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Actu Maroc

Un an de guerre en Ukraine : Le Maroc «gagnant surprise» du conflit russo-ukrainien [INTÉGRALE]


Rédigé par Abdellah MOUTAWAKIL Jeudi 23 Février 2023

Le Maroc est considéré comme l’un des « gagnants surprise » du bras de fer entre Russes et Occidentaux, un an après le début de la guerre. Certes, les exportations agricoles marocaines vers la Russie ont chuté, mais le Royaume s’est transformé en hub pour le pétrole et le gaz russes. Quant à l’Ukraine, les échanges sont presque au point mort !



Ce vendredi 24 février 2023 s’est curieusement imposé comme une date à retenir partout à travers le monde : il marque la première année depuis le déclenchement de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Un conflit qui a impacté la planète toute entière, y compris bien évidemment le Maroc et ses échanges commerciaux avec les deux belligérants, à savoir la Russie et l’Ukraine. A ce propos, un fait marquant est à retenir avec l’évolution de ce conflit : le Maroc se transforme progressivement en hub d’hydrocarbures, pour le pétrole et le gaz en provenance de Russie. Certains spécialistes du secteur énergétique commencent d’ailleurs à voir le Royaume comme une seconde Turquie en termes de redistribution pétrolière et gazière en provenance de la Russie.
 
Hub des hydrocarbures russes
 
Selon les données fournies par la société russe Refinitiv, les livraisons d'hydrocarbures ont explosé de plus de 1.100 % en une année. Du jamais vu en termes de croissance et, bien évidemment, un scénario impensable lors du déclenchement de la guerre. En chiffres absolus, en 2022, les livraisons de diesel en provenance de Russie se sont accélérées pour atteindre 735.000 tonnes, contre 66.000 tonnes en 2021. En plus d’en tirer profit pour son usage interne, le Royaume, grâce à son hub portuaire qu’est Tanger Med, sert de point de redistribution pour des pays méditerranéens, mais surtout à destination de l’Afrique subsaharienne.
Avec la crise énergétique qui n’est pas encore prête de dire son dernier mot, tout porte à croire que cette tendance devrait se poursuivre pour l’année en cours, car pour l’Agence internationale de l’énergie (AIE), « la crise est loin d’être terminée » et elle appelle à anticiper une nouvelle flambée tout en sécurisant les approvisionnements. D’ailleurs, les exportations russes de gasoil vers le Maroc durant le seul mois de janvier 2023 auraient atteint les 370.000 tonnes, soit l’équivalent des neuf premiers mois de l’année 2022.
 
Baisse des exportations agricoles
 
Si, à la surprise générale, le Maroc se hisse en grand receveur des hydrocarbures russes, il y a un autre secteur où la guerre a considérablement impacté la bonne marche des choses. A en croire les analyses de l’agence spécialisée sur le marché des fruits en Asie centrale et le Caucase, East Fruit, les exportations marocaines de fruits et de légumes vers la Russie ont chuté de 33 % par rapport à 2021. Selon East Fruit, les clémentines et les mandarines ont baissé de 11 % et 7 % respectivement. Ces deux produits représentent à eux seuls 71 % des recettes d’exportation de fruits. S’agissant des exportations de citrons, elles ont enregistré une baisse de 42 %. Quant aux exportations d’oranges, elles ont diminué de 19 %. À l’inverse, les exportations de myrtilles fraîches vers la Russie ont augmenté de 15 %.
 
Premier partenaire africain
 
Pour l’heure, de façon globale, aussi bien l’agence russe des statistiques sur le commerce extérieur que l’Office des Changes au Maroc n’ont pas encore donné un aperçu annuel de l’évolution des échanges entre les deux pays. Mais tout porte à croire que le gap créé dans le commerce de produits agricoles est largement comblé par les exportations d’hydrocarbures russes. Malheureusement pour le Maroc, la balance commerciale risque de peser considérablement en faveur de la Russie, sans parler des pertes en devises pour le Royaume. En 2021, le volume des échanges commerciaux entre le Maroc et la Russie avait augmenté de 42%, se réjouissait le représentant commercial de la Fédération de Russie au Maroc, Artem Tsinamzgvrishvili, pour qui «le Maroc est le partenaire commercial le plus important de la Russie en Afrique ». Le volume des échanges avait atteint 1,6 milliard de dollars, soit bien plus que les 630 millions de dollars échangés avec l’Ukraine avant la guerre.
 
Stand-by avec l’Ukraine
 
D’ailleurs, en parlant de l’Ukraine, il faut noter que ses principaux produits d'exportation vers le Maroc sont les céréales (55%), les résidus et déchets de l'industrie alimentaire (11,7%), ou encore les ferroalliages et l'acier laminé (9,5). Depuis le début de la guerre, ces exportations ont toutes connu un coup d’arrêt, en raison de la fermeture des ports ukrainiens pendant plusieurs mois. Entre-temps, le Maroc a privilégié les approvisionnements en céréales auprès du marché français.

3 questions à Hassan Sentissi

« Les échanges commerciaux ont évolué en dents de scie »
 
Malgré le contexte difficile, le Maroc et la Russie ont su gérer les obstacles posés par la guerre. Les échanges ont évolué en fonction des secteurs, selon le Président de l’ASMEX et du Conseil d’Affaires Maroc-Russie, Hassan Sentissi.
 
 
Un an après le début de la guerre, comment évoluent les échanges avec la Russie ?
Il faut dire que depuis le début de ce conflit, les échanges avec ces marchés de l’Europe de l’Est, particulièrement avec la Russie, sont en dents de scie. Il y a des secteurs qui ont eu à profiter de la situation actuelle pour connaître un véritable coup d’accélérateur, alors que d’autres sont dans une position qui évolue en fonction de la tournure des événements et du contexte.  Mais, globalement, nous faisons de notre mieux afin de continuer à dynamiser les échanges commerciaux. 

Qu’en est-il exactement des observations que vous avez faites pour chaque secteur ? 
Les échanges énergétiques ont été multipliés par 10 depuis le début de la guerre. Vous avez pu constater que le Maroc reçoit énormément de quantités d’hydrocarbures russes. Ces exportations transitent également par le Maroc. Donc, cela dépend des besoins qui se sont créés chez les consommateurs et les demandes des Etats. Comme vous l’avez constaté, la crise énergétique a fait flamber les prix des hydrocarbures, alors que le besoin ne s’est pas forcément créé dans d’autres secteurs. 

Les sanctions occidentales ont lourdement affecté les transactions avec la Russie. Comment avez-vous pu trouver des alternatives ? 
Je pense que les deux pays ont géré convenablement cette situation qui, il faut l’avouer, ne simplifie pas les échanges commerciaux. Nous souhaitons un retour à la normale afin de faciliter l’ensemble des transactions, mais pour le moment, nous nous adaptons en fonction de la situation, tout en faisant de notre mieux pour continuer le commerce et les échanges commerciaux. La guerre ne nous concerne pas.

L’info...Graphie


Guerre en Ukraine : Gestion réussie au Maroc ?

A l’heure où chacun fait ses comptes et mécomptes depuis le début de cette guerre d’une rare intensité et d’ampleur, il s’impose de savoir si le Maroc a non seulement su en limiter les impacts, mais, surtout, si le Royaume a pu tirer profit des chamboulements provoqués par ce conflit. «D’emblée, il y a lieu de souligner que pour le Maroc, c’est à la fois des impacts négatifs qui continuent de se ressentir, et des retombées plutôt positives pour certains secteurs sur lesquels le pays peut aujourd’hui devenir incontournable sur le plan mondial», résume l’économiste Driss Aïssaoui.

Au niveau de Bank Al-Maghrib, par la voix de son Wali, Abdellatif Jouahri, on note que la guerre en Ukraine a renforcé «la persistance des perturbations des chaînes d’approvisionnement et les mutations profondes qui étaient à l’œuvre bien avant la crise sanitaire». De toute évidence, c’est au niveau de l’inflation que ce conflit s’est le plus fait sentir. En 2022, la hausse générale des prix a atteint 6,6%, soit presque le double de son niveau habituel. La hausse des prix des produits alimentaires (+ 11%) et des carburants (+ 42,3%) continuent d’être lourdement sentie par les populations. Malgré tout, les institutions financières internationales, à l’image du FMI, félicitent le Maroc pour sa gestion des chocs de la guerre et de la sécheresse qui se sont manifestés la même année. Pour le Fonds, alors que les risques pesant sur les perspectives économiques sont orientés à la baisse, la poursuite de politiques vigoureuses et une mise en œuvre rapide des réformes soutiendraient l’activité économique à l’avenir.

Le Maroc va-t-il influencer le marché du charbon ?

Les sanctions occidentales continuent de compliquer le commerce avec la Russie sur tous les plans. Désormais, c’est le marché du charbon qui risque de se retrouver en situation de surchauffe. Car, avec les sanctions, le Maroc essaie de chercher d’autres fournisseurs. La Russie a exporté en moyenne 650.000 tonnes de charbon par mois vers le Maroc entre août 2022 et janvier 2023, soit environ le double du volume moyen expédié au cours des six mois précédents, selon les données de DBX.  Pour certains spécialistes du marché du charbon, le Royaume risque de se retrouver en situation de concurrence pour l’accès au charbon chez des fournisseurs privilégiés par les pays européens notamment. Le Maroc consomme entre 10 à 11 millions de tonnes de charbon par an. Pour rappel, sur le continent, le Maroc et l’Afrique du Sud sont les principaux utilisateurs de charbon pour produire de l’énergie, avec respectivement 7% et 84%.







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