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International

Retraites : Les syndicats encore dans la rue, les policiers et gendarmes aussi


Rédigé par L'Opinion Mercredi 29 Mars 2023

Les opposants à la réforme des retraites manifestaient à nouveau partout en France, mardi, pour une dixième journée d'action à haut risque avec "nettement plus" de jeunes remontés contre un gouvernement inflexible, et un dispositif de sécurité "inédit".



L'épreuve de force se prolonge. Cinq jours après un regain de mobilisation, terni par de nombreux débordements, le mouvement social repart pour un tour. Avec son lot habituel de grèves et de blocages.

Pour "trouver une voie de sortie" à la crise sociale, le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, a appelé mardi sur France Inter à mettre en place une "médiation" sans attendre la décision du Conseil constitutionnel, qui doit se prononcer d'ici trois semaines sur le projet de loi.
Une proposition partagée par les autres syndicats, qui vont ensemble "écrire au président de la République" Emmanuel Macron, pour lui demander une nouvelle fois "de suspendre son projet", a précisé le leader de la CGT, Philippe Martinez depuis Clermont-Ferrand.
Sur le terrain, l'opposition à la réforme reste vive. Le périphérique de Rennes était ainsi congestionné vers 8H00 avec "six points de blocage" et même une "intervention des pompiers" pour un feu, selon la préfecture d'Ille-et-Vilaine. Circulation compliquée aussi à Nantes, avec "plusieurs kilomètres de bouchons", et à Caen où la route était "coupée dans les deux sens" d'après Bison Futé.

Pour ne rien arranger, plus de 15% des stations-services du pays sont à court d'au moins un carburant, conséquence de l'arrêt de cinq des sept raffineries du pays.
Le trafic ferroviaire est également perturbé, avec trois TGV sur cinq et un TER sur deux en moyenne selon la SNCF. Au désespoir de Yasmine Mounib, 19 ans, étudiante en BTS à Cambrai, levée à 4 heures du matin pour un cours qu'elle va quand même rater: "C'est en train de me coûter ma scolarité".
 
Un dialogue de sourds
 
Difficultés aussi dans les transports parisiens, où la RATP a réduit le trafic sur la plupart des lignes de métro et de RER. En surface, 7.300 tonnes de déchets jonchent encore les trottoirs de la capitale. Idem à Marseille, où les poubelles débordent jusque dans les quartiers cossus du Prado et du boulevard Périer.

Des désagréments assumés par les syndicats, qui continuent de réclamer le retrait de la réforme et de sa mesure-phare: le report de l'âge légal de 62 à 64 ans.
Le porte-parole de l'exécutif, Olivier Véran, a refermé la porte lundi en affirmant que "la loi sur les retraites est derrière nous".

A l'Elysée, où Emmanuel Macron a reçu lundi les cadres de la majorité et du gouvernement, le chef de l'Etat a pourtant dit vouloir "continuer à tendre la main aux forces syndicales" sur d'autres sujets, selon un participant.

Un dialogue de sourds qui risque d'ajouter de la tension, quand la Première ministre, Elisabeth Borne, entend au contraire "mettre de l'apaisement". C'est aussi à "un geste d'apaisement" qu'a appelé Laurent Berger en réclamant une médiation.

la gauche, par la voix de plusieurs de ses ténors, dont le leader du PCF Fabien Roussel, a accusé mardi Emmanuel Macron de "jouer le pourrissement" du mouvement social.
Beaucoup s'inquiètent du "chaos" ambiant depuis l'usage du 49.3 pour faire adopter le projet de loi. Les heurts lors des dernières manifestations, puis les affrontements autour de la bassine de Sainte-Soline durant le weekend, attestent d'un climat délétère.
 
Présence massive des forces de l’ordre
 
Dans ce contexte, la mobilisation de la jeunesse est surveillée comme le lait sur le feu. Des blocages matinaux de lycées et d'universités étaient rapportés dans plusieurs villes, d'Avignon au Havre, de Lille à Marseille.
"Le but c'est d'apporter un soutien aux grévistes et de permettre aux gens de faire un débarquement à la manif", explique Loann, 15 ans, en première au lycée Lavoisier à Paris.
Les renseignements anticipent d'ailleurs "une présence des jeunes nettement plus importante" dans les cortèges, selon une source policière qui pronostique "un doublement, voire un triplement" de leur nombre par rapport aux précédentes mobilisations.

Au total, les autorités tablent sur de 650.000 à 900.000 manifestants dans près de 200 villes, dont 70.000 à 100.000 à Paris, où le cortège reliera dans l'après-midi la place de la République à celle de la Nation. "Je m'attends à une forte mobilisation et une détermination des manifestants", a prédit sur RMC le secrétaire général de FO, Frédéric Souillot.
Accusées de violences par les manifestants, les forces de l'ordre seront déployées massivement pour encadrer les foules: 13.000 policiers et gendarmes, dont 5.500 à Paris, un "dispositif de sécurité inédit", a souligné le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui a évoqué la présence possible de "plus de 1.000 éléments radicaux" dans la capitale et appelé "solennellement chacun et chacune au calme".

Inflexible, Macron assure vouloir "continuer à tendre la main" aux syndicats

Englué dans la crise, Emmanuel Macron a assuré lundi vouloir "continuer à tendre la main" aux syndicats, sans toutefois remettre en cause sa réforme des retraites, à la veille d'une dixième journée de mobilisation sur fond de polémique sur les violences entre policiers et manifestants.

Inflexible sur le report de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans rejeté unanimement par les syndicats, le chef de l'Etat a réaffirmé devant les ténors du gouvernement et les dirigeants de son camp réunis pour un déjeuner à l'Elysée sa volonté d'aplanir la situation.

"Il faut continuer à tendre la main aux forces syndicales", a-t-il dit selon des propos rapportés par un participant.
Mais le président veut leur parler des conditions de travail - de la pénibilité à l'emploi des seniors en passant par les reconversions -, sans accéder à la demande du secrétaire général de la CFDT Laurent Berger de mettre sur "pause" la réforme pendant six mois.

Or, le leader syndical a de nouveau prévenu lundi: il n'acceptera cette "main tendue" que si le gouvernement met "de côté pour l'instant la réforme".
Il a assuré à l'AFP avoir formulé la même réponse au secrétaire général de l'Élysée, Alexis Kohler, qui l'a appelé la semaine dernière pour "échanger sur l'ambiance".