En déplacement en Afrique dans le cadre d'une tournée officielle, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken maintient l'ambiguïté sur la position de son pays vis-à-vis de la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara, en refusant de l'exprimer clairement. Interrogé sur ce point par les journalistes de la BBC Africa auxquels il a accordé une interview, le chef de la diplomatie américaine s'est montré laconique tout en tâchant d'éluder la question, ce qui est étonnant de la part d'une administration qui a soutenu récemment le Maroc lors de la dernière réunion du Conseil de Sécurité.
Sans répondre clairement, Antony Blinken est resté fidèle à la ligne adoptée par l'administration de Joe Biden, en préférant parler des efforts des Nations Unies plutôt que de réaffirmer expressément la décision prise par Donald Trump. «Nous sommes maintenant très concentrés sur le soutien aux efforts de l'Envoyé des Nations Unies Staffan de Mistura, et à un processus dirigé par l'ONU pour trouver une solution durable et digne. C'est l'objet de nos efforts», a déclaré le secrétaire d'Etat, tout en éludant la question de savoir si son administration pourrait revenir sur la décision prise par Trump. "Nous nous concentrons sur ce processus de l’ONU, en contribuant à le faire avancer. Nous discutons avec toutes les parties concernées. À l’heure actuelle, l’accent devrait être mis sur ce que l’ONU fait, encore une fois, pour trouver une solution durable et digne", a-t-il réitéré.
En dépit de l'ambiguïté de la communication de l'administration américaine sur le dossier du Sahara, toutes les actions entreprises par les Etats-Unis sur ce dossier laissent entendre que l'administration démocrate entérine la proclamation présidentielle signée par Donald Trump. Le porte-parole du Département d'Etat a clairement fait savoir qu'il n'y aura aucun changement de la position des Etats-Unis sur le Sahara, des propos confirmés par le Secrétaire d’État adjoint par intérim aux Affaires du Proche-Orient, Joey Hood, lors de sa dernière visite au Maroc.
En effet, les Etats-Unis reconnaissent la marocanité du Sahara, tout en contribuant aux efforts des Nations Unies en vue de trouver une solution durable au conflit qui dure depuis 1975. Le Maroc est pour sa part dans la même longueur de vue, le discours royal à l'occasion de l'anniversaire de la Marche Verte a fait savoir que le Sahara ne sera jamais objet de négociations, et que le Royaume adhère tout de même aux efforts des Nations Unies afin de trouver une solution pacifique au conflit artificiel. Une solution qui ne peut aller au-delà de l'autonomie du Sahara dans le cadre de la souveraineté marocaine.
Rappelons que l'administration de Joe Biden est confrontée à une forte pression du lobby pro-algérien au Sénat américain. Sous la houlette du sénateur James Inhofe, quelques sénateurs républicains et démocrates multiplient les initiatives pour pousser le président américain à revenir sur la décision de Donald Trump. Toutes ces initiatives sont vouées à l'échec, en témoigne la récente déception qu'a subie le lobby susmentionné. Lequel a échoué à faire passer un amendement proposant la restriction de la coopération militaire bilatérale entre le Maroc et les États-Unis.
