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International

Tunisie : Deuxième nuit d’affrontements entre manifestants et forces de l’ordre


Rédigé par L'Opinion Dimanche 16 Octobre 2022

De violents affrontements ont éclaté dans la soirée de samedi à Tunis, pour la deuxième nuit consécutive entre les forces de l’ordre et des manifestants suite au décès d’un jeune homme.



Les manifestants ont accusé la police d’être responsable de la mort du jeune homme. Il n’a pas été possible d’obtenir un commentaire sur le sujet de la part du ministère de l’Intérieur.

Les quartiers d’Ettadhaen et El Intilaka dans la capitale tunisienne ont été le théâtre de violents affrontements et d’échauffourées entre des centaines de manifestants et d’agents de sécurité, au milieu d’une forte présence sécuritaire. Les forces de sécurité ont utilisé des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants, qui ont riposté en lançant des pierres, des bouteilles en verre, des cocktails Molotov et des feux d’artifice.

Les manifestations ont coïncidé avec les funérailles d’un jeune homme décédé des suites de blessures au cou et au dos, après son admission en réanimation dans un hôpital de la capitale, il y a environ trois semaines. Des informations contradictoires ont été relayées sur la cause de sa mort, certaines parties estiment qu’une patrouille sécuritaire aurait ouvert le feu sur la victime. Selon d’autres, le jeune homme aurait été blessé au cou suite à une chute dans un fossé après avoir été pris en chasse par la police.

«Révolte contre Kaïs le dictateur»

Par ailleurs, des milliers de personnes ont participé samedi à des manifestations organisées à Tunis par des partis d’opposition. Les manifestants ont réclamé le départ du président Kaïs Saïed, plus d’un an après qu’il s’est octroyé la quasitotalité des pouvoirs. Ils ont également protesté contre la vie chère, dans un pays englué dans une grave crise économique, marquée par des pénuries récurrentes de denrées de base et une forte inflation. Menés par le Front de salut national, une coalition de partis d’opposition dont fait partie la formation d’inspiration islamiste Ennahda, les manifestants ont traversé les rues principales de la capitale tunisienne, appelant au départ du président. «Va-t’en, va-t’en», «révolte contre Kaïs le dictateur», «le peuple veut limoger le président», ont scandé les protestataires.

La Tunisie, étranglée par une dette supérieure à 100% de son PIB et incapable d’emprunter sur les marchés internationaux, est en négociation avec le Fonds monétaire international (FMI) pour un prêt d’environ deux milliards de dollars.

Pauvreté, chômage et crise politique

Le pays est également englué dans une grave crise politique depuis le coup de force du président Saïed qui s’est emparé des pleins pouvoirs en juillet 2021. «Cette manifestation reflète la colère face la situation en Tunisie sous Kaïs Saïed et appelle à son départ», a dit à l’AFP l’ancien Premier ministre Ali Laarayedh, viceprésident d’Ennahda. «Si le pouvoir politique actuel persiste, il n’y a pas d’avenir pour la Tunisie. La pauvreté, le chômage et le désespoir sont en hausse», a-t-il ajouté.

Parallèlement, une autre manifestation contre la dégradation des conditions de vie a également eu lieu samedi à Tunis, organisée par le Parti destourien libre (PDL), une formation d’opposition anti-islamiste. Les participants à cette manifestation ont brandi des paniers vides en référence à la forte baisse du pouvoir d’achat. Souad, une retraitée, accuse le président Saïed de «n’avoir rien fait». Selon elle, la situation n’a fait qu’empirer» depuis son arrivée au pouvoir en 2019. Les difficultés de la Tunisie, en dégringolade économique depuis dix ans, ont été amplifiées par la crise du Covid-19 et la guerre en Ukraine qui renchérit les importations de céréales et hydrocarbures dont elle est très dépendante.

Samedi soir, le Fonds monétaire international (FMI) a affirmé être parvenu à un accord avec le gouvernement tunisien permettant le déblocage d’un prêt de 1,9 milliard de dollars. Cet accord, qui doit encore être validé par le conseil d’administration du Fonds, pourrait alléger la crise dans le pays. En échange de ce versement, le gouvernement tunisien s’est engagé sur un programme de réformes, selon un communiqué du FMI.

 


Le naufrage de Zarzis tourne à la rébellion
 
Le tout a commencé par la disparition en mer de 17 ou 18 jeunes de la ville côtière du sud, lors d’une opération de migration clandestine. Il y a de cela près de trois semaines. Et, depuis, les recherches ont été, presque, vaines, pour retrouver les cadavres ou d’improbables survivants. Les parents de ces jeunes malheureux ont sollicité, à plusieurs reprises, l’aide des autorités pour rechercher leurs enfants, avant qu’ils ne se mettent à protester et à accuser les autorités de négligence dans la recherche des disparus.

Pourtant, on se rappelle bien que l’armée est intervenue dans les recherches et a, même, mobilisé des avions pour essayer de repérer le moindre signe du naufrage. Ça n’a nullement convaincu les parents qui se sont mis à protester de plus belle, et l’histoire a commencé à déborder, avec des protestations en ville, l’attaque du siège de la délégation, le retrait des élèves des écoles, le blocage des routes… Ils en sont arrivés à renvoyer le délégué et même, le gouverneur de Médenine accouru à leur écoute. Quoi que ce dernier ait gaffé sur le plan communication avec les citoyens. Ce qui pose, encore une fois, le problème des erreurs de casting dans le choix des responsables.

Par la suite, les choses se sont, encore plus, envenimées, quand les protestations ont commencé à gagner d’autres localités du pays. En bref, on dirait que cette histoire est en train de virer vers une révolution populaire qui vise de façon précise le pouvoir dans le pays. Surtout quand certaines associations et organisation s’en mêlent et transposent les protestations au coeur de Tunis.


D’après Tunisie Numérique