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Patrimoine : Le Lincoln aura-t-il une seconde vie ?


Rédigé par Siham MDIJI le Lundi 21 Décembre 2020

Une partie de la façade de l’ immeuble Bessonneau, communément appelé hôtel Lincoln, s’est effondrée
vendredi 18 décembre, suscitant une fois de plus la crainte des passants de l’avenue Mohammed V



L’effondrement de la façade de l’hôtel Lincoln, survenu vendredi 18 décembre, a de nouveau soulevé toute une vague de critiques des voix de la société civile engagés dans la protection du patrimoine historique de la ville.

Construit en 1917 par l’architecte français Hubert Bride, cet hôtel, partie intégrante du patrimoine architectural de la métropole, est à l’abandon depuis plus de deux décennies. Cet héritage colonial, placé au cœur de l’avenue Mohammed V (antérieurement appelée avenue de la gare), avait déjà connu des effondrements meurtriers par le passé, notamment en 1989, 2004 et 2015.

Cette fois-ci, l’incident n’a heureusement pas fait de morts ou de blessés mais a tout de même nécessité l’intervention des équipes d’experts ainsi que des membres de la protection civile pour évaluer les risques de nouvelles chutes de cet hôtel.

Ce joyaux de l’architecture moderne au style «néo-mauresque», ayant été autrefois la destination privilégiée pour de nombreux dignitaires nationaux et internationaux, mais aussi un lieu de prédilection pour les réunions, les forums et les grands séminaires, s’est transformé au fil du temps en un endroit malfamé, refuge de sans-abris, et une source de danger permanent pour la population environnante.

Avancement à pas de tortue
Après de nombreux différends entre la mairie et le propriétaire du bâtiment, l’Agence urbaine de Casablanca (AUC) et le groupe de développement territorial français REALITES, ont signé, en 2019, une convention pour le réaménagement, la rénovation et l’exploitation de ce bâtiment exceptionnel. Seul bémol, les travaux de rénovation le concernant, annoncés à maintes reprises, n’ont jamais été réalisés. 

Ceci préoccupe les Casablancais qui n’en perçoivent plus qu’une ruine en état de délabrement, totalement délaissée. Contacté par nos soins, l’architecte Abderrahim Kassou nous a indiqué, que ce fut «un projet officiel dont les travaux devaient commencer, mais tous les plannings ont été chamboulés avec l’arrivée de la pandémie de Covid-19 dont le caractère est imprévisible et insurmontable».

Le bâtiment insalubre, selon Abderrahim Kassou, ne fera pas l’objet d’une restauration mais plutôt d’une reconstruction, voire une rénovation, expliquant ainsi que l’échafaudage qui l’entoure n’a été mis en place que pour protéger la population de la chute de pierres et non pour préserver les ruines, déjà très fragiles. Ces dernières n’ont connu «aucun soutien particulier pour leur préservation». 

En somme, si certains édifices emblématiques ont pu être sauvegardés et entretenus dans leur intégralité, d’autres n’ont pas eu cette chance.

C’est le cas de l’hôtel Lincoln dont la société civile espère voir prochainement la concrétisation du projet du groupe REALITES qui promet de lui donner une seconde vie.

Tramway : Ligne T1 en arrêt sur tout le centre-ville 
Après l’effondrement de la façade du majestueux hôtel Lincoln, la ligne T1 du tramway a été interrompue, vendredi 18 décembre, sur toute la zone centreville. L’opérateur du réseau, RATP Dev Casablanca, a indiqué dans un communiqué que «cette décision a été prise, vu qu’au niveau de la station Marché central, une partie de l’hôtel Lincoln menace de s’effondrer entraînant des chutes de pierres sur la plateforme du tramway», ajoutant que «le tronçon central de la ligne T1 ne sera pas desservi tant que la sécurisation de ce chantier de l’hôtel Lincoln ne sera pas mise en place». A cet effet, des services partiels ont été mis sur la T1 avec possibilité de correspondance avec la T2 pour permettre au voyageurs de rejoindre le centre-ville. «Le trafic normal ne pourra pas reprendre tant que RATP Dev Casablanca n’en aura pas l’autorisation», a-t-il précisé.
Siham MDIJI