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Culture

Rétro-Verso : Le Musée des Confluences fait peau neuve


Rédigé par Houda BELABD le Mercredi 16 Novembre 2022

Le Musée des Confluences de Marrakech, ou Dar El Bacha pour les intimes, se dresse fièrement à la croisée des chemins entre un passé glorieux et un avenir que les milieux culturels du Royaume espèrent radieux...



Dar El Bacha est l’une de ces demeures seigneuriales marocaines datant de l’époque coloniale. Sa spécificité : elle en charme plus d’un par son histoire centenaire, fantasmagorique à souhait et pétrie, de fil en aiguille, de récits et de mutations.

Construite en 1910, cette majestueuse bâtisse ravit l’oeil et interpelle les esprits par son architecture marocaine du XXème siècle. Ce qui la rend si particulière, c’est qu’elle était auparavant la résidence de Thami El Glaoui, qui fut nommé pacha de Marrakech par le Sultan Moulay Youssef en 1912. Réhabilitée par la Fondation nationale des musées, inaugurée et ouverte au grand public en 2017, cette maison hors du commun, qui compte 112 ans à l’heure de la rédaction de ces lignes, a été réaménagée en un musée digne de mettre en scène un authentique échantillon de la culture et des traditions marocaines, grâce à ses nombreux jets d’eau, ses orangers disposés dans la cour centrale, ses salons aménagés aux abords, et enfin, son hammam aux airs d’antan

Même rénové, ce bâtiment a su garder son empreinte typiquement traditionnelle, ce que l’on reconnaît dès le premier regard grâce à sa composition : le jardin sentant l’oranger à dix lieues à la ronde est entouré, non sans grâce, d’une demi-douzaine de salons sur les quatre côtés. Ainsi, situé en plein coeur de la Cité ocre du Royaume, ce lieu mythique aux airs majestueux en envoûte plus d’un par son architecture et la splendeur grandeur nature de son décor.

Aussi, Dar El Bacha a-t-il accueilli, lors du règne du sultan Moulay Youssef, des personnalités telles que Winston Churchill, Franklin D. Roosevelt et récemment Meryl Streep et Owen Wilson, entre bien autres. Résolument symétrique du fait de l’orientation des allées centrales, la conception de ce riad est elle-même un témoin de l’empreinte ancestrale et seigneuriale des lieux.

Par ailleurs, Dar El Bacha est composé de plusieurs dépendances, à savoir le hammam traditionnel, la douiria qui n’est autre qu’un espace réservé aux domestiques du palais, la bibliothèque et l’espace privé appelé harem, jadis réservé aux dames du pacha, et accessoirement aux autres membres de sa famille.

La décoration de l’ensemble du complexe est d’une rare finesse et harmonie : les azulejos et plafonds en bois sculpté reflètent l’opulence et la délicatesse du répertoire ornemental marocain. Le dispositif d’alimentation et d’évacuation de l’eau ainsi que le système de chauffage du hammam illustrent, pour leur part, l’ingéniosité du savoir-faire artisanal marocain.

La mission du musée est, somme toute, de rendre compte du patrimoine et des apports culturels, matériels et immatériels, qui ont façonné l’identité du Royaume.

Interrogé par nos soins, Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des Musées, affirme qu’au-delà de son aspect culturel, Dar El Bacha, désormais appelé le Musée des Confluences, revêt également un aspect touristique. Car depuis sa réouverture datant de janvier 2022 (après sa fermeture en 2018 pour des travaux de rénovation), le public, essentiellement composé de touristes, afflue en kyrielles, et ce, de manière quasi-quotidienne.

Un engouement grandissant

La forte affluence que connait ce musée est, sans conteste, une source de motivation pour la Fondation Nationale des Musées, car elle galvanise l’ambition, chez ses acteurs, de renforcer cette dynamique, notamment par la construction de nouveaux espaces culturels et la rénovation de ceux déjà existants.

Ces dernières années, la Fondation nationale des musées a lancé une politique de rénovation et de mise à niveau du Musée des Confluences au même titre que tous les autres musées du Royaume afin de préserver et de prendre connaissance du patrimoine national et de ses valeurs.

La Fondation nationale des musées prévoit un programme spécial dans différentes villes du Royaume, à l’occasion de la célébration, le 18 mai, de la Journée internationale des musées, avec des expositions sur la bijouterie, la poterie, la calligraphie et des ateliers pédagogiques et des visites guidées.

En effet, au Maroc, la Journée internationale des musées est célébrée le 18 mai chaque année depuis 1977, comme c’est le cas dans d’autres contrées du globe.



Houda BELABD

3 questions à Mehdi Qotbi


«Le Maroc dispose d’une des plus belles collections de bronze romain au monde»
 
Président de la Fondation marocaine des musées, artiste peintre et fervent défenseur du dialogue Nord-Sud, Mehdi Qotbi répond à nos questions.


-Parlez-nous de la place qu’occupe le Musée des Confluences dans le cercle muséal marocain…

Au Musée des Confluences, nous avons réuni plusieurs facettes de notre richissime identité marocaine. Nous avons également hérité du don d’une des grandes collectionneuses américaines, Patti Birch, qui nous a légué près de 1300 pièces à la valeur inestimable, provenant du monde entier.

Par la même occasion, la Fondation Patti Birch a débloqué 4 millions de dirhams pour refaire l’esthétique et la signalétique du musée et mettre en avant la collection offerte. Nous avons un nombre incalculable de touristes étrangers qui s’y rendent quotidiennement. Par ailleurs, le Maroc dispose à Rabat d’une des plus belles collections de bronze romain au monde.


-A quel point pourrions-nous, aujourd’hui, aspirer à devenir une destination touristique d’ordre muséal ?

- Je peux vous garantir que les touristes ne viennent pas exclusivement pour se dorer la pilule sous le soleil marocain. Il y a beaucoup de visiteurs qui affluent en grand nombre pour découvrir la richesse muséale dont dispose notre pays. Dans quelques jours, nous allons inaugurer le musée de la parure aux Oudayas de Rabat, car il est important d’exposer, arborer… exhiber toutes les facettes de notre culture. De même, il n’y a pas un musée qui prime par rapport aux autres en termes d’impact ou d’importance. Tous les musées marocains se valent.


-Parlez-nous de l’exposition itinérante paraphée par vos soins en collaboration avec l’Institut du Monde arabe, qui sera organisée en mars prochain au Maroc.

- L’exposition qui aura lieu en mars prochain en collaboration avec l’Institut du Monde arabe sera une première. Car c’est la première fois de l’histoire de l’IMA qu’une institution aussi importante prêtera des oeuvres d’une importance capitale pour les besoins d’une exposition ayant lieu en dehors des murs dudit institut. Une centaine d’oeuvres (dont des chefs-d’oeuvre de la peinture arabe) seront prêtées au Maroc pour être tout d’abord exposées au Musée Mohammed VI de Rabat.

Par la suite, cette exposition sera partagée en deux parties : une partie qui ira à Marrakech et une autre qui ira à Tanger afin que tous les Marocains puissent admirer ces merveilles. Si l’IMA nous prête des oeuvres aussi importantes, c’est parce que la Fondation nationale des musées est respectée de par le monde.



 

Histoire

Rétro-Verso : Le Musée des Confluences fait peau neuve
Le café du Pacha
 
En ces lieux, Winston Churchill, Franklin D. Roosevelt et d'autres personnages historiques ont marqué leur passage. Invités par le pacha Thami El Glaoui, ils ont dégusté un café chaud dans l'un des somptueux salons de Dar El Bacha, au cœur de la médina de Marrakech.

Ces dernières années, le Bacha Coffee a pris ses quartiers au Musée des Confluences, aménagé lui aussi dans une aile du palais. Mais pourquoi est-ce un café et non d'un salon de thé ? Pour en savoir un peu plus, nous nous sommes approchés de Taha Bouqdib, magnat marocain de l'industrie du thé. Sans grande surprise, nous avons, grâce à lui, appris que c'est un Marocain qui a été le premier à faire le négoce du café, entre l'Ethiopie et le Yémen.
Ce café du musée des Confluences doit donc refléter à la fois l'image de Dar El Bacha, mais aussi cette histoire, qui est la nôtre, comme nous l'explique Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des musées.

Agenda


Une exposition itinérante franco-marocaine
 
En mars 2023, une convention de partenariat portant sur la co-organisation de la première exposition itinérante au Maroc, des chefs-d’oeuvre de la collection unique de l’Institut du Monde Arabe (IMA), a été conclue en ce mois de novembre au Musée des Confluences Dar El Bacha à Marrakech, entre la Fondation Nationale des Musées (FNM) et ledit Institut.

Initié par Mehdi Qotbi, président de la FNM et Jack Lang, président de l’IMA, cet accord se place dans le sillage de la dynamique de coopération culturelle entre le Maroc et la France instaurée par la Convention de partenariat pour la coopération culturelle et le développement, signée le 25 juillet 2003, mais aussi de la déclaration commune émise à l’issue de la XIème réunion de haut niveau franco-marocaine, tenue à Rabat le 13 décembre 2012.

En vertu de cet accord, les signataires prennent l’engagement d’unir leur action pour présenter en 2023, pour la première fois au Maroc, une exposition itinérante d’oeuvres majeures d’art moderne et contemporain au Musée Mohammed VI d’art contemporain de Rabat, au Musée de la Kasbah des cultures méditerranéennes de Tanger et au Musée des Confluences Dar El Bacha de Marrakech.

Cette collection de l’Institut du Monde Arabe, qui sera prêtée pour la première fois à une autre institution, vient d’être enrichie par une grande donation de Claude et France Lemand.
 







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