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Sahara : Résolution du Conseil de Sécurité, coulisses du vote, plan d’autonomie, Algérie… Les révélations inédites de Nasser Bourita


Rédigé par L'Opinion Samedi 1 Novembre 2025

Le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a livré des détails inédits à propos de la résolution historique du Conseil de Sécurité sur le Sahara et les coulisses de son adoption. Le Chef de la diplomatie marocaine a expliqué en quoi le texte adopté au nom de la communauté internationale est une consécration sans équivoque de la souveraineté marocaine. Voici l’essentiel à retenir.




Le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, a été, ce dimanche, l’invité de 2M lors d’une émission spéciale consacrée à la résolution historique du Conseil de Sécurité sur le Sahara. 

Le ministre a livré la perception marocaine de cette décision qui marque un tournant et ouvre à la voie à la résolution définitive du conflit du Sahara sur la base du plan d’autonomie. 

Il s’agit de l’aboutissement d'un travail de longue haleine de la diplomatie marocaine pendant 26 ans sous la conduite de SM le Roi dans le cadre d’une vision cohérente. “C’est le résultat de la diplomatie des actes et d'une approche de long terme qui a pu atteindre ses objectifs en allant étape par étape”, s’est félicité Nasser Bourita, rappelant qu'il s'agit du fruit de l'engagement personnel de SM le Roi depuis son accession au trône.

"N'oublions pas d'où nous avons commencé. Jusqu'en 1998, on parlait encore de référendum et d'un règlement où l'option séparatiste était une des options", a rappelé le ministre, ajoutant que le Maroc sous la conduite du Souverain est parvenu à déplacer le processus onusien de la logique du référendum qui ne menait nulle part vers la proposition d'autonomie qui fut, selon lui, préparée dès 2004, avant d'être présentée trois ans plus tard. 

La résolution 2797 est également le fruit de la capacité du Maroc à rallier la communauté internationale à ses côtés. Les deux tiers soutiennent des pays membres de l'ONU soutiennent le plan d'autonomie grâce à la mobilisation constante de la diplomatie marocaine qui a su au fil des années  pousser plusieurs pays, notamment les grandes puissances influentes dans ce dossier comme la France, l'Allemagne, l'Espagne et le Royaume-Uni, à changer leur position au profit du Royaume. 

Nasser Bourita a insisté sur le fait que la résolution historique a été votée par une large majorité sans aucune opposition formelle sachant que le seul pays véritablement opposé, en l'occurrence l'Algérie, n'a pas participé au vote. 
 
Le ministre a rappelé que l'adoption du texte n’a pas été facile étant donné la complexité de la composition du Conseil de sécurité qu’il juge plus difficile que l’année dernière avec des membres ayant des agendas et des calculs différents. 


En dépit de cette configuration épineuse, le Maroc a réussi à récolter une large majorité de 11 voix grâce à un travail de conviction et de pédagogie qui a duré jusqu'à la dernière minute.  Selon le Chef de la diplomatie marocaine, SM le Roi s'est investi personnellement pour convaincre les chefs d'Etat des pays membres du Conseil et resté mobilisé jusqu'à la dernière minute. 

Au début, il y a eu 9 pays favorables au texte proposé par les Etats Unis avant d’atteindre 11 finalement grâce à la mobilisation sans arrêt du Royaume et ses alliés. 
 
Concernant les abstentions, M. Bourita est revenu sur le cas de la Chine et de la Russie. L’attitude de Pékin est due, selon lui, à sa relation compliquée avec les Etats-Unis, le porte-plume. Pour ce qui est de Moscou, son abstention est en soi un geste amical à l'endroit du Maroc et SM le Roi eu égard au partenariat stratégique conclu en 2016, selon le ministre, qui a fait remarquer que la Russie n'a pas oublié la neutralité du Maroc dans le conflit russo-ukrainien malgré sa relation privilégiée avec le camp occidental. 
 
S'agissant du Pakistan, dont l’abstention a surpris les observateurs vu ses relations historiquement amicales avec le Royaume, Nasser Bourita a attribué ce geste à la question du Cachemire.
 
Le ministre a rappelé qu’il y a un avant et un après cette résolution historique qui consacre une solution dans le cadre de la souveraineté marocaine pour plusieurs raisons. 
 
Sur la forme, la résolution 2797 est radicalement différente des textes précédents aussi bien sur la forme que sur le fond. 
 
Au nom de la communauté internationale, le Conseil de sécurité se déclare sans équivoque pour une solution sous la souveraineté marocaine. 

Le plan d'autonomie est désormais le point de départ et d'arrivée, selon le ministre. “L'autonomie sous souveraineté marocaine est aujourd’hui la base de négociation”, a-t-il insisté, rappelant que “les parties au conflit, notamment l'Algérie, sont expressément mentionnées de façon à ce qu'il n'y ait aucun doute. 

Le Conseil de Sécurité, a poursuivi M. Bourita, fixe un calendrier clair pour parvenir à une solution négociée sur la base de l'autonomie. Un an pour y arriver. Il n'y a donc plus de marge de manœuvre pour ceux qui cherchent à gagner du temps, a fait observer le ministre. 
 
Pour ce qui est de la forme, le projet de résolution initial porté par Washington a fait l’objet de 45 amendements, dont 90% étaient prévisibles par la diplomatie marocaine, selon le diplomate. 
 
Concernant la MINURSO , la prolongation de son mandat d'un an ne sert nullement les intérêts des adversaires du Royaume dans le sens où son rôle n'est plus associé au référendum qui est définitivement enterré.
 
“Le rôle de la MINURSO consiste seulement à épauler le Secrétaire général des Nations Unies et son envoyé personnel et à leur apporter un soutien logistique dans le cadre fixé par la nouvelle résolution”, a expliqué M. Bourita. 
 
La mention de l'autodétermination ne change rien à la trajectoire tracée par le Conseil de Sécurité vers une solution basée désormais sur l'initiative d'autonomie. “Le plan d'autonomie est la traduction concrète de l’autodétermination qui s’exerce sous différentes formes notamment par les élections à travers lesquelles les habitants des provinces du sud élisent librement leurs représentants à l'échelle législative et locale dans le cadre du processus démocratique. 
 
Maintenant, le Maroc s’apprête à détailler son plan présenté en 2007 qui est consacré comme la base de toute solution envisageable. Selon Bourita, la version présentée en 2007 sera actualisé pour prendre en compte des éléments liés à l'évolution institutionnelle du Maroc tels que la Constitution de 2011 et la régionalisation avancée. 

Interrogée sur la volonté américaine de réconcilier le Maroc et l’Algérie, Nasser Bourita a déclaré que les deux pays n'ont pas forcément besoin de médiation. Le Royaume est convaincu d'un dialogue direct. “Le Maroc connaît mieux que quiconque l'Algérie et l'Algérie connaît mieux que tout autre pays le Maroc”, a-t-il argué. 
 
Du point de vue marocain, a insisté le ministre, l’Algérie n’a pas à se sentir dépassée ou humiliée par la résolution du Conseil de sécurité. Il a rappelé le discours royal du trône où le Souverain a parlé d’une “solution consensuelle qui sauve la face à toutes les parties, où il n’y aura ni vainqueur ni vaincu”.
 
La main tendue une nouvelle fois par SM le Roi au président algérien à un dialogue fraternel prouve la constance de la position du Royaume à l’égard de son voisin.