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Retro/Verso : Retour sur l’épopée de Mexico86 avec Khairi et Timoumi


Rédigé par Houda Belabd Mardi 13 Décembre 2022

A tout point de vue, la Coupe du Monde au Mexique, celle de 1986, a permis à plusieurs générations marocaines fanatiques du ballon rond, de croire dur comme fer en une réédition de cette épopée et, pourquoi pas, pousser encore la barre plus haut. Flashback.



1986. L’équipe de football marocaine participe à la Coupe du Monde, sa deuxième participation à cette manifestation. Le Royaume franchit le premier tour en terminant en tête de son groupe mais se fait éliminer en huitième de finale, en inscrivant trois buts et en en concédant deux. Ce résultat avait constitué jusqu’à ce Mondial sa meilleure performance sur le plan international.

«La sélection marocaine a porté haut le drapeau bicolore lors de notre participation à la Coupe du Monde de football au Mexique en 1986. En toute modestie, je suis, et nous tous sommes fiers d’avoir ouvert le bal des exploits marocains à l’échelle internationale. Il faut bien dire que le simple fait de participer à une Coupe du Monde est un exploit en soi ». Ces mots pleins de fierté sont de l’attaquant marocain Abderrezak Khairi, tête d’affiche du Mondial 1986.

Abderrezak Khairi est, en effet, un footballeur marocain de premier rang. Né à Rabat en 1962, il a été attaquant de l’équipe nationale marocaine et a marqué deux buts contre le Portugal, lors de la Coupe du Monde 1986, permettant au Maroc de se hisser au deuxième tour. Mais revenons à cette épopée que l’on ne peut que qualifier d’épique : le Maroc est l’un des deux représentants du continent africain à la Coupe du Monde 1986. Au second tour des qualifications africaines, Madagascar et la Libye ont tiré profit de la mise à l’écart du Lesotho et du Niger au premier tour.

En battant la Libye au second tour, le Maroc accède à la phase finale de la Coupe du Monde 1986. Pour sa deuxième participation, le Royaume du Maroc revient sur le sol mexicain 16 ans après l’édition de 1970. Il réalise un match nul contre la Pologne, puis un autre contre l’Angleterre et ensuite il bat le Portugal 3-1 et devient la première équipe africaine à franchir le premier tour d’une phase finale mondiale, de surcroît en arrivant en tête de son groupe. Quel est le secret d’un tel succès ? « En 1986, l’ambiance générale dénotait la relation fusionnelle au sein du groupe. La tactique de notre coach était pointilleuse. Ce fut l’élément clé pour le succès, aussi modeste fut-il, j’en conviens, de notre équipe », se souvient Mohammed Timoumi, avant de poursuivre avec une once de nostalgie : «Au Mexique, nous avons été reçus en grande pompe. Les éléments de l’équipe nationale se sont sentis chez eux, ce qui a influencé positivement le moral et les performances de tous ses membres. Nous avons représenté notre pays et notre continent avec dignité ».

«A l’instar de la formation nationale actuelle, les joueurs de 1986 était pétris de talent. Leur aura a fait des émules et les colonnes de la presse internationale s’est faite l’écho de leurs prouesses qui ont résonné pendant des lustres et des lustres », témoigne modestement à la troisième personne Abderrezak Khairi qui a inscrit son équipe dans l’Histoire du football africain à tout jamais. « Notre père spirituel et notre leitmotiv était feu Hassan II. Ses encouragements, même au moment de l’annonce du résultat de notre insuccès en huitième de finale, nous ont marqués à vie », poursuit-il.

«La Coupe du Monde au Qatar aura donné l’occasion au commun des mortels de constater de visu les prouesses footballistiques du Royaume du Maroc. Travailler dur et suivre les instructions de l’entraîneur national à la lettre, finit inéluctablement par propulser sur les devants de la scène une équipe qui vit par et pour le désir de réussir », affirme la légende Mohammed Timoumi ou Hammouda pour son public de Rabat.

Les vedettes du Mondial 86

Mis à part Timoumi et Khairi, la Coupe du Monde 1986 a également vu la participation d’éminents footballeurs du calibre d’Abdelkrim Merry, alias Krimou, un footballeur professionnel né en 1955 à Casablanca. Il était à la pointe de l’attaque.

Réputé l’un des joueurs les plus performants de sa génération, il s’est illustré tout le long de sa carrière par sa grande combativité et sa verve sur les terrains. Grand finisseur dans le football français (il a joué dans 8 clubs d’élite), il a inscrit 103 goals en 337 matchs en première division. Cette Coupe légendaire a aussi été marquée par la brillante performance de Azzedine Amanallah, un joueur international marocain, né en 1956 qui a exercé en France pour les Chamois Niortais.

Azzedine a débuté sa carrière au club d’El Jadida où il a évolué du niveau junior à la première division, et ce, pendant environ dix ans. Il a signé en 1983 à Besançon, club au sein duquel il évoluait en deuxième division, pour un contrat de trois ans. Doté d’une technique singulière, d’un sens tactique particulièrement affûté et d’une capacité à taper dans le ballon des deux pieds, il a signé dans le livre d’or de l’Histoire sportive en tant que joueur ayant réuni toutes les vertus d’un footballeur accompli.


Houda Belabd

3 questions à Abderrezak Khairi

« Notre réussite c’était d’abord de faire partie de ce Mondial et d’y donner le meilleur de nous-mêmes »

Parce que la sélection nationale de 1986 a ouvert le bal des exploits footballistiques marocains, il convient de donner la parole à un de ses porte-drapeaux, soit au grand butteur Abderrezak Khairi, attaquant de l’équipe nationale du Maroc qui a marqué deux buts contre le Portugal en Coupe du Monde 1986.

-Quelles étaient les valeurs de la sélection nationale présente au Mondial 1986 ? Pourrait-on les transposer sur l’équipe actuelle ?

- A quelques détails près, nous avions les mêmes valeurs nationalistes et marocophiles que la sélection actuelle. Nous sommes allés au Mexique pour accomplir une mission. Celle de représenter notre pays le plus dignement possible, ce qui veut dire que notre première valeur a été et est toujours l’amour de la mère patrie. Mais le jeu, c’est le jeu et le fair-play, c’est le fair-play. Notre réussite c’était d’abord de faire partie de ce mondial et d’y donner le meilleur de nous-mêmes.

-Quelles différences y a-t-il entre les deux équipes, celle de 1986 et celle de 2022 ?

- Je me rappelle que cette année-là, les MRE et plus exactement ceux vivant au Canada, aux Etats-Unis, dans les pays de l’Amérique latine étaient légion au Mexique pour nous encourager. Mais quand je vois aujourd’hui au Qatar que ce nombre a quasiment décuplé, je me rends à l’évidence que l’équipe représentant le Maroc en 2022 est soutenue par les Marocains du monde entier, mais aussi par toute l’Afrique et quasiment tous les pays arabes. Cependant, nous sommes complètement convaincus que la nouvelle équipe n’est autre que l’extension de l’équipe marocaine tout court. Leur but est le nôtre (nous, ancienne équipe) et leur réussite est celle de notre Roi, notre Royaume et notre nation. Autant nous avons projeté notre nationalisme débridé en ligne de mire, autant la sélection du grandiose Walid Regragui a hissé si haut notre fougue et self-confidence pour montrer au monde entier que le Maroc est capable d’avancer à pas de géant lorsque l’occasion lui en est donné.

-Que répondriez-vous aux personnes qui lient systématiquement le succès d’un footballeur marocain à sa deuxième nationalité, souvent européenne ?

- Ce qui fait le succès phénoménal d’un joueur de football, ce n’est pas sa double ou même triple nationalité. Il peut même faire partie des meilleurs clubs de football à l’échelle internationale. Ce qui fait de lui un as, c’est d’abord l’amour de la patrie et puis sa performance, ce filtre du professionnalisme de tout footballeur qui se respecte. Lorsqu’on me parle ici au Qatar des nationalités étrangères de notre actuelle équipe nationale, je me vante de citer Feu Hassan II quand il disait que tous les MRE sont des ambassadeurs pour le Maroc. Notre équipe présente au Mondial du Qatar n’en fait pas exception.

Hommage posthume

Dolmy, sacré ambassadeur du Fair Play

Abdelmajid Dolmy (1953-2017) est un footballeur international marocain qui a évolué comme libéro puis comme milieu de terrain au Raja Club Athletic et en équipe nationale marocaine. Il est considéré comme un des meilleurs éléments de l'Histoire du football marocain et africain. Mais au commencement était la passion. Haut comme trois pommes, il dribblait du ballon comme d'autres jongleraient avec des quilles. À 16 ans, il rejoint le centre de formation Oasis en 1969. Deux ans plus tard, il intègre l'équipe première où il effectue quelques apparitions avant de devenir un des piliers du système Rajaoui à partir de 1973. De plus, il a remporté la Coupe du Trône en 1974, 1977, 1982 et a été champion à plusieurs reprises. Il fait l'objet en 1987 du transfert le plus cher de l'Histoire du championnat à l'époque où il est transféré à l'Olympique de Casablanca. En 1990, il retourne au Raja à l'âge de 37 ans pour une seule saison. Au sein des Lions de l'Atlas, il est choisi en 1971 pour l'équipe nationale junior. En 1973, il est convoqué en équipe nationale pour un match amical contre le Sénégal, mais ne dispute aucune minute. Le 23 février 1975, il joue son tout premier match sous la houlette de Gheorghe Mărdărescu, face à la Libye, en éliminatoires des Jeux olympiques de Montréal (victoire 2-1). Après une carrière prolifique de plus de 850 matches, Dolmy quitte le football en 1991 à l'âge de 38 ans. Mais le 15 octobre 1992, l'UNESCO lui décerne le «Prix du Fair Play», destiné à récompenser un «joueur dont la moralité et la courtoisie exemplaires le font unanimement considérer par ses partenaires ou ses adversaires comme un ambassadeur du football». Il est également le joueur le plus titularisé de l'Histoire du Raja CA avec 688 matchs, formation dont il a été, jusqu'à sa mort en 2017, l'un des conseillers techniques. Même après sa mort, il demeure présent dans les coeurs de ses millions de fans en Afrique et dans le monde entier.

Le Maroc, premier pays africain à franchir le second tour !

Avant d’atteindre les quarts de finale en 2022, le Maroc est le premier pays africain à avoir atteint le deuxième tour d’une Coupe du Monde. Si pour les Lions de l’Atlas, le succès remporté devant l’Espagne leur a ouvert pour la première fois les portes d’un quart de finale de la Coupe du Monde, il ravive le souvenir d’une sélection marocaine inscrite dans les annales, celle qui aura permis à l’Afrique d’avoir un de ses représentants au second tour d’une Coupe du Monde. C’était en 1986 au Mexique. Lors de cette 13ème édition où l’Argentine a brillé en finale de la RFA par la marge de 3 buts à 2, le Maroc a fait sa seconde participation à la Coupe du Monde. Avec une formation bâtie autour de la base arrière de l’équipe des Forces Armées Royales, les FAR de Rabat, le Maroc avait alors accompli une prouesse inédite.

Un entraîneur venu du Brésil

La réussite de cette sélection, le Maroc notamment la doit à José Mehdi Faria, un entraîneur brésilien qui a ensuite été naturalisé marocain. Cet ancien joueur de Fluminense a débuté sa vie de manager, exerçant à des niveaux inférieurs entre 1968 et 1979 avant de céder ses talents à Al Saad (Qatar). Ensuite, il a rejoint le Maroc, où il a écrit l’Histoire des FAR Rabat entre 1982 et 1988, en gagnant deux championnats, trois coupes et la Coupe des Champions 1985, la toute première coupe africaine décrochée par un club marocain. Pour mémoire, José Faria a été désigné comme entraîneur en 1983, après le succès du Maroc aux Jeux méditerranéens. A cette époque, la plupart des joueurs évoluaient encore dans le pays et étaient de réelles étoiles. Etrillés au dernier tour de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) en 1984 par le Nigeria, les joueurs marocains n’ont pas manqué le rendez-vous pour la Coupe du Monde 1986. Les Lions de l’Atlas se sont imposés 2-0 au troisième tour des qualifications face à l’Égypte, avant de disputer le dernier tour contre la Libye, qui avait «fait sensas’» en écartant le Ghana de Pelé. Le Maroc, qui s’est imposé 3-0 à Casablanca et a obtenu son ticket pour la Coupe du Monde pour la première fois depuis 1970, lorsque le Brésil de Pelé a remporté sa troisième étoile. Mais quoi qu’il en soit, il convenait, comme l’a exprimé le grand butteur Abderrezak Khairi au dictaphone de « L’Opinion », après seize ans d’absence, de réaliser un tour de force et de présenter un visage attrayant du continent africain qui ne pouvait alors prétendre qu’à deux places dans un monde de vingt-quatre équipes.
 








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