, consolidées par un partenariat militaire stratégique régi par un important arsenal juridique, notamment la feuille de route pour la coopération en matière de défense 2020-2030 signée en octobre 2020”.
Mark Milley a également été reçu par le général de Corps d’Armée, Inspecteur Général des FAR et Commandant la Zone Sud, Belkhir El Farouk. Les deux responsables ont tenu une réunion en présence des Chefs de Bureaux de l’Etat-Major Général des FAR, de hauts responsables militaires américains et de l’Ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique accrédité à Rabat. Le communiqué des FAR rapporte que “les deux responsables militaires ont réitéré leur volonté de renforcer davantage la coopération et le partenariat stratégique entre les deux armées”.
Le calendrier de cette visite n’est pas anodin. Avant d'atterrir à Rabat, le Général Mark Milley était en Israël, afin de discuter avec ses homologues de l’Etat hébreux “les nombreux défis et opportunités auxquels sont confrontés Israël et la région du Moyen-Orient", selon le porte-parole de Mark Milley, le colonel Dave Butler. Ces rencontres se déroulent sur fond de montée de tension autour d’un sujet vital pour Israël, le programme nucléaire iranien.
La semaine dernière, les enquêteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) ont découvert des particules d'uranium enrichies à 83,7%, soit au seuil des 90% nécessaires à la fabrication d’une bombe atomique. Selon le média américain Axios, le ministre israélien des Affaires stratégiques, Ron Dermer, et le président du Conseil national de sécurité, Tzachi Hanegbi, devraient se rendre cette semaine à Washington pour coordonner les actions à mener afin de contrer la menace iranienne.
Nouvel axe anti-Iran ?
Cette visite à Rabat du Chef d’Etat-Major des armées des États-Unis d’Amérique rentre-t-elle dans le cadre d’une nouvelle alliance anti-Iran ? Depuis des années, le Maroc alerte sur l’influence grandissante de Téhéran dans la région sahélo-saharienne, ce qui menace la sécurité et la stabilité du Royaume. Cette menace a dépassé un nouveau cap ces derniers mois, puisque, selon la diplomatie marocaine, l’Iran chercherait à armer le Polisario avec des armes (dont des drones) sophistiquées, à l’instar de ce qu’ils font pour les Houthis au Yémen.
Une information confirmée par le journal espagnol La Vanguardia. Se basant sur des rapports de l'UE et des informations rapportées par CNN et Le Monde, ainsi que sur une analyse de l’institut Coordenadas de gouvernance et d'économie appliquée, le quotidien indique que le régime algérien allait recevoir un approvisionnement important en drones de l'Iran, qui iraient directement à la milice armée du Front Polisario.
La même source explique que l'intention d’Alger serait aussi de faciliter l'installation de bases militaires russes au Sahel avec l'aide de l'Iran. Pour contrer l’axe Téhéran-Alger-Moscou, les Etats-Unis cherchent à renforcer l’axe Tel-Aviv/Rabat/Washington, né suite à la normalisation des relations maroco-israéliennes en décembre
2021 et la proclamation du soutien des Américains à la souveraineté du Maroc sur son Sahara.
