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Actu Maroc

Performances des indicateurs macroéconomiques : Croissance en demi-teinte sur fond inflationniste


Rédigé par Wolondouka SIDIBE Jeudi 29 Décembre 2022

L’année 2022 a été marquée par une série de rebondissements en matière de prévisions économiques mais aussi de mesures salvatrices pour accompagner et soutenir les différents secteurs d’activité. De l’avis des opérateurs, il y aura un avant et un après Covid-19, en ce sens que les conséquences de cette pandémie ont fortement impacté l’économie nationale à l’instar de celle mondiale même si la nôtre a été relativement plus résiliente.



Que faut-il retenir de l’année qui s’achève ce samedi à minuit, dans la dynamique économique enclenchée au lendemain de la crise sanitaire et la levée progressive des mesures restrictives liées à cette pandémie de Coronavirus ? Faut-il y voir le verre à moitié vide ou à moitié plein ?

Toujours est-il que l’année 2022 aura été marquée par une série de rebondissements en matière de prévisions mais aussi de mesures salvatrices pour accompagner et soutenir les différents secteurs d’activité. En effet, plusieurs indicateurs macroéconomiques, notamment la croissance, l’inflation, le déficit mais aussi les indicateurs de performance au niveau des secteurs d’activité où l’on a constaté une certaine reprise, certes timide, mais soutenue. Et de l’avis des opérateurs, il y aura un avant Covid-19 et un après Covid-19. En ce sens que les conséquences de cette pandémie ont fortement impacté l’économie nationale à l’instar de celles des autres Etats du monde même si la nôtre a été beaucoup plus résiliente par rapport à certains pays.

En la matière, la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, est on ne peut plus claire quand elle souligne que le Maroc réalise depuis longtemps la plus faible inflation de la région, et a pu minimiser les impacts de la crise sur le pouvoir d’achat des citoyens malgré une conjoncture difficile en 2022. D’ailleurs, prévue initialement à 3,2% dans le cadre de la Loi des Finances 2022, la croissance de l’économie a ainsi été revue à la baisse.

La tutelle table désormais sur une hausse de 1,5% seulement. Cette prévision reste néanmoins la plus optimiste parmi les prévisions des autres institutions, le HCP et la Banque Mondiale s’attendent, en effet, à une hausse de 1,3%, alors que Bank Al-Maghrib prévoit une croissance à 1% seulement. L’inflation devrait finir l’année sur un trend haussier. Le déficit budgétaire devrait finir l’année à 5,3% du PIB, marquant ainsi une amélioration par rapport à l’année dernière où il s’était situé à 5,5%.

Investissement soutenu

Pour ce qui est de l’activité économique proprement dite, il y a lieu de relever que des secteurs ont émis des signaux positifs. Qu’il s’agisse des secteurs primaires, secondaires ou tertiaires. Et les mesures d’accompagnement prises par les autorités, pour ne pas dire le gouvernement, sous l’impulsion royale, ont été salutaires à plus d’un titre. Le cas des Métiers Mondiaux du Maroc (MMM) est illustratif, lesquels ont terminé l’année 2022 en beauté.

Puisqu’au titre des dix premiers mois de l’exercice en finition, les exportations du secteur automobile se sont élevées à 89,18 milliards de dirhams (MMDH), en accroissement de 36,7% par rapport à fin octobre 2021. Ces exportations atteignent ainsi leur niveau le plus élevé durant la même période au cours des cinq dernières années. En parallèle, les exportations du secteur agricole et agroalimentaire se sont établies à plus de 66,95 MMDH à fin octobre 2022, en augmentation de 19,9% par rapport à la même période de 2021.

Quant aux exportations du textile et cuir, elles se sont accrues de 24,4% (+7,35 MMDH) au titre des dix premiers mois de l’année, en raison de la hausse des ventes des vêtements confectionnés (+26,2%), des articles de bonneterie (+16,6%) et des chaussures (+31,5%).

D’ailleurs, le diagnostic des six métiers du Maroc (automobile, aéronautique, agro-alimentaire, textile-cuir, électronique et offshoring) avait déjà montré des dynamiques différentes et des outputs fortement corrélés aux niveaux des investissements, de la qualité des joints ventures, des écosystèmes et du positionnement face à la concurrence, explique un économiste de la place.

Externalités positives

Selon notre interlocuteur, l’industrialisation du Maroc est un moment fort dans l’Histoire économique et géographique du Royaume, dans sa stratégie de régionalisation avancée et du volontarisme de mieux répartir l’émergence économique, l’emploi, la formation professionnelle et la valeur ajoutée.

A l’évidence, ajoute-t-il, l’analyse des chiffres permet de confirmer les fortes externalités positives du Plan émergence et puis du Plan d’accélération Industrielle (2014-2025). Il fait aussi observer que le niveau des exportations des métiers mondiaux est passé de 46,8 MMDH en 2013 à 90,6 MMDH en 2021, soit une augmentation de 93,5% en seulement 9 ans. Concernant la consommation des ménages, le taux d’inflation est resté relativement atténué par rapport aux taux enregistrés dans les pays voisins et comparables ou dans des économies avancées, en raison des mesures adoptées visant à préserver le pouvoir d’achat des ménages (IPC : +6,5% à fin novembre).

Les ménages ont également connu une évolution positive d’indicateurs de revenus, tels les crédits à la consommation (+3,8% à fin octobre), les transferts des MRE (+11,5% à fin octobre) et les créations d’emplois rémunérés (+152.000 au T3-2022). Sur un autre plan, l’Etat a maintenu l’effort d’investissement comme en atteste le bon comportement des importations des biens d’équipement et des demi-produits (respectivement +20,8% et +51,3% à fin octobre) et des recettes des IDE (+33% à fin octobre), ainsi que de l’investissement du Budget Général de l’Etat (+23,7% à fin novembre).

Tandis qu’au niveau des entreprises, il y a eu l’accélération de la croissance des crédits bancaires à +6,7% à fin octobre 2022 après +3% un an auparavant, imputable notamment à l’amélioration du taux de progression des crédits au secteur non financier (+6,3% après +3,9% l’année précédente), ainsi que de celui des crédits au secteur financier (+9,2% après -3,4% l’année dernière). C’est dire que l’année 2022 a posé un nouveau jalon dans la consolidation de l’activité économique.
 



Wolondouka SIDIBE


Bon à savoir
 
Selon la ministre de l’Economie et des Finances, Mme Nadia Fettah Alaoui, l’année 2023 devrait être aussi marquée par un nouveau cap et des stratégies volontaristes et de rupture dans plusieurs secteurs clés tels que l’industrie, les énergies vertes, l’agriculture, le tourisme et l’eau, mettant en exergue la volonté du ministère d’asseoir les bases d’une rupture positive dans le paradigme du développement. Elle précise aussi que personne ne peut prétendre un scénario figé au regard des incertitudes qui caractérisent le contexte actuel marqué notamment par le retour de la pandémie dans certaines régions, et par le conflit en Ukraine.

Dans ce contexte, son département table pour l’année 2023 sur le retour vers un taux de croissance autour de 4% et d’inflation autour de 2%. Selon elle, ces hypothèses empreintes de prudence démontrent de la confiance en l’avenir, élément primordial pour la relance de l’investissement et de l’activité économique. Une prudence qui va, sans doute, marquer l’élaboration du Projet de Loi des Finances (PLF) de l’année 2023, ainsi que la programmation budgétaire triennale 2023-2025.