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Post-CoVid-19: Le respirateur « assouplissement quantitatif », ou comment réanimer l’appareil productif


Rédigé par Asmaa Rhlalou le Dimanche 26 Avril 2020

Il y a eu un avant le CoVid-19 et il y aura un après, très différent de ce qui était auparavant, tout le monde en convient. Voyons d’abord ce qui a marché et que nous devons sauvegarder...



Asmaa Rhlalou, députée RNI et ancienne journaliste de l'Opinion
Asmaa Rhlalou, députée RNI et ancienne journaliste de l'Opinion
Cela fait 40 jours que je suis confinée, la députée a laissé la place à l’épouse et la mère qui s’occupe de son foyer, la pandémie du coronavirus a ramené toute l’humanité à des réalités basiques que nous avons eu tendance à négliger. L’œil accroché aux dernières informations, j’ai appris le lancement de la plate-forme post-CoVid-19, une initiative de notre président, Aziz Akhannouch.

Constat des faits
Nous avons vu chaque Etat se débrouiller tout seul pour protéger sa population, quand le coronavirus a infecté la solidarité internationale. Nous avons vu de grandes puissances économiques, désindustrialisées, qui cherchent à importer les équipements médicaux dont leurs peuples ont besoin, puisqu’elles n’en fabriquent plus. Nous avons vu notre pays, le Maroc, prendre les bonnes décisions, au bon moment, et mobiliser toutes ses ressources, humaines et matérielles, pour affronter l’épidémie, en application des directives de SM le Roi. Nous avons vu les Marocains adopter, dans leur écrasante majorité, un comportement responsable, s’astreindre une discipline de distanciation sociale, pourtant contraire à leur mentalité, ce qui traduit une conscience citoyenne élevée.

Il y a eu un avant le CoVid-19 et il y aura un après, très différent de ce qui était auparavant, tout le monde en convient. Voyons d’abord ce qui a marché et que nous devons sauvegarder. Nous mangeons à notre faim et nos marchés sont bien approvisionnés, grâce à l’effort consenti en matière de promotion de la production agricole, à travers le plan « Maroc Vert », que plus personne ne songe désormais à critiquer. Nous fabriquons des médicaments nécessaires au traitement des personnes contaminées par le coronavirus, ainsi que des masques de protection et des respirateurs, et ce grâce à la réactivité de nos unités de production, ce qui met en exergue la pertinence du plan d’accélération industrielle.

Des fonds ont été rapidement mobilisés et des revenus assurés aux employés en chômage technique et aux familles nécessiteuses. Même nos sans domiciles fixes ont été pris en charge. Les mécanismes récemment mis en place ne sont peut être pas parfaits, mais ils sont en train d’être rodés.

Changer de vision
Les dépenses sociales ne sont pas des charges à réduire mais des investissements à consentir, pour consolider et protéger notre capital humain, en toute connaissance de cause. Ce qui est sacré, c’est l’être humain, pas l’orthodoxie financière. Le changement de paradigme est profond. Nous avons besoin de relancer les activités productives et industrielles, une fois la pandémie passée, avec célérité et rationalité. S’endetter encore plus, laisser se creuser quelque peu le déficit budgétaire, desserrer la bride à l’inflation, pour faire redémarrer l’appareil productif et offrir des opportunités de travail aux demandeurs d’emploi, pourquoi pas ?

Nous savons maintenant, d’expérience, que l’austérité peut étouffer l’économie physique autant qu’elle sert à redresser les équilibres macroéconomiques. Une thérapie qui peut soigner la maladie, tout en tuant le patient.

Le modèle néolibéral a montré ses limites, il est insensible à la détresse humaine et fragile face à des perturbations de grande ampleur. Preuve en est le triste spectacle des pays occidentaux confrontés à la pandémie, ceux là-même que l’on considérait, naguère, comme des exemples à suivre. La meilleure gestion de cette crise par les pays d’Asie nous apprend que chaque nation doit se tailler le modèle de développement qui lui convient le mieux, ce à quoi nous avait déjà invité SM le Roi.

Les leviers de la relance
Demain, les entreprises auront à rouvrir leurs bureaux et ateliers et rappeler leurs employés. Elles constituent le tissu productif national, il faut donc les aider à relancer leurs activités, dans les meilleures conditions de sécurité sanitaire pour les travailleurs. Une politique d’assouplissement monétaire est de nature à irriguer l’activité économique d’un flux de liquidités dont cette dernière aura cruellement besoin, au sortir de la période de confinement. Et si le système bancaire a ses règles prudentielles, la banque des banques, Bank Al Maghrib, peut l’encourager à dépasser sa frilosité naturelle envers les engagements ne bénéficiant pas de solides garanties.

Le réescompte par la banque centrale des crédits destinés à financer les activités productives pourrait être l’une des mesures pour inciter les banques à se montrer plus souples. Ce qui permet de veiller à une bonne allocation des ressources, puisqu’il s’agit essentiellement d’alimenter en fonds à taux modérés les unités les plus aptes à créer de la valeur ajoutée et des emplois. Assouplissement quantitatif ne veut pas dire « jeter de l’argent par hélicoptère » et empêcher à tout prix la morbidité d’entreprises déjà vacillantes. Les perspectives de redressement des activités de chaque secteur productif devraient également être prises en considération, dans une perspective d’accompagnement adapté à chaque situation.

L’actuelle crise a démontré la fragilité des micro et petites entreprises, des travailleurs indépendants et du secteur informel. Il serait peut être temps de passer d’un raisonnement de « lutte contre », selon une vision fiscale, à celui d’« effort pour » et de « partenariat avec » cette multitude de petits acteurs économiques, dans une approche plus inclusive.

Les Marocains savent qu’ils doivent compter sur eux-mêmes pour s’en sortir et qu’ils en sont capables. C’est là le réacteur pour propulser le pays sur l’orbite du monde post-coronavirus. Nous survivrons au coronavirus et nous nous relèverons encore plus forts. Ça prendra le temps qu’il faudra, mais on y arrivera. Nous avons la volonté populaire et politique de le faire.        

Dr. Asmaâ Rhlalou,
Députée RNI et ancienne journaliste à L’Opinion     
      
 



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