Comme de coutume, il fallait aborder la question du Sahara. Tebboune en a parlé brièvement lors de la conférence de presse conjointe. Il a réitéré la nécessité de parvenir à une solution politique conforme à la légalité internationale qui tienne compte “du droit inaliénable du peuple sahraoui” à disposer de son destin. Il a également renouvelé le soutien de l’Algérie aux efforts de l’envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies, Staffan de Mistura.
Parler de solution politique renvoie aux négociations dans le cadre fixé par la dernière résolution 2797 du Conseil de sécurité qui a appelé les parties prenantes, y compris l'Algérie, à négocier sur la base de l'initiative marocaine qui, de facto, est érigée en cadre exclusif de toute solution envisageable.
Depuis l’adoption du verdict onusien, auquel l’Algérie n’a même pas pu s’opposer au Conseil de sécurité par désespoir, Alger et le Polisario cherchent tous les prétextes imaginables pour ne pas négocier. L’Algérie continue de renvoyer le Maroc et le Polisario dos à dos comme si elle n'était pas partie au conflit, faisant fi d’être citée expressément dans le texte.
Depuis le 31 octobre, l’Algérie s’est retrouvée piégée. Elle, qui se faisait le chantre de la légalité internationale, a dû mal à se soumettre à une décision de l’ONU qu’elle ne cesse pourtant de vanter. Paradoxe!
Les responsables algériens ont toujours prétendu qu’ils accepteront tout que se décidera le Conseil de sécurité. Les faits sont têtus. Le président Tebboune a lui-même pris cet engagement dans un entretien accordé à la chaîne Al Jazeera. Maintenant que la trajectoire fixée par l’ONU ne convient pas, toutes les excuses sont bonnes pour faire marche arrière.
Le désarroi est tel qu’Alger multiplie les tentatives de diversions. Pour échapper à l'inéluctable, le régime est prêt à tout, quitte à se ridiculiser. Le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a proposé “une médiation” entre le Maroc et le Polisario.
Pour sa part, le front séparatiste, reste aussi dans le déni. Son ancien soi-disant représentant en Europe, Oubi Bucharaya Bachir, a prétendu à la BBC que le plan d'autonomie n’est pas le seul cadre de discussion et que le référendum reste encore une solution médiane.
Toutefois, le mouvement montre des signes prudents d'ouverture. En témoigne la récente déclaration du chargé de la politique internationale, Mohammed Yeslam Beissat, l’agence espagnole EFE. Selon lui, le front est disposé à négocier avec le Maroc l'avenir du Sahara en attendant un calendrier clair.
Le Polisario sombre dans ses propres contradictions. D’un côté, il juge la résolution équilibrée, tout en lui reprochant d’être favorable à la thèse marocaine. D’autres figures du front tiennent des propos contradictoires. Ils n’osent pas rejeter le verdict onusien tout en désapprouvant son contenu.
Isolé et privé du soutien de l’Algérie qui n’a plus rien à lui offrir, le Polisario est face à l’impasse : négocier dans les termes fixés par l’ONU ou disparaître. Donc, à scruter les déclarations des dirigeants Algériens, on comprend une chose : ceux-ci se résignent à négocier mais redoutent de parler d’autonomie au moment où l’option référendaire est définitivement enterrée.
Le texte de la résolution est d’une clarté limpide : Le plan d’autonomie y est cité six fois sans aucune mention du référendum qui n’est plus à l’ordre du jour depuis longtemps.
“Le Conseil de sécurité demande aux parties de participer aux discussions sans conditions préalables et sur la base du plan d’autonomie proposé par le Maroc afin de parvenir à une solution politique définitive et mutuellement acceptable qui assure l’autodétermination”, lit-on sur la version officielle telle que publiée sur le site des Nations Unies. L’ONU considère qu'une autonomie véritable pourrait représenter une solution des plus réalistes.
Le conseiller du président américain pour l’Afrique et le Moyen orient, Massad Boulos, a lui même insisté sur le fait que l’autonomie est le seul fondement d’une solution durable.
Le monde entier, sauf l’Algérie, a retenu que le verdict onusien est une consécration de la souveraineté marocaine.
De son côté, l’émissaire onusien, Staffan de Mistura, s’apprête à réunir les parties concernées. Au lendemain de l’adoption de la résolution onusienne, il a fixé le cap. Dans une conférence de presse tenue depuis Bruxelles, il a fait part de sa volonté de réunir les parties dans un délai de deux mois pour relancer le processus politique. Le schéma imaginé pour l’instant ressemble aux tables rondes qui n’ont pas eu lieu depuis 2019.
Quoiqu’il en soit, les négociations sont inéluctables. Les Etats-Unis proposent de les accueillir. Un accord devrait avoir lieu avant la fin du mandat renouvelé de la MINURSO le 31 octobre 2026. Entre-temps, le secrétaire général est prié de rendre compte de l’évolution du processus politique dans six mois.





















