L'Opinion Maroc - Actuali
Consulter
GRATUITEMENT
notre journal
facebook
twitter
youtube
linkedin
instagram
search



Actu Maroc

Traitement des maladies addictives : les changements structurels prônés par le CESE


Rédigé par Rime Taybouta Mercredi 20 Avril 2022

Le Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) appelle à reconnaitre l'addiction, sous ses différentes formes, comme une maladie qui nécessite une prise en charge appropriée, tout en opérant des changements structurels pour faciliter son traitement.



Le Maroc compte plus de 6 millions de fumeurs, dont 500.000 ont moins de 18 ans. Près de 18.500 personnes s'injectent des drogues et plus de 9 % des mineurs en milieu scolaire ont consommé au moins une fois du cannabis. Les recherches dévoilées par le CESE ont également révélé que 3,3 millions de personnes s’adonnent à des jeux de hasard, et à un usage addictif croissant des écrans, des jeux vidéo et d'Internet, notamment chez les adolescents et les jeunes.

Lors d'une rencontre consacrée à la restitution de l’avis du CESE, intitulée "Faire face aux conduites addictives: état des lieux et recommandations", Ahmed Reda Chami, président du Conseil  a indiqué que la lutte contre le phénomène de l’addiction sur les plans médical, sociétal et juridique, commence par la reconsidération des perceptions dominantes de l'addiction et la reconnaissance de ses différentes formes, y compris les nouvelles, comme une maladie qui nécessite une prise en charge appropriée des personnes qui en sont atteintes, tout en renforçant les moyens de lutte et de prévention des conduites addictives.

«Les chiffres sont alarmants» déplore Chami soulignant la gravité de cette problématique dans notre pays, et la nécessité de faire face à ses graves répercussions sur la santé mentale, psychologique et physique des personnes concernées.

Des changements structurels s’imposent

Ainsi le CESE recommande Reconnaitre les addictions, avec ou sans substance, comme des maladies éligibles à des soins remboursables. Ceci devrait être accompagné par la révision et l’actualisation du cadre légal de la couverture médicale aux fins de clarifier la nature et préciser la typologie des troubles addictifs considérés comme des maladies nécessitant des traitements. Il s’agit également de réviser le code pénal en rendant systématique l’application des dispositions ouvrant droit à l’injonction thérapeutique pour les consommateurs de drogues et en renforçant les sanctions contre les trafiquants de substances illicites.
 
Le Conseil recommande également de réserver une part pérenne (10%) des recettes de l’État tirées des biens et services licites issus des activités à potentiel addictif (tabacs, alcools, paris hippiques, loterie, paris sportifs) vers le soin, la recherche et la prévention. Il est à signaler sur ce point que ces biens et services génèrent un chiffre d’affaires de plus de 32 milliards de dirhams, soit près de 9% des recettes fiscales et 3% du PIB.
 
Par ailleurs, il faut reconnaitre légalement, selon Chami, la discipline et le diplôme universitaire d’addictologie et adopter les statuts des autres métiers en lien avec cette discipline (psychologues, ergothérapeutes, etc.) en vue de développer les ressources humaines. Le renforcement des ressources de l’observatoire marocain des drogues et addictions (OMDA) est également de mise, en vue de veiller au suivi et à la publication de façon régulière des données sur la prévalence, les formes, les effets et les modalités de prise en charge des addictions aux substances psychoactives et addictions aux activités.
 
Le lancement d’un plan national de prévention et de lutte contre les addictions en milieu professionnel, est également recommandé par le rapport, tout comme la mise en place d’une autorité nationale de surveillance et de régulation technique et déontologique des établissements et sociétés de paris et de jeux pour prévenir et lutter contre les addictions.
 
Il fine, le CESE appelle à généraliser l’accès aux traitements par substitution aux opiacés dans l’ensemble des établissements pénitenciers tout en garantissant la possibilité d’accès aux soins à toute personne dépendante détenue qui en exprime le souhait.