- Les classes préparatoires sont-elles toujours une voie royale pour les meilleurs élèves ?
- Choisir les classes préparatoires scientifiques et technologiques, c’est opter pour un parcours exigeant mais valorisant, reconnu pour la qualité des compétences qu’il confère.
Ce système de formation rigoureux permet aux étudiants d’acquérir une méthode de travail solide, des capacités avancées d’analyse et de synthèse, et une discipline intellectuelle qui constituent de véritables atouts pour la poursuite des études supérieures et l’insertion professionnelle.
Selon les statistiques du ministère de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports, et concernant la liste principale, avec près de 271.271 candidatures pour seulement 4.985 places, les CPGE publiques au Maroc confirment leur statut de filière ultra-sélective.
Les filles y sont majoritaires (plus de 54 % des admis), illustrant leur forte réussite scolaire. Le profil des élèves retenus est très élitiste : plus de 8 sur 10 ont décroché une mention Bien ou Très Bien au baccalauréat. Il convient toutefois de préciser qu’une partie des admis s’oriente vers d’autres écoles après la publication de leurs résultats, ouvrant ainsi la voie aux listes d’attente.
La performance et le rayonnement des CPGE au Maroc reposent essentiellement sur la qualité de leur corps enseignant et sur l’efficacité de leur staff administratif. Ces centres d’excellence exigent des ressources humaines hautement qualifiées, capables de répondre aux exigences académiques élevées et au rythme intensif qui caractérisent ce type de formation.
- Comment s’organise l’encadrement pédagogique dans les CPGE ?
- La majorité des enseignants exerçant dans les CPGE sont titulaires du diplôme de l’agrégation de l’éducation et de la formation, reconnu pour son niveau d’exigence scientifique et pédagogique, ou sont des professeurs de l’enseignement secondaire qualifiant, spécialisés dans des disciplines en adéquation avec les filières concernées.
À ces profils s’ajoutent des enseignants détenteurs d’un doctorat, apportant une valeur ajoutée en matière de recherche, de rigueur méthodologique et d’actualisation des connaissances.
L’accès à l’enseignement dans ces centres fait l’objet d’un processus de sélection particulièrement strict. Les candidats sont tenus de déposer des dossiers de candidature détaillés, puis de passer des entretiens devant des commissions scientifiques spécialisées, désignées par le ministère de tutelle.
Ce mode de recrutement garantit la sélection d’enseignants disposant non seulement d’un excellent niveau académique, mais également de compétences pédagogiques avérées, indispensables pour la formation, l’accompagnement et le suivi des élèves des classes préparatoires.
Au-delà de l’enseignement des contenus disciplinaires, ces enseignants jouent un rôle central dans l’encadrement pédagogique et humain des élèves. Ils assurent un suivi régulier et individualisé des têtes de promotion comme des élèves en difficulté, les aident à développer des méthodes de travail rigoureuses et les préparent aux exigences intellectuelles et psychologiques des concours.
Les qualifications et compétences dont ils disposent leur permettent ainsi de former des profils autonomes, performants et capables de relever les défis des grandes écoles.
Parallèlement, le staff administratif contribue de manière déterminante au bon fonctionnement des centres de classes préparatoires. Il est chargé de la gestion administrative, de l’organisation logistique et de la coordination entre les différents acteurs pédagogiques, et crée un environnement stable et structuré, indispensable à la réussite des élèves et à l’efficacité du corps enseignant.
- Quid de la situation financière de ce staff d’encadrement ?
- Au regard des responsabilités élevées et des contraintes spécifiques liées à ce type d’enseignement, la question de la valorisation et de la motivation de ces cadres demeure centrale.
Il apparaît aujourd’hui nécessaire de mettre en place un statut particulier, juste et incitatif, à travers l’adoption d’un cadre réglementaire adapté, à l’image de ce qui est pratiqué en France, pays pionnier et référence internationale en matière de classes préparatoires.
Une telle reconnaissance contribuerait à renforcer l’attractivité de ces postes, à fidéliser les compétences et à consolider durablement la qualité de l’enseignement dispensé dans les classes préparatoires au Maroc.
- Les CPGE publiques sont-elles suffisamment dotées en moyens matériels ?
- Au cours des dernières années, les CPGE au Maroc ont connu une évolution significative en matière de moyens matériels, logistiques et organisationnels. Cette amélioration progressive s’inscrit dans la volonté des pouvoirs publics de renforcer la qualité de la formation dispensée et de créer un environnement favorable à l’excellence académique, en adéquation avec les exigences de ce type d’enseignement sélectif.
Parmi les évolutions majeures enregistrées figure le recours au mode de gestion déléguée pour certains services au sein des centres de CPGE. Plusieurs académies régionales de l’éducation et de la formation ont ainsi opté pour ce modèle afin d’améliorer la qualité des services annexes, notamment en matière de restauration, d’hébergement, d’entretien, de nettoyage et de sécurité.
Cette approche a permis d’alléger la charge administrative des établissements et de garantir de meilleures conditions de vie et de travail aux élèves.
Par ailleurs, les CPGE ont bénéficié de dotations en équipements et en infrastructures grâce à des partenariats stratégiques noués avec des institutions nationales de premier plan.
Dans le cadre de la mise en œuvre d’accords de partenariat, certaines institutions, à l’instar de la Fondation de l’Office Chérifien des Phosphates (FOCP) et d’autres organismes publics ou privés, ont contribué à la formation continue des personnels des CPGE, à l’équipement de plusieurs centres en matériel pédagogique, en laboratoires scientifiques, en outils numériques et en ressources didactiques modernes.
Ces initiatives ont indéniablement renforcé les capacités des CPGE et amélioré les conditions d’apprentissage. Cependant, malgré ces avancées notables, les moyens actuellement mis à la disposition des classes préparatoires marocaines demeurent en deçà de ceux dont disposent les établissements à partenariat publics- privés ou homologues.
Cette situation soulève la question du principe d’égalité des chances entre les élèves, dans la mesure où les étudiants des CPGE marocaines et ceux des établissements partenaires sont appelés, in fine, à passer les mêmes concours d’accès aux écoles et instituts supérieurs d’ingénieurs, au Maroc comme à l’international.
Dans ce contexte, le renforcement des investissements en infrastructures, en équipements scientifiques de pointe, en ressources numériques et en conditions de vie estudiantine apparaît comme un impératif stratégique. Il s’agit non seulement d’améliorer le rendement pédagogique, mais aussi de garantir aux élèves des CPGE des conditions comparables à celles offertes par les institutions partenaires, afin de leur permettre de concourir dans un cadre équitable.
- Comment améliorer durablement les conditions de fonctionnement des CPGE ?
- L’élévation de la performance du système public des classes préparatoires au Maroc appelle une mobilisation collective et responsable de l’ensemble des acteurs, chacun à son niveau.
Ces centres ont démontré, au fil des décennies, qu’ils constituent la pierre angulaire du système national de formation d’ingénieurs : il ne peut y avoir de grandes écoles fortes sans classes préparatoires solides, ni d’élite d’ingénieurs sans une préparation rigoureuse et exigeante.
Aujourd’hui plus que jamais, ces institutions méritent un soutien renforcé, car elles représentent une étape décisive dans le parcours de l’étudiant, conditionnant sa capacité à réussir une formation d’ingénierie de haut niveau et à permettre aux écoles d’ingénieurs marocaines de maintenir leur rang et de remplir pleinement leur mission dans l’excellence académique et l’avenir du capital humain du pays.
Biographie
Mouloud Laghrissi est un professeur agrégé de l’éducation et de la formation, docteur en sciences physiques de la Faculté des sciences de l’université Mohammed V de Rabat. Ancien enseignant au sein des CPGE, il a occupé des fonctions de direction dans plusieurs centres de classes préparatoires à travers différentes régions du Royaume. Il est actuellement directeur du Centre des classes préparatoires, relevant de la direction provinciale de Tétouan de l’Académie régionale de l’éducation et de la formation de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima.
Les analyses et positions développées dans cet article s’inscrivent exclusivement dans le cadre de sa vision personnelle, nourrie par une longue expérience de terrain et un parcours riche en matière d’enseignement, de gestion administrative et de pilotage pédagogique au sein des classes préparatoires publiques au Maroc.
Les analyses et positions développées dans cet article s’inscrivent exclusivement dans le cadre de sa vision personnelle, nourrie par une longue expérience de terrain et un parcours riche en matière d’enseignement, de gestion administrative et de pilotage pédagogique au sein des classes préparatoires publiques au Maroc.























