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Somnifères : sont-ils dangereux pour la santé ?


Rédigé par Meryem EL BARHRASSI le Dimanche 11 Septembre 2022

La consommation régulière des somnifères est accompagnée d’un certain nombre de risques qui l’emportent probablement sur les avantages. Ce médicament est censé représenter une solution exceptionnelle. Effets indésirables, dépendance, accoutumance, efficacité modérée sur un très court terme : les somnifères ne sont pas une panacée.



Les problèmes de sommeil sont devenus très courants. Plusieurs personnes se plaignent de troubles de sommeil, de l’éveil ou de l’insomnie, notamment les seniors. Ils ont donc recours aux somnifères sur ordonnance et en vente libre pour réussir à dormir. Or, les experts trouvent cette habitude très inquiétante, pour différentes raisons. Des études ont établi un lien entre l’utilisation régulière et à long terme des somnifères et certains effets secondaires potentiellement graves.

En effet, ces médicaments contiennent une molécule qui bloque l’activité de l’acétylcholine, une substance chimique du cerveau associée à l’activation musculaire, la vigilance, l’apprentissage et la mémoire. Ces produits peuvent également provoquer de la constipation, un état de confusion et d’autres effets secondaires plus susceptibles d’affecter les personnes âgées.

De nombreux effets secondaires

Ces effets secondaires peuvent provoquer une « cascade » d’ordonnances. Quand une personne se plaint d’un symptôme lié au somnifère, sans savoir que le médicament en est à l’origine, elle peut se faire prescrire un autre traitement pour se soigner, qui risque d’engendrer d’autres problèmes, et ainsi de suite. Un autre facteur de risque inquiète les experts : l’utilisation à long terme des somnifères pourrait augmenter considérablement les risques de démence. Ce lien n’a pas été vérifié à 100% et nécessite d’autres recherches pour y voir plus clair.

Pour Dr Berrada, médecin spécialiste du sommeil, ces risques potentiels, ainsi que les effets secondaires à court terme observés chez les patients, tels que des maux de tête, des étourdissements, des nausées, des vomissements et des hallucinations, poussent les professionnels de santé à rappeler que les somnifères sont censés être consommés avec prudence.

« Ce médicament n’est pas une solution efficace à long terme pour l’insomnie, ni pour les douleurs chroniques ou les problèmes nerveux », indique-t-il. En cas de trouble du sommeil lié au stress, « la thérapie cognitivo-comportementale ainsi qu’une routine de sommeil ou la pratique de la méditation ont donné de très bons résultats. Les somnifères ne devraient représenter qu’une solution exceptionnelle », recommande le spécialiste.

« Pour le coeur, les somnifères n’ont pas forcément d’effet néfaste. D’ailleurs les cardiologues prescrivent beaucoup d’anxiolytiques et des somnifères à des personnes qui viennent de faire un accident cardiaque. Le coeur qui est accéléré en cours de nuit et avec beaucoup d’émotions associées à une insomnie, va faire que la personne va être plus à risque. Pour le cerveau, les somnifères ont des effets sur la mémoire, mais aussi sur la dépendance et l’accoutumance », détaille Dr Berrada.

Dans quels cas ces médicaments sont-ils utiles ?

« D’abord, il faut veiller à avoir une bonne hygiène du sommeil. Les médicaments doivent être pris quand c’est indispensable », souligne Dr Hicham Berrada. Les somnifères sont appropriés en cas d’insomnies aiguës. « Ce sont les insomnies d’ajustement après, par exemple, un accident de la vie comme un deuil, une maladie, un déménagement », explique le spécialiste. En cas d’insomnies chroniques, ils ont leur place, dans certaines situations. Par exemple, lorsqu’on a besoin d’être performant le lendemain, un souci majeur chez les insomniaques. « Les hypnotiques sont aussi utiles lorsque la souffrance psychique est très importante », poursuit Dr Berrada.

Un risque d’accumulation

Les somnifères sont particulièrement dangereux chez les plus âgés qui les éliminent moins vite. D’où le risque d’accumulation, source de surdosage et d’effets indésirables. Ils sont ainsi responsables de chutes et de fractures. « Quand vous vous réveillez la nuit pour aller aux toilettes, vous ne savez plus où vous êtes, c’est le syndrome confusionnel lié à ces molécules. À ce moment-là, vous risquez de tomber », explique Dr Berrada.

Mieux vaut éviter de l’avaler lorsque l’on est installé devant la télé, afin de ne pas être trop somnolent au moment de se coucher. Les somnifères sont aussi responsables de troubles de la mémorisation immédiate. « La plupart ne posent pas de problème d’attention le lendemain, notamment pour les conducteurs de véhicules. En revanche, si l’on se réveille au milieu de la nuit, ne jamais reprendre un hypnotique », met en garde notre spécialiste.



Meryem EL BARHRASSI


Ne jamais arrêter brutalement
 
Il est certes difficile de se sevrer d’un seul coup car la dépendance est non seulement physique mais aussi psychologique. La volonté seule ne suffit pas. De plus, en raison du phénomène d’accoutumance, un arrêt brutal peut déclencher des effets rebonds, c’est-à-dire la réapparition ou l’aggravation des troubles du sommeil. C’est pourquoi beaucoup d’accros aux somnifères replongent après une tentative de sevrage mal engagée. La meilleure solution ? Choisir le moment adéquat et réduire la médication de manière très progressive. On ne se lance pas dans un processus de désintoxication en période de stress aigu. Parfois, l’arrêt du médicament peut ainsi être source de mal-être, d’anxiété, d’irritabilité, voire de déprime. Le mieux est de déterminer avec son médecin traitant la date la plus favorable.
 







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