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Actu Maroc

Textile-Habillement : Une filière flexible et résiliente aux crises et aux chocs économiques


Rédigé par A. CHANNAJE Dimanche 19 Septembre 2021

Durement touché par la pandémie, le secteur du textile retrouve sa voie de croissance et se découvre de nouvelles perspectives. Durant le 1er semestre 2021, le Maroc a enregistré la plus forte progression des exportations textile vers l’UE.



« Secteur phare de l’industrie marocaine, le textile a été touché de plein fouet par la pandémie de Covid-19, faisant craindre le pire à ses opérateurs. Pourtant, 18 mois après le début de la crise sanitaire, il démontre sa grande résilience et renoue avec la croissance. Plus encore, durant le premier semestre 2021, le Maroc est le pays qui a enregistré la plus forte augmentation de ses exportations textiles vers l’Europe, avec un plus de 23%, renforçant ainsi sa position de partenaire clé de l’Union Européenne », souligne la Chambre Française de Commerce et d’Industrie du Maroc (CFCIM) dans son magazine mensuel « Conjoncture », édition de septembre 2021.

Sur la période 2014-2020, le textile a réalisé de bonnes performances : plus de 116.500 postes créés, dépassant l’objectif initial de 100.000 emplois.

S’agissant des exportations, la filière a également connu une croissance remarquable, réalisant un chiffre d’affaires supplémentaire de 5,5 milliards de dirhams, entre 2014 et 2019, dépassant l’objectif initial fixé à 5 milliards de dirhams au niveau des systèmes industriels.

Plan d’Accélération Industrielle

Ces bons résultats sont, en partie, le fruit du Plan d’Accélération Industrielle (PAI), lancé sur la période 2014–2020, indique la CFCIM, ajoutant que cette initiative, menée en étroite collaboration avec l’Association Marocaine des Industries du Textile et de l’Habillement (AMITH), a notamment permis de restructurer le secteur autour de six écosystèmes : « fast fashion », maille, distribution, denim, textile à usage technique et textile de maison.

Au sein de chacun d’entre eux, des partenariats conclus entre le ministère et les entreprises avaient pour objectif d’accroître les investissements, de créer et pérenniser les emplois, d’augmenter les exportations, de valoriser et développer les marques marocaines ou encore de démarcher de nouveaux donneurs d’ordres internationaux.

De plus, ce dynamisme, stimulé par le dispositif d’accélération industrielle, a été une véritable force d’attraction pour l’investissement dans le secteur. Le ministère a accompagné 203 projets, d’une valeur totale de 5,4 milliards de dirhams.

A terme, ces projets, répartis sur huit régions, créeraient 31.130 emplois et un chiffre d’affaires de plus de 12 milliards de dirhams, dont 8 milliards de dirhams à l’export. La CFCIM tient à noter également que l’écosystème de la « fast fashion » concentre 52% des investissements, tandis que celui du textile à usage technique, qui en représente 17%, émerge comme une filière prometteuse au Maroc. 2020 a été à la fois chaotique et héroïque.

En effet, la pandémie de Covid-19 est venue porter un coup d’arrêt brutal à la croissance du secteur. Dans un premier temps, le confinement a paralysé l’ensemble des usines, comme partout, et la chute drastique de la consommation à travers le monde a provoqué l’annulation de nombreuses commandes au Maroc.

Approvisionnement local et banque de projets

En réponse à l’appel Royal, poursuit la même source, la mobilisation de la filière a permis au Maroc de répondre aux besoins grâce à une fabrication locale des équipements de protection, et notamment les masques dont le port a été rendu obligatoire dans le cadre des gestes barrières.

A ce sujet, Fatima-Zohra Alaoui, DG de l’AMITH (Association Marocaine des Industries du Textile et de l’Habillement), a déclaré : « Ce fut une période exceptionnelle, bien que difficile. Le Maroc avait besoin de millions de masques dans des délais très courts et la situation était extrêmement complexe : confinement généralisé, déplacements sur autorisation, capacités limitées dans les usines, mesures barrières… ».

Pour profiter de cette nouvelle tendance et faire face aux pays concurrents, la CFCIM note que le Royaume doit se faire connaître et mettre en avant ses points forts, en plus de sa proximité géographique. Ainsi, lors du 3ème Rendez-vous de l’Industrie, en juin dernier, différents acteurs internationaux ont vanté les atouts du Maroc, dont sa stabilité politique, sa localisation privilégiée, sa main-d’oeuvre disponible et de qualité, ses infrastructures exceptionnelles,… De même, la CFCIM pense que le développement de la filière passe par une augmentation des investissements.

Dans le cadre du nouveau plan de relance industriel (2021- 2023), le ministère de l’Industrie a mis en place sur Internet, en septembre 2020, une banque de projets qui offre des opportunités d’investissement. Dans ce cadre, quatrevingt projets d’investissement textile d’une valeur de plus de 2,5 milliards de dirhams ont été retenus, créant environ 9000 emplois. La valeur du chiffre d’affaires local devrait atteindre 2,47 milliards de dirhams, et la valeur des exportations est de 3,17 millions de dirhams.

Nouveaux enjeux

En dépit de cette évolution favorable de la filière, souligne la CFCIM, les acteurs demeurent prudents et savent que la conjoncture reste fragile et à la merci d’une recrudescence de la pandémie. Aussi, ils ont conscience que leur industrie est en pleine mutation et que de nouveaux défis sont à relever.

Pour développer son offre et être encore plus compétitif, le Maroc sait par exemple qu’il doit renforcer l’amont textile, en incitant les entreprises à produire localement du tissu, mais aussi des fournitures et accessoires, tels que les boutons, les fermetures à glissière, etc. En s’appuyant sur une industrie toujours plus intégrée, le secteur gagnera en indépendance et son écosystème facilitera l’émergence de nouvelles marques marocaines.

Pour rester concurrentiels, les opérateurs ne doivent pas rater le virage de « l’industrie 4.0 ». Ils doivent ainsi continuer à innover en développant des centres de R&D, en investissant dans les nouvelles technologies, en formant les collaborateurs aux nouvelles techniques, ou encore en assurant une veille stratégique à l’international.

Enfin, la CFCIM fait constater que le développement durable est une problématique incontournable dans le secteur. D’une part, la taxe carbone européenne, attendue pour 2023, devrait imposer de nouvelles normes environnementales aux entreprises qui exportent vers l’Union Européenne, ce qui ne manquera pas de concerner, à terme, le textile. Il est donc temps de s’y préparer.

D’autre part, les consommateurs sont de plus en plus sensibles à la responsabilité sociétale des entreprises, ce qui devrait pousser les marques à relever leur niveau d’exigence dans ce domaine. La filière, qui regroupe 1628 entreprises employant 189.000 personnes (soit 22% des emplois de l’industrie nationale), génère un chiffre d’affaires de 50,48 milliards de dirhams, 36,5 milliards de dirhams d’exportations, ainsi qu’une valeur ajoutée de 15,88 milliards de dirhams.

A. CHANNAJE


Le textile à usage technique, un potentiel à explorer

Propulsé sur les devants de la scène depuis le début de la pandémie grâce à ses usages médicaux, le textile technique est au coeur d’un écosystème en pleine expansion au Maroc. Il représente 17% des investissements textiles réalisés dans le cadre du Plan d’Accélération Industrielle et s’inscrit dans une dynamique internationale prometteuse.

D’après la CFCIM, les domaines d’application des textiles à usage technique (TUT) sont au coeur de nombreuses industries et se développent chaque jour à travers le monde : dispositifs médicaux, matériaux de construction, renforcement des sols, matériels agricoles, protections chimiques, équipements sportifs, vêtements anti-feu… Ces tissus, qui sont recherchés pour leurs propriétés très spécifiques, répondent à des cahiers des charges stricts, ainsi qu’à de multiples normes, en fonction du domaine concerné.