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Stage de fin d’études : Un nouvel épisode des mésaventures estudiantines


Rédigé par Nabil LAAROUSSI Mardi 16 Février 2021

Pour achever leurs cursus académiques et récolter les fruits de plusieurs années de formation, les étudiants des écoles et instituts supérieurs sont amenés à effectuer un stage de fin d’études, obligatoire. Or la crise sanitaire rend la tâche quasi-impossible.



Stage de fin d’études : Un nouvel épisode des mésaventures estudiantines
Inass, étudiante en économie âgée de 23 ans, vit depuis bientôt un mois dans l’angoisse de devoir « retaper » l’année universitaire, à cause du nombre limité des offres de stages. Cette étudiante de l’ENCG Casa assure avoir cherché un stage, « partout » dans les entreprises de la métropole, correspondant à sa filière « Gestion Financière et Comptable », sans fin utile. Pourtant, Inass a fait du porteà-porte, envoyé « des piles de CV » et passé tout un tas de coups de fils.

Inass n’est qu’un exemple parmi des milliers d’étudiants, aujourd’hui noyés dans le désarroi, suite à l’incapacité de l’économie nationale à fournir suffisamment d’opportunité pour ces jeunes, pourtant considérés partout dans le monde, comme le moteur du développement.

Cependant, en raison des répercussions de la crise sanitaire, bien des entreprises ont dû réduire leurs effectifs, fermer boutique ou opter pour le travail à distance. Une situation qui a provoqué une baisse significative du nombre de stages proposés, et bien que les directions des écoles et instituts prévoient un département dédié à la recherche de stages, ce dernier se retrouve faible face à une conjoncture « où peu d’entreprises proposent d’accueillir des étudiants dans leurs enceintes », déclare Jalal Abdessamad, président de l’association des étudiants de l’ENIM.

Des filières plus impactées que d’autres

Logiquement, le degré de difficulté pour trouver un stage diffère d’une filière à une autre. A ce titre, Abdessamad Jalal précise, à titre d’exemple, qu’au sein de la filière « Génie Electromécanique », qui compte environ 80 étudiants en dernière année, seulement vingt ont pu jusqu’à présent trouver un stage, dont la majorité sont effectués dans de petits bureaux d’études « où l’encadrement laisse à désirer ». Les étudiants des filières « Génie énergétique » et « Génie Géotechnique », quant à eux, habitués à effectuer leurs stages à MASEN ou à l’OCP, ne trouvent plus d’offres de stage dans ces deux institutions, pourtant partenaires de l’ENIM.

Ces futurs ingénieurs ne sont toutefois pas restés les bras croisés et ont contacté des responsables de l’OCP pour les exhorter à trouver des solutions à la problématique. Les réponses rencontrées, loin d’être satisfaisantes, sont toutefois justifiées: « Même les employés sont en télétravail », « Les encadrants ne sont pas présents sur place », « Seul le département production est en présentiel » … Dans cette malheureuse histoire, les étudiants des filières d’informatique sont les moins affectés par la crise sanitaire. Grâce aux plateformes dédiées, aux clubs parascolaires ou aux conventions des écoles avec les entreprises, ces derniers ne peinent pas autant à trouver des stages, nous rapporte Abdelhalim Asfiri et Salah Eddine El Fouhiri, présidents respectifs des associations des étudiants de l’ENSIAS et de l’INPT. Cependant, un nouveau paramètre surgit pour apporter une grande défaillance à ces stages.

Le stage à distance : une nouvelle norme de défaillance

Au vu des mesures de précaution et avec le recours massif au télétravail, les entreprises qui arrivent encore à accueillir des stagiaires optent la plupart du temps pour des stages à distance qui présentent l’apparence d’une solution adaptée mais reste une alternative trompeuse. D’ailleurs, tous les étudiants interrogés s’accordent à dire que la qualité d’accompagnement se verra détériorée. D’autant plus que les stages en plus d’apporter un encadrement aux futurs lauréats, servent à découvrir le monde de l’entreprise avec ses différentes composantes. Chose qui sera impossible dans cette éventualité.

En outre, Abdessamad Jalal va plus loin et assure que pour des filières, telles que l’électromécanique, la géotechnique ou encore l’industrie, « il est inconcevable d’imaginer un stage sans la présence au chantier », et appuie en ajoutant « comment peut-on prétendre être ingénieur en génie civil, par exemple, et élaborer des plans de construction de grands projets sans avoir été sur le chantier ».

Internats et logement des étudiants-stagiaires: une question qui refait surface

« Le logement dans les internats durant la période n’est pas juste important, il est crucial et déterminant », nous confie Abdelhalim Asfiri, appuyé par Abdessamad Jalal. « Plusieurs étudiants viennent de diverses régions et les opportunités de stages sont naturellement concentrées à Casablanca et Rabat », nous explique Asfiri. Les étudiants se retrouvent obligés de louer un appartement à leurs frais, à défaut de disponibilité de l’internat et sont donc contraints de refuser un stage « pour des raisons financières ». D’autant plus que les stages trouvés jusqu’à présent ne sont pas rémunérés, contrairement aux années précédentes où les étudiants bénéficiaient d’une rémunération dans les environs de 1500 DH. « Nous espérons sincèrement que notre administration prenne ces facteurs en considération et ouvre les portes de l’internat ».

Nabil LAAROUSSI