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Pétrole : Quand Sebta devient un port d’escale pour la Russie


Rédigé par Mina Elkhodari Lundi 30 Janvier 2023

Suite à l'embargo européen sur les produits pétroliers russes, Moscou cherche des facilités logistiques pour approvisionner les pays avec qui le commerce va toujours bon train. C’est ainsi que le passage méditerranéen, plus précisément la ville de Sebta est devenue un élément clé pour le transit du pétrole en prévenance de Russie.



La ville de Sebta est devenue une plaque tournante  du commerce pétrolier russe, une alternative permettant à la Russie qui fait l'objet d'un embargo, de réduire les coûts d’expédition, de contourner les restrictions et de faciliter la logistique pour ses clients. C’est ce que fait savoir Reuters, qui souligne que malgré les sanctions imposées par les États-Unis et l'Union Européenne, le pétrole russe continue d’être vendu sur le marché mondial en grandes quantités, accusant des baisses insignifiantes par rapport au niveau d’avant-guerre.
 
Javier Blas, expert en énergies a indiqué à l'agence de presse que la Russie utilisait rarement les eaux près de Sebta comme escale pour ses pétroliers avant le déclenchement du conflit Russo-ukrainien.  Si Moscou expédiait du brut directement aux raffineries européennes au moyen de petits pétroliers, le Kremlin a commencé, depuis lors, à utiliser la mer près de Sebta comme base pour les transferts de navire à navire, d’abord sporadiquement, et maintenant de façon régulière.

Selon la même source, six très grands pétroliers, autrement dit le Very Large Crude Carrier (VLCC) font de même depuis décembre dernier, en transportant du brut de plus de 15 Aframaxes. Certains d’entre eux sont mêmes des connus pour opérer dans le marché noir du pétrole, ayant dans le passé expédié du brut iranien et vénézuélien, selon les informations du cabinet de Conseil, Vortexa Ltd, rapportées par l’Agence de presse.

Pourquoi la Russie opte-t-elle pour Sebta ?

D’après l’analyse faite par l’expert Javier Blas, Sebta est juste un bon endroit pour assurer l’opération de transbordement de pétrole russe sur la Méditerranée. « Sebta est à l’abri des vents orageux et de la houle hivernale de l’Atlantique Nord. Le lieu est si proche de Gibraltar que les VLCC qui transportent les cargaisons peuvent rapidement retourner dans les eaux internationales pour naviguer autour de l’Afrique vers l’Asie sans perdre beaucoup de temps», explique Javier Blas.

Il ajoute que l’autre endroit que la Russie utilise, au large de Kalamata (Grèce), oblige les pétroliers à aller beaucoup plus loin dans l’est de la mer Méditerranée, ce qui n’est pratique que pour les VLCC à moitié chargés qui pourraient emprunter le canal de Suez (la voie navigable est trop peu profonde pour un VLCC entièrement chargé).

C’est ainsi que la Russie charge du brut dans des pétroliers de petite taille appelés Aframaxes dans ses terminaux d’exportation de la mer Baltique. Le processus se déroule, selon le même expert, comme suit : « les navires transportent le brut vers la ville; les Aframaxes, juste à ses abords, qui transportent environ 700.000 barils, attendent l’arrivée d’un géant dit très gros transporteur de brut, ou VLCC. Les Aframaxes s’approchent alors pour le transbordement de navire à navire », explique-t-il.

Il est à noter que selon la même source, trois de ces opérations sont nécessaires pour décharger un VLCC, qui peut transporter au moins 2 millions de barils. Après cela, le VLCC commence son voyage vers l’Asie, en contournant l’Afrique.

Moscou viole elle le droit international ?

Moscou ne semble pas violer le droit international en faisant de Sebta un relais de commerce du pétrole pour contourner les sanctions. C’est ce qu’a souligné l’expert à Reuters, expliquant que les pétroliers restent en grande partie à 12 milles marins au large,- la limite des eaux territoriales- bien qu’ils semblent parfois avoir dérivé plus près du littoral de Sebta.

La Russie respecte également les normes internationales en gardant les balises des navires allumées.

De leur coté, les autorités espagnoles tentent de maintenir leur marine en patrouille à proximité, pour toute éventualité. Il y a une raison pour laquelle la Russie n’utilise pas d’autres zones typiques de navire à navire, y compris Skaw, au Danemark, et Southwold, en Angleterre. Il est rapporté que les autorités locales avaient clairement indiqué qu’elles n’accueilleraient pas favorablement les manœuvres de navire à navire.