Libérer le potentiel humain…
Lors de son allocution, la responsable gouvernementale a reconnu la convergence qui se fait, de la part de toutes les parties prenantes, concernant l’intérêt certain de la qualification des ressources humaines, notamment dans les chantiers prévus dans la feuille de route du secteur (2023-2026).
À cette fin, a-t-elle annoncé, de nouveaux centres de formations ont été créés au niveau de neuf cités des métiers et des compétences (CMC). Notons que SM le Roi Mohammed VI vient d’inaugurer, en mai dernier, la nouvelle Cité des métiers et des compétences de Rabat-Salé-Kenitra qui comporte 6 pôles sectoriels dont un pôle "Tourisme & hôtellerie". Ce pôle, qui offre une formation touristique et hôtelière se déclinant sur 12 filières, est doté d’un hôtel et d’un restaurant pédagogiques pour une préparation adaptée aux conditions réelles d’exercice du métier.
Dans le même registre de la formation, les deux sites de l’Institut Spécialisé de Technologie Appliquée Hôtelière et Touristique, situés à Ouarzazate et à Tanger, ont connu une extension permettant la création de dix nouvelles antennes, a révélé la ministre.
De bonnes pistes pour attirer les touristes internationaux…
L'adéquation entre l'offre et la demande dans le secteur touristique ne peut se résoudre à une équation mathématique. Le ministère tend vers une nouvelle conception de l’offre axée sur l’expérience client, a fait savoir Fatim-Zahra Ammor.
Conformément à la nouvelle feuille de route stratégique du secteur, la nouvelle offre permettra de passer de la logique Destination Maroc à des filières thématiques et transverses conformes aux produits touristiques demandés. Parmi ces filières thématiques figurent « Ocean Waves » qui vise à faire du Maroc une destination phare de sports nautiques, le « Nature, Trekking and Hiking », axé sur le développement des expériences structurées, et le « City break » qui ambitionne de consolider la position du Royaume en tant que destination de voyage de courte durée avec une destination urbaine.
C’est dans ce même objectif que s’inscrit la conception d’une expérience touristique inédite à travers la création de cinq autres filières transverses portant sur « la gastronomie et les produits du terroir », « les festivals et les moussems », « l’artisanat et le savoir-faire local », « l’hébergement alternatif » et « le développement durable », a-t-elle poursuivi.
Six leviers pour réussir le grand pari
Fatim-Zahra Ammor a noté que son département s'appuie sur six principaux leviers pour mettre en œuvre la nouvelle feuille de route. Il s’agit, tout d’abord, de l’augmentation de la capacité en sièges du transport aérien. Rappelons qu’en janvier dernier, l’Office national marocain du tourisme (ONMT) a conclu un accord quinquennal à Londres avec Easy Jet Group, détenteur de Easy Jet Airlines et du tour-opérateur Easy Jet Holidays. L’objectif étant de doubler l’offre en sièges, pour passer de 800.000 actuellement à 1,6 million début 2028, sur sept marchés, à savoir le Royaume-Uni, la France, la Suisse, l’Italie, l’Allemagne, les Pays-Bas et le Portugal, des marchés où la compagnie arienne Easy Jet Airlines dispose d’ancrages bien établis.
Outre ces éléments, le tourisme marocain reposera sur la promotion et le marketing avec un focus sur la digitalisation, la promotion des produits culturels et récréatifs, la création de petites et moyennes entreprises, la mise à niveau des hôtels et la création de nouvelles capacités d’hébergement, ainsi que le repositionnement de l’Observatoire National du Tourisme.
Le tourisme marocain en plein boom ?
Le secteur touristique a récupéré une grande partie des pertes accumulées pendant la crise sanitaire, comme le confirment les arrivées et les recettes touristiques ainsi que les nuitées enregistrées auprès des établissements d’hébergement touristique.
Le nombre d’arrivées touristiques au Maroc a ainsi dépassé, pour la première fois, le plafond d’un million en mai, soit une augmentation de 55% par rapport à 2019, s’est félicitée la ministre.
Au cours des cinq premiers mois de l’année, le nombre de touristes ayant visité le Maroc a atteint pour la première fois 5.1 millions, soit une hausse de 20% par rapport à la même période en 2019. Les touristes, identifiés MRE ou étrangers, représentent 56% du nombre total, contre 51% enregistrés en 2022.
Pour leur part, les recettes en devises se sont chiffrées, pour la première fois, à 93 MMDH, soit une hausse de 16% par rapport à 2019, tandis que le nombre de nuitées a atteint 19 millions, en progression de 109% par rapport à l’année 2021. Ainsi, l’Europe représente 70% des marchés émetteurs, a assuré la ministre, notant que les villes de Marrakech et Agadir attirent 60% des touristes. Toutefois, Ammor a déploré la gouvernance du secteur qui « n’était pas appropriée, en matière de coordination sur les plans central et régional ».
Le tourisme intérieur a contribué, pour sa part, à 42%, contre 31% avant la crise sanitaire du Covid-19, a expliqué la ministre, rappelant que l’exploit de l’équipe nationale de football lors de la Coupe du Monde au Qatar a eu un impact positif sur le tourisme au Maroc et a contribué au rayonnement et à la promotion de l’image du Royaume.
Rappelons en ce sens que la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF) et l'Office National Marocain de Tourisme (ONMT) viennent de signer, en ce mois de juin, un accord de partenariat visant à promouvoir la destination touristique Maroc à travers le football, s’étalant sur la période de 2023 à 2030. Selon un communiqué conjoint des deux parties, l'ONMT s'engage à intégrer le football dans ses prochaines campagnes, en utilisant l'image de la sélection nationale dans ses communications et aussi accompagner la fédération «pour une communication inclusive et concertée autour du tourisme sportif au Maroc».
Des voix critiques s’élèvent
Il n’en reste pas moins que l’opposition parlementaire a été très critique sur certains aspects qui entachent l’épanouissement du secteur touristique. Les exploits réalisés ne peuvent pas cacher l’autre face du secteur, selon les groupes de l’opposition.
Le groupe Haraki a critiqué dans ce sens la baisse des flux touristiques dans les régions du Sud, appelant la ministre à assurer la diversification de l’offre touristique, pour promouvoir davantage l’attractivité touristique de ces régions. La solution résiderait dans l’élaboration d’offres spéciales qui prennent en considération les conditions d'hébergement et d'accueil de ces zones, y compris la région Laâyoune-Sakia El Hamra.
Le groupe a appelé par la même occasion à faciliter les procédures d'investissement et à exiger des investisseurs des conditions bien définies lors de la construction d'unités hôtelières, l’occasion ainsi d’examiner les normes d'urbanisme qui ont un impact, selon le groupe d’opposition, sur l'attractivité des investissements.
Alors que le ministère du Tourisme aspire à atteindre 26 millions de touristes d'ici 2030, le groupe socialiste a interrogé la ministre sur le « type de touristes » que son département cherche à attirer, l’appelant dans ce sens à cibler des touristes qui apportent véritablement une valeur ajoutée au secteur.
D’autres parlementaires ont appelé la ministre à s’attaquer aux vrais défis qui entravent le secteur, notamment la hausse des prix de l'hébergement, soulignant que les hôteliers et les propriétaires d'appartements augmentent abusivement les prix en été.