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Culture

Rabat, patrimoine culturel et historique du Maroc

La nouvelle destinée de la multimillénaire capitale du Royaume


Rédigé par La rédaction le Dimanche 16 Février 2020

Vendredi dernier, le Conseil d’Administration de la Fondation pour la sauvegarde du patrimoine culturel de Rabat s’est réuni sous la présidence de SAR la Princesse Lalla Hasnaa afin d’évaluer le bilan des années passées et dresser le programme des actions à venir. Un signe qui renseigne sur la volonté des plus hautes autorités du pays d’insuffler une nouvelle orientation à la capitale du Royaume.



Le 6 novembre 2019, lorsque Sa Majesté le Roi Mohammed VI prononce son discours de la Marche Verte lors duquel il annonce une reconfiguration territoriale du Royaume plus centrée vers le Sud au niveau de la région Souss-Massa, ce déplacement géographique de l’épicentre du Royaume suscite quelques pincements de cœurs au niveau de la capitale administrative du pays réputée très attachée à sa centralité. Quelques mois plus tard, le désistement de Marrakech au profit de Rabat pour l’accueil de l’importante manifestation continentale «Capitale africaine de la culture», tombe à point nommé pour rassurer les Rbatis quant au poids de leur ville sur l’échiquier national.

Désormais, la capitale administrative aspire à un statut plus glamour de capitale culturelle et patrimoniale du pays. Vendredi 14 février, l’organisation du Conseil d’Administration de la Fondation pour la sauvegarde du patrimoine de Rabat, sous la présidence de Son Altesse Royale la Princesse Lalla Hasnaa, est venue confirmer cette tendance.

Longtemps considérée comme une ville bureaucratique où la vie s’écoule au rythme des administrations, réputé nonchalant et dénué de charme, Rabat a franchi durant les cinq dernières années bien du chemin.

Le La avait été donné avec le lancement en 2014 du programme intégré de développement urbain, le fameux et méga projet «Rabat ville lumière, capitale culturelle du Royaume».

Ce projet dopé par un important budget et entouré de l’attention bienveillante des plus Hautes Autorités du pays, parvient en l’espace de quatre années à reconfigurer totalement le paysage urbanistique de la ville, la dotant d’avenue larges et fleuries, d’une corniche flambant neuve qui n’a pas manqué de susciter les jalousies à Casablanca, sans oublier le renforcement du réseau de transport urbain avec la multiplication des lignes de tramway, et récemment le renouvellement du parc de bus après la signature d’un partenariat avec l’espagnol Alsa. La boucle est enfin bouclée par la nomination d’un Super Wali réputé pour avoir fait des miracles dans la Région Nord, en la personne de Mohamed Yaacoubi.

A la recherche d’une nouvelle âme

Une fois les équipements et les infrastructures modernisés, il restait à doter la ville d’une âme culturelle et festive qui lui faisait depuis longtemps défaut. Certes, Rabat accueille depuis plusieurs années le fameux festival Mawazine, mais sa périodicité annuelle conjuguée à la raréfaction des événements périodiques, autrefois organisés par l’association Maroc Cultures, ainsi qu’au manque d’attractions et de distractions touristiques, faisaient que la ville était soumise à un faux rythme, cadencé de courtes fulgurances suivies de longues périodes de somnolence.

Si la vie est réputée agréable à Rabat pour ses privilégiés habitants, la ville n’est pas forcément attrayante pour ceux qui la visitent. Traditionnellement centrée sur le tourisme d’affaires et administratif, la capitale du Royaume a, en effet, toujours été une ville de court séjour, voire même de passage. Et c’est justement cette réalité vécue longtemps comme une sorte de fatalité qui est en passe de changer.

Cité belle, verdoyante, de plus en plus moderne tout en abritant un riche patrimoine historique et archéologique, Rabat ne manque pourtant pas d’atouts pour retenir ses visiteurs. Elle est ainsi l’une des rares villes du Maroc qui soient parvenues à conjuguer, sans heurts ni dénaturations, modernité et authenticité.

De part et d’autre de ces murailles remarquablement préservées, se déploient en miroir les deux facettes d’un riche patrimoine à la fois historique et moderne. Mais si le cadre y est, le contenu ne suivait pas, du moins jusqu’à il y a deux ou trois années. Car entre temps, une politique axée sur l’encouragement des projets à potentiel touristique a permis l’émergence d’un réseau d’attractions culturelles et festives actuelles et à venir. Dans ce registre et parmi les projets les plus en vue, on citera la marina de Rabat, le musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain et celui des Oudayas.

Nouveau pôle culturel et touristique du Royaume

Sur un autre registre, les habitants de Rabat, une ville où autrefois les installations hôtelières et de loisirs se comptaient sur les doigts d’une main, ont assisté durant les dernières années à une floraison de restaurants et d’hôtels, dont certains de grand luxe.

On citera à ce propos le Ritz Carlton aux alentours du golf de Dar Essalam, le Mariott au centre-ville, ainsi qu’une multitude de Ryads dans l’ancienne médina, et des maisons d’hôtes dans d’autres parties de la ville telles que la luxueuse «Dar Dyafa» sur la route d’Aïn Aouda et tout récemment la «Villa Aralia» dans le quartier du Haut Agdal.

A ces projets autrefois inimaginables dans une ville où les restaurants ne faisaient recette que pendant les deux premiers jours du mois, après les virements des salaires des fonctionnaires, s’est ajoutée l’inauguration, durant les derniers mois, de plusieurs centres commerciaux comme Arribat Center et Ryad Square, sans oublier les nombreuses salles de cinéma qui ont suivi.

Et ça ne fait que commencer, puisque dans un futur proche, le parc d’attractions de la ville sera renforcé par l’ouverture du Grand Théâtre de Rabat, le futur musée archéologique, ainsi que le futur Méga centre commercial Morocco Mall de Rabat, avec, dans le rôle de jonction entre Rabat et Salé, le projet d’un téléphérique. 

C’est dans cette ambiance de mouvement et de reconfiguration que le Conseil d’Administration de la Fondation pour la sauvegarde du patrimoine de Rabat a siégé sous la Présidence de Son Altesse Royale la Princesse Lalla Hasnaa.

Ordre du jour déclaré de cette importante réunion : l’évaluation et le suivi des actions et projets entrepris au cours de l’année et la projection des actions qui seront menées dans un futur proche. En filigrane de cette réunion, se dessinent les nouvelles ambitions de Rabat en tant que nouveau pôle culturel et touristique du Royaume. Signe de ce nouveau destin, la veille de cette réunion, le statut de Rabat en tant que première capitale culturelle de l’Afrique est officiellement proclamé par l’Organisation des Cités et Gouvernements Locaux Unis d'Afrique (CGLU Afrique).

Saâd JAFRI

Repères

Recentrage géographique du Royaume
«La carte du Maroc a bien changé. Pourtant, nous n’en assimilons pas toujours exactement sa configuration qui situe Rabat à la pointe Nord du pays et Agadir en son centre. En effet, Agadir se trouve quasiment à équidistance de Tanger et des provinces sahariennes», extrait du Discours Royal de la Marche Verte, du 6 novembre 2019.

Rabat, capitale africaine de la culture
 «Depuis son retour à l'Union Africaine en 2016, le Maroc renoue avec son africanité. Rabat, capitale du Royaume, porte en elle les ressources pour accueillir un tel projet : ville d'art et d'Histoire, infrastructures, diversité culturelle et humaine, événements internationaux… », indique l’équipe de Cités et Gouvernements Locaux Unis d'Afrique (CGLU Afrique), dans un communiqué.

Une médina reconfigurée  
Le programme de réhabilitation et de mise en valeur de la Médina de Salé 2019-2023 a mobilisé une enveloppe budgétaire de 900 MDH visant la préservation de l'identité et de l'authenticité de la Médina et le renforcement de son attractivité économique et touristique. Dans ce cadre, des travaux de restauration ont été menés dans la Médina de Rabat et sur ses bâtisses menaçant ruine, à travers la mise en place d'un projet de 130 MDH.