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Plaidoyer pour une grande mobilisation du secteur privé africain, gage de réussite dans la mise en œuvre de la ZLECAF


le Mercredi 30 Décembre 2020



Plaidoyer pour une grande mobilisation du secteur privé africain, gage de réussite dans la mise en œuvre de la ZLECAF
Dans trois articles précédents, nous avions relevé les nombreuses opportunités que la ZLECAF pourrait engendrer par le jeu de l’offre et de la demande en Afrique, ensuite identifier un certain nombre de défis auxquels les acteurs du secteur exportateur devraient faire face pour tirer profit de cet accord, et enfin souligner l’importance de l’information commerciale comme un facteur majeur de changement dans la mise en œuvre de cet accord continental. Aujourd’hui, dans cet article qui boucle le cycle des réflexions sur la ZLECAF avant l’accord qui prend effet dès le 1er janvier 2021, il s’agira de faire un plaidoyer auprès du secteur privé africain pour la création et la mise en place d’une Confédération Africaine du Commerce (CAC), Africa Trade Confederation (ATC), un instrument qui devrait s’avérer puissant au service du secteur privé africain pour garantir les conditions d’une forte mobilisation de toutes les parties prenantes, en symbiose et en collaboration avec des institutions engagées déjà dans cette dynamique, notamment Afreximbank, la Banque Africaine de Développement, le Centre du Commerce International, la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement, Africa Trade Insurance, et autres partenaires pana-africains, régionaux, continentaux et internationaux.

L’Accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) prend effet à partir du 1er janvier 2021. C’est la consécration d’une longue marche ponctuée de négociations intenses, de débats et de consensus sur l’avenir du continent aux niveaux économique et commercial. En effet, sous l’égide de l’Union Africaine, tous les pays africains ont décidé de créer une zone de libre-échange économique et commercial pour absorber les potentialités d’affaires qui existent sur un continent peuplé d’un milliard deux cent millions de consommateurs. Tous les espoirs mis dans cette nouvelle dynamique ne doivent pas être vains, et il faut saluer les artisans de cette initiative et rendre hommage aux principaux initiateurs. Par conséquent, le Secrétariat de la ZLECAF, qui s’est déjà attelé à cette tâche ardue dans le cadre de sa mission, devrait veiller au grain pour que l’accord soit scrupuleusement respecté et efficace dans sa mise en œuvre.

Le grand défi des mesures pénalisantes
Le top départ est donné, et chaque partie prenante, et plus particulièrement le secteur privé africain, de son ‘’starting-block’’ doit jouer sa partition sur un marché continental africain qui va s’accroître lors des deux prochaines décennies. D’ores et déjà, certaines entreprises africaines pourraient être les premières bénéficiaires, celles qui ont au préalable élaboré des stratégies de pénétration de marché, alors que d’autres sont certainement encore à la traîne. Toujours est-il que bon nombre d’opportunités découlent d’une panoplie de produits de base échangés traditionnellement avec les pays industrialisés, de produits de grande consommation, de produits agro-alimentaires, produits manufacturés, et de services de toutes sortes au niveau régional et intra-régional.

On le sait, les principaux défis auxquels seront confrontées les entreprises exportatrices africaines sont ceux liés à l’existence de mesures tarifaires et non tarifaires pénalisantes, à la non abondance d’informations commerciales, à l’absence de politiques commerciales pro-africaines au niveau des pays du continent, aux barrières imposées par certains pays protégeant leurs marchés et au non-respect des règles et protocoles des États membres signataires. Le rôle des Etats, des communautés économiques régionales et du Secrétariat de la ZLECAF, est de veiller à ce que l’intégration régionale et continentale soit accélérée, la libre circulation des biens et services facilitée, les échanges commerciaux soient plus libéralisés par la suppression des obstacles à la libre circulation des personnes, des services et des capitaux, et enfin d’attirer les investissements directs étrangers. In fine, le défi majeur pour les pères fondateurs de la ZLECAF est celui de réussir à accroître le niveau d’échanges et, par ricochet, matérialiser des opportunités d’affaires au sein du marché continental, comme dans les autres continents en Asie du Sud-Est, en Europe et en Amérique.

Aujourd’hui, tout ce décor d’espoirs et de potentiels est caractérisé par un environnement sanitaire mondial affecté par les effets de la pandémie du Covid-19. Certes, l’Afrique est pour le moment épargnée avec 2.5 millions de cas positifs pour environ 60.000 décès au 23 décembre 2020, qu’en sera-t-il en 2021 ?

Prévisions justes dans le contexte de la pandémie
Les prévisions économiques en termes de croissance et de flux d’investissement sont des facteurs à prendre en compte dans le contexte de la prise d’effet de la ZLECAF. En d’autres termes, les prévisions du Groupe de la Banque Africaine de Développement pour l’année 2020, dans le contexte de la Covid-19 sur l’Afrique en matière de performances macroéconomiques et de perspectives, se sont avérées quasiment justes, notamment sur la baisse du PIB réel, les fluctuations du taux d’inflation et l’accroissement substantiel du poids de la dette pour les pays africains.

Quant aux IDE en Afrique, selon un récent rapport de la CNUCED, ceux-ci ont cru de 11% en 2018 pour s›établir à 46 milliards de dollars américains, alors qu›au niveau mondial, les investissements ont baissé de 13%. Au contraire, en 2019, ils ont atteint 45 milliards de dollars américains, la tendance à la baisse de ceux-ci devrait s›aggraver considérablement en 2020, en raison du double choc de la pandémie du Coronavirus et de la faiblesse des prix des matières premières, en particulier du pétrole. Il est important de souligner les crises survenues dans les pays partenaires émetteurs des IDE vers l’Afrique, ainsi que les stratégies de relocalisation pour favoriser de nouvelles créations de chaînes de valeur sur place. N’est-il pas également approprié de rappeler le nouveau défi du format de partenariat et de relations économiques et commerciales du secteur privé africain avec les géants du numérique « GAFA » ? La Covid-19 les a ‘’ragaillardis’’. Ils pèsent aujourd’hui 4900 milliards de dollars américains, et ceux-ci négocient avec les puissances économiques étatiques et tracent de nouvelles routes de l’investissement et du développement pour le futur.

Du grand rôle du secteur privé
Dans ce contexte, il faut souligner le rôle primordial du secteur privé en Afrique, pourvoyeur d’emplois, de richesse et de valeur ajoutée. Il a sa place dans l’écosystème de la ZLECAF et aura un grand rôle à jouer pour tirer profit de ces opportunités au niveau des parts de marché qui sont plus élargies en Afrique. Cependant, de par son caractère très diffus au niveau régional et intra-régional, et du nouveau paradigme économique issu de la ZLECAF, il doit être remodelé pour relever les défis évoqués plus-haut. 

Certes, la prolifération d’acteurs issus du secteur privé au niveau continental démontre un dynamisme et un intérêt de la communauté des affaires pour saisir les opportunités et traiter des questions liées à l’amélioration de l’environnement des affaires, mais ceux-ci, du Nord au Sud, de l’Ouest à l’Est en passant par le Centre, peuvent constituer des plateformes de propositions pour créer les conditions d’une meilleure application des protocoles et règles édictés dans le cadre de la ZLECAF.

Du reste, les capacités du secteur privé africain sont considérables, déjà, au niveau régional, des organisations professionnelles sont actives et font des plaidoyers à leur échelle pour une amélioration de l’environnement des affaires dans leurs zones économiques respectives. Certains acteurs clés du secteur privé se retrouveront à l’occasion de la 2ème édition de la Foire intra-africaine du Commerce qui aura lieu à Kigali au Rwanda en septembre 2021, il serait souhaitable qu’ils puissent se retrouver avec des institutions comme Afreximbank, la Banque Africaine de Développement, Assurance pour le Commerce en Afrique (ACA/ATI), le Centre du Commerce International, le Secrétariat de la ZLECAF pour mobiliser leurs pairs pour accompagner cette dynamique continentale afin d’échanger sur le rôle et la place du secteur privé dans la ZLECAF. L’enjeu est de taille et la question du leadership également. Des associations telles que la Table Ronde des Hommes d’affaires (African Business Roundtable), le Réseau d’Affaires continental (Continental Business Network), les associations d’exportateurs, les associations d’importateurs, les organisations de promotion commerciale, les patronats, les Conseils d’affaires (Business Councils) plus formelles et actives en Afrique Australe et en Afrique de l’Est sont les bienvenues. D’où la nécessité d’un plaidoyer pour mobiliser au maximum le secteur privé pour faire entendre sa voix et participer effectivement au processus de mise en vigueur de l’accord continental.

Il est impérieux de créer une institution continentale dédiée à la ZLECAF au titre du secteur privé, une sorte de Confédération Africaine du Commerce (Africa Trade Confederation) qui comprendrait des acteurs d’un niveau de notoriété, de crédibilité et de présence sur les marchés africains. Sa mission sera double : (i) accompagner de façon durable le processus de mise en œuvre de la ZLECAF, et (ii) combler le vide qui existe au niveau de la capacité de l’offre de propositions du secteur privé africain dans le cadre institutionnel et opérationnel de la ZLECAF. L’instauration d’un dialogue durable avec des institutions dédiées à la ZLECAF serait bénéfique à tous afin d’apporter une valeur ajoutée au travail que font le Secrétariat de la Zlecaf et ses partenaires.

Si cette idée est retenue, il y a lieu de créer les conditions de sa création et sa mise en place. Déjà, certains contacts ont été pris et sont très avancés, d’autres seront pris en 2021 avec certains acteurs clés du secteur privé au niveau régional et continental car il y va de la survie du secteur privé africain, mais également du défi du développement des activités économiques et commerciales en Afrique. Le secteur privé, avec une vision claire en tant qu’interlocuteur privilégié dans le processus de développement économique et social du continent, pourrait assurer valablement son rôle de conseil et de plaidoyer, avec un objectif majeur, celui de contribuer à l’amélioration de l’environnement et du climat d’affaires pour une mise en œuvre effective de l’accord de libre-échange.

M Gérard Amangoua et Mme Zahra Maâfiri



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