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Pénurie d’eau et précipitations irrégulières… la BM dresse un sombre tableau de la situation

Risques climatiques au Maroc


Rédigé par A. CHANNAJE Lundi 15 Février 2021

Répartition inégale et raréfaction des ressources en eau, précipitations en baisse et irrégulières,
hausse inhabituelle des températures…Autant de risques climatiques auxquels le Maroc est confronté, selon la Banque Mondiale.



Pénurie d’eau et précipitations irrégulières… la BM dresse un sombre tableau de la situation
Dans son nouveau rapport « Cliamat Risk country profil » (Profil de pays à risque climatique), l’institution de Breton Woods dresse un sombre tableau de la situation climatique au Maroc. Selon cette institution internationale, les précipitations ont un degré élevé d’irrégularité au Maroc.

« Au cours des dernières décennies, les tendances observées ont montré des précipitations plus irrégulières. De plus, les régimes saisonniers pluviométriques se sont déplacés vers des pluies plus longues et plus intenses en octobre et novembre, mais avec des réductions substantielles des précipitations pendant le reste de l’année », explique la BM.

Une augmentation de la fréquence et l’intensité des événements extrêmes tels que de fortes pluies, entraînant des inondations dans certaines régions ainsi que des sécheresses et des vagues de chaleur dans d’autres régions, ont également été observées. La fréquence, l’importance et la durée croissantes de la sécheresse continue d’être une préoccupation majeure pour le pays, s’alarme la Banque Mondiale.

Des précipitations en baisse, des vagues de chaleur en hausse

Le même rapport prévoit que les températures en Afrique du Nord augmenteront de 1,5°C à 3,5°C d’ici 2050, et potentiellement 5°C d’ici la fin du siècle. « Les taux de réchauffement devraient être plus rapides à l’intérieur du pays».

Pendant ce temps, les projections de la Banque Mondiale montrent une diminution significative des précipitations annuelles à travers le Maroc entre 10% et 20%, et jusqu’à 30% au Sud du Maroc.

«Même sans changement des précipitations, l’évaporation augmentera en raison de la hausse des températures et donc l’humidité de surface du sol diminuera», conduisant à de graves pénuries d’eau, indique le rapport.

Elévation du niveau de la mer, un risque élevé pour les zones côtières

Autre inquiétude exprimée par la Banque Mondiale : l’élévation du niveau de la mer pose un risque élevé pour les zones côtières et en particulier les zones urbaines puisque 60% de la population marocaine et la majorité des activités économiques du pays se situent dans ces régions. L’institution de Breton Woods estime que 42% du littoral sera exposé à un risque élevé d’érosion et d’inondations d’ici 2030. L’élévation du niveau de la mer affectera l’agriculture, l’élevage, la santé, les ressources en eau et le tourisme.

L’étude attire également l’attention sur les défis auxquels sont confrontées les zones semi-arides du Maroc. De nombreuses communautés vivant dans des zones reculées et semi-arides du Royaume sont vulnérables à l’insécurité alimentaire, est-il souligné. 

En raison de systèmes agroécologiques non viables et de mauvaises récoltes, poursuit la même source, bon nombre de ces zones privées d’eau et de ressources manquent de moyens de subsistance stables.

« Les ressources en eau du Maroc sont inégalement réparties à travers le pays  : les plaines côtières sont constamment inondées tandis que le Sud souffre de pénuries d’eau toute l’année. Les ressources en eau renouvelables par personne ont diminué de près de 60% depuis 1960 en raison de facteurs de stress non climatiques tels que la croissance démographique dans le Nord, l’expansion de l’irrigation, ainsi que le développement urbain, industriel et touristique. Dans le même temps, la hausse des températures et des précipitations plus irrégulières ont réduit le débit des rivières et augmenté l’évaporation et l’envasement des barrages de stockage, conduisant à une réduction de 20% des ressources en eau globales au cours des 30 dernières années…Un stress hydrique accru conduira inévitablement à une surexploitation des ressources en eau souterraine, et cela se produit déjà au Souss, dans le Haouz et dans le Saïss », s’inquiète la BM. 

Le changement climatique a un impact significatif sur la disponibilité des ressources en eau au Maroc. Pour répondre aux besoins de sa population, la BM indique que le Royaume est en train de construire 60 grands barrages qui mobiliseraient 1,7 milliard de m3 par an et soutenir le transfert plus efficace des bassins Nord vers le Sud.

Comment gérer les risques climatiques

Pour que le Maroc puisse faire face aux risques climatiques, la Banque Mondiale lui recommande une série de mesures. D’abord, il faut améliorer son système de surveillance épidémiologique, renforcer la résilience des établissements de santé face aux catastrophes naturelles, améliorer la préparation des plans d’urgence et d’intervention, et promouvoir la recherche axée sur le changement climatique.

La BM recommande aussi d’améliorer la compréhension de l’impact et de l’ampleur des événements liés aux changements climatiques dans tout le pays, de renforcer les capacités de surveillance environnementale pour une gestion environnementale plus efficace, et d’introduire les programmes universitaires, spécialisés dans le risque climatique et le changement climatique…

Il est également recommandé de développer les systèmes d’alerte précoce sur les phénomènes hydrométéorologiques et la gestion des risques climatiques, et veiller à ce que les systèmes nationaux de surveillance des changements climatiques et de l’atmosphère soient maintenus et améliorés.

La BM appelle, par ailleurs, à élargir le Plan Maroc Vert pour inclure un plus grand degré d’agroforesterie, de produits agricoles et parcours dans le calcul des émissions, à veiller à ce que l’intégration des objectifs de la stratégie nationale environnementale du Maroc soit développée au sein des plans régionaux, et à mettre en œuvre des solutions intersectorielles intelligentes face au climat aux niveaux national et infranational.

Elle suggère, en outre, aux autorités marocaines d’intégrer les préoccupations liées au changement climatique dans les politiques et processus de planification pertinents aux niveaux national et infranational, et de finaliser la délimitation des terres et le registre des zones forestières pour soutenir la planification de l’adaptation et de l’atténuation.

Autres recommandations formulées : renforcer les capacités en matière de développement, de financement, de mise en œuvre et de suivi de l’adaptation au changement climatique, renforcer l’adaptation des infrastructures aux intempéries et aux conditions météorologiques futures, développer et mettre en œuvre un système de suivi et d’évaluation pour évaluer la vulnérabilité.
 
A. CHANNAJE 
 
1,45 milliard DH perdus annuellement à cause du changement climatique
 
Selon l’Organisation internationale allemande «German Watch », les pertes économiques moyennes liées à la dégradation de l’environnement et aux risques de changement climatique au Maroc, s’élevaient à 117 millions de dollars américains en 2019, soit l’équivalent d’un milliard et 45 millions de dirhams.

Ainsi, le Maroc se classe au 90ème rang mondial en termes de risques liés aux changements climatiques, alors qu’il se classe au 35ème rang mondial en termes de décès dus aux catastrophes naturelles et au 42ème rang mondial en termes de nombre moyen de décès pour 100.000 habitants.

Au niveau mondial, «German Watch » a souligné, dans un rapport, que près d’un demi-million de personnes ont trouvé la mort dans des catastrophes naturelles liées à des événements météorologiques extrêmes au cours des 20 dernières années.

Repères

Ressources en eau renouvelables  
La disponibilité par habitant des ressources en eau renouvelables au Maroc est passée de 2.560 m3/habitant/an en 1960 à près de 700 m3/habitant/an en 2010, pour tomber à 650 m3/ habitant/an en 2019. C’est du moins ce qui ressort du rapport de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) sur les secteurs de l’eau et de l’agriculture. Cette baisse substantielle représente 74,6%, souligne le document publié en décembre 2020.
Cinq nouveaux barrages en 2021
Récemment au Parlement, le ministre chargé de l’Eau, Abdelkader Amara, a révélé que les chantiers de cinq grands nouveaux barrages seront lancés en 2021, pour une enveloppe budgétaire globale estimée à 4,8 MMDH et une capacité de 525 millions m3. Il s’agit du barrage sur Oued Lakhdar dans la province d’Azilal et des barrages de Taghzirt dans la province de Béni-Mellal, Tamri dans la préfecture d’Agadir Ida-Outanane et d’Alkhankro à Figuig, en plus du barrage d’Imfout, à Settat, qui fera l’objet de rehaussement. 
153 stations de traitement des eaux usées
153 stations de traitement des eaux usées d’une capacité de 3,38 millions de M3 (MM3) ont été réalisées depuis le lancement du Programme national d’assainissement liquide (PNA), a indiqué, dernièrement à la Chambre des conseillers, le ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur, Noureddine Boutayeb. Sur le registre de la réutilisation des eaux usées traitées, quelque 45 MM3 d’eaux ont été mobilisés, dont 23 millions sont réutilisés dans l’irrigation des parcours de golf, des zones vertes ainsi qu’à des fins industrielles, a-t-il précisé lors de la séance annuelle de la Chambre des conseillers consacrée à la stratégie nationale de l’eau 2009-2020.








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