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Patrimoine : Il était une fois, la gare Kamra


Rédigé par Houda BELABD Mercredi 7 Décembre 2022

Depuis l’annonce de l’inauguration de la nouvelle gare routière de la Capitale du Royaume, le sort du personnel de la gare Kamra après sa fermeture est à l’ordre du jour. Une page de l’Histoire est en train de se tourner, non sans sacrifice.



Patrimoine : Il était une fois, la gare Kamra
Nous sommes devant la gare routière de Kamra à Rabat. Il est 15h30. En cet après-midi pluvieux, l’ambiance générale n’est plus la même. Les locaux ne sont pas achalandés. Les queues ne sont pas kilométriques et les autocars se font rares. Le brouhaha et le charivari habituels, eux, se sont dissipés comme par enchantement, ouvrant la voie à des questions existentielles liées à « l’après Kamra ». Des questions qui fusent de part et d’autre et qui résument une alarme générale.

Les commerces d’alimentation générale raisonnent, déjà, en termes de fermeture. Mais ils auront plus d’un tour dans leur sac pour reprendre, de plus belle, leurs activités. Pour leur part, les bagagistes, revendeurs de tickets et courtiers ne demandent pas plus que de bénéficier du même sort que celui de l’ancien personnel de la gare routière de Tanger.

Ces travailleurs informels, grâce à un programme d’appui régional, ont été affectés à des postes de gardiens, d’agents de sécurité et de techniciens de surface, entre beaucoup d’autres métiers formels. Grosso modo, la gare routière Kamra, appelée communément la Rommana à cause de sa forme de grenade, est en train de se réduire comme une peau de chagrin. Dans quelques mois, elle ne sera qu’un vieux souvenir d’une époque riche en histoires.

Un peu d’étymologie, beaucoup de doute

Contactés par nos soins, plusieurs amoureux de l’étymologie ont souhaité apporter leur grain de sel pour définir l’origine du nom de la gare. Qu’ils soient linguistes, historiens ou sociologues, ils ont été prolixes quant à l’étymologie du mot «kamra», mais sans pour autant être unanimes... Si pour les uns, le mot plongerait ses racines au fin fond de l’âge d’or arabo-andalou, puisant sa signification dans les «castillos mauros» ou «châteaux maures», pour d’autres il signifierait, en ancien arabe marocain, l’entrée de la ville de la où monte la lune ou la «gamra».

Ainsi, par allusion au navire au sens de cabine, le terme serait emprunté au castillan «cámara» dérivé du grec kamárā signifiant voûte, qui ne serait autre que ce lieu abrité par une construction. Pour d’autres, le mot viendrait plutôt de la ville d’Alicante située en pleine communauté valencienne où «cámara» désignait, du temps des croisades, un abri pour les musulmans contre les attaques des chrétiens. Le nom était, donc, donné à de grandes bâtisses comportant des mosquées, une tour de guet (ou donjon) ressemblant au minaret d’une mosquée.

Pour ce professeur d’histoire, à tout point de vue, la Kamra demeure cet endroit pris d’assaut par la police et autres brigadiers français du temps du protectorat. Car il fut un temps où ce boulevard était la ligne de mire des espions à cause de sa proximité avec les directions administratives les plus importantes de la Présence française au Maroc. Alors que d’aucuns s’interrogent sur l’origine de l’appellation, d’autres se remémorent, non sans nostalgie, des prix avantageux des sociétés gestionnaires pour les baroudeurs cherchant à faire le tour du Maroc à prix cassé.

Parmi eux, Asmae, une quadragénaire nous avoue qu’en moins de dix ans, elle a pu visiter plus de 200 villes marocaines, sans se ruiner. Son mode opératoire était d’aller à la gare Kamra, prendre le premier autocar qui sortait et s’arrêter à la ville qu’elle n’a jamais eu l’occasion de visiter. «Mon challenge était de me payer l’aller, le retour, deux repas et acheter un souvenir. Tout cela pour 200 ou 250 dirhams», affirme-t-elle. Comment est-ce possible ? «Il y a des mois où je ne voyageais pas du tout, mais il y en a eu d’autres où je pouvais visiter jusqu’à 5 villes pour un maximum de 1000 dirhams, toutes charges comprises». Pour maîtriser ses charges et respecter son challenge, elle s’interdisait de tarder, pour éviter les prix de l’hébergement. Mis-à-part les baroudeurs et autres mordus de bons plans, beaucoup de Marocains utilisaient cette gare pour visiter leurs familles à prix réduit. En effet, la plupart d’entre eux optaient pour cette gare routière car ses prix ont toujours été plus abordables que ceux de la gare ferroviaire ONCF.

Aujourd’hui, à quelques aurores de la fermeture des lieux, l’heure est aux interrogations quant au devenir des laissés-pour-compte. En outre, force est de constater que fermer la gare Kamra, c’est aussi prononcer l’oraison funèbre des fléaux ravageurs des mauvais jours, de l’acabit de la mendicité, du vagabondage, de la drogue, de la recrudescence des sans-abris et de l’alcoolisme, pour ne citer qu’eux. Pour leur part, les militants culturels de la ville appellent à sa transformation en un musée national.




Houda BELABD


La société gestionnaire de la nouvelle gare routière
 
Le directeur général de la Servi Tour Maroc (STM), soit la société qui contrôle la gestion des systèmes et appareils électroniques au niveau de cette structure routière, a précisé que la nouvelle gare routière de Rabat dispose de moyens et de systèmes technologiques de pointe, afin de faciliter les services offerts aux usagers et de permettre aux citoyens d’utiliser au mieux ces services.

Moudni a affirmé que cette gare est dotée de technologies de pointe qui ont été installées par des ingénieurs et techniciens marocains, dont un système numérisé permettant au voyageur d’acheter des billets par le biais d’un système intelligent connecté, puis guide les voyageurs vers des passages intelligents afin d’accéder aux quais d’autocars selon la destination escomptée, en sus des voies express pour les professionnels.

Aussi, ce «smart system» comprend-il des écrans électroniques qui fournissent aux usagers des données précises sur le mouvement des autocars et les heures de départ et d’arrivée. De plus, le responsable a indiqué que la société, dotée d’environ 25 ans d’expérience dans ce domaine et ayant déjà fourni des prestations similaires au niveau des gares routières de Tanger, Larache et Meknès, a installé un système audio à l’intérieur de la gare, qui fournit les données et les informations dont le voyageur a besoin avec une grande précision.

 

UNESCO


Audrey Azoulay milite pour la smartisation de la capitale
 
En marge de l’inauguration de la nouvelle gare routière de Rabat par SM le Roi Mohammed VI, le Souverain a été accueilli, en ce début du mois, par la Directrice générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), Audrey Azoulay.

La nouvelle gare routière de Rabat, qui s’inscrit en droite ligne des objectifs du programme intégré de développement de la ville de Rabat, baptisé « Rabat Ville Lumière, Capitale marocaine de la culture », compte 46 quais pour autocars et un parking pour stationnement de longue durée des autocars de 22 places, contre 38 quais dans l’ancienne gare routière Kamra.

Le Souverain a tenu à louer, à cette occasion tant attendue par les militants de la smartisation des villes du Royaume, la qualité du partenariat entre l’UNESCO et le Maroc, mettant l’accent sur l’excellente coopération entre l’Organisation onusienne et le pays pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel et la préservation de la culture et des traditions qui se transmettent de génération en génération.

SM le Roi a particulièrement remercié la Directrice générale de l’UNESCO pour tous ses efforts pour sauvegarder et protéger le patrimoine culturel des Nations, qui a tendance à être volé par d’autres pays ou assimilé par d’autres cultures. Fière de son pays d’origine, le Maroc, Audrey Azoulay a salué l’engagement de SM le Roi pour la protection et la promotion du patrimoine immatériel du Maroc.
 

Zoom


De l’importance de la nouvelle gare
 
La nouvelle gare routière de Rabat structure et fluidifie, à elle seule, l’accès à la ville par le Sud, modernise le secteur du transport interurbain dans l’agglomération, concrétise les projets de développement durable dans la région et participe à la mise en valeur de l’image de la capitale du Royaume ainsi qu’au renforcement de son attractivité.

Composée d’un grand parking extérieur pour les voitures et les taxis, d’une aire de dépose-minute, mais aussi de moult salles de restauration et de locaux commerciaux, la nouvelle gare routière devra accueillir plus de 10.000 passagers par jour, contre 6000 dans l’ancienne gare. Elle abrite un centre commercial de 40 magasins, alors que la station «Al Kamra » ne comptait pas plus de 15 locaux commerciaux.

Engageant des investissements de l’ordre de 245 millions de dirhams, ce chantier témoigne de la ferme volonté du Souverain de doter la ville de Rabat d’infrastructures à la dimension de son statut et répondant aux attentes de la population, des résidents et des visiteurs.

Réalisée selon une architecture inédite, alliant modernité et authenticité, la nouvelle gare routière, qui dispose d’un accès direct depuis l’autoroute Rabat-Casablanca, a été édifiée sur un terrain de plus de 8 hectares, situé à l’entrée sud de l’autoroute Rabat-Casablanca, à proximité du complexe sportif Prince Moulay Abdallah de Rabat.
 

Ecosystème


Quid du renforcement de l’attractivité ?
 
Cette nouvelle gare routière de la capitale, dont les travaux de construction ont été lancés par SM le Roi Mohammed VI en octobre 2017, satisfait aux normes architecturales les plus évoluées qui autorisent l’optimisation des espaces intérieurs, pour une bonne gestion des voyageurs, le renouvellement de l’attractivité de l’environnement extérieur, et le maintien des exigences de sécurité, de sûreté et de qualité des services.

Ainsi, la nouvelle génération de gare routière est équipée d’un système d’information de management qui favorise l’accueil et l’information des voyageurs, garantit une gestion optimisée des opérations de transport et de logistique les concernant et facilite l’achat des titres de transport.

Ce système permet, outre l’avantage du gain de temps, de prendre connaissance des heures de départ et d’arrivée des autocars et de leurs itinéraires, ainsi que d’éviter les intermédiaires, et de lutter contre toute hausse abusive des prix des billets, l’objectif étant de favoriser le secteur du transport routier de voyageurs qui permet de relier les différentes villes du Royaume et génère de nombreux emplois.

La nouvelle gare possède également des infrastructures et des équipements qui offrent aux passagers et aux visiteurs de la gare les meilleurs services, dans le strict respect des conditions de sécurité. Il en va de même pour les professionnels du secteur du transport routier qui, grâce à cette nouvelle structure, bénéficient de conditions de travail appropriées pour améliorer leur compétitivité, accroître leur chiffre d’affaires et préserver leur dignité.

Par ailleurs, la situation stratégique de la nouvelle gare routière et sa connexion avec le réseau des routes nationales et des autoroutes permettront de désengorger la circulation dans la ville de Rabat, de diminuer le niveau de pollution et de favoriser le transport des voyageurs, grâce à une connexion de la station au réseau de transport urbain. Dotée d’une forte valeur ajoutée, la nouvelle gare de Rabat vient compléter les diverses actions et initiatives entreprises par SM le Roi Mohammed VI et qui tendent à promouvoir l’amélioration des conditions de vie des citoyens et à oeuvrer pour un aménagement intégré, harmonieux et inclusif des différentes villes du Royaume. Ces actions et initiatives sont, à tout point de vue, la garantie du passage à l’ère des villes intelligentes.

En effet, avec l’essor explosif des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, le monde passe de la ville ordinaire à la ville intelligente. La Smart City est une conception de la ville qui fait appel à des infrastructures numériques de pointe pour combler les besoins de la population locale et des touristes en matière de mobilité, d’environnement, de gouvernance, de mode de vie, d’économie-innovation et de culture-citoyenneté.

 

Modus operandi

Patrimoine : Il était une fois, la gare Kamra

Des mesures strictes
 
Au lendemain de l’inauguration de la nouvelle gare routière de Rabat par le Souverain, une série de dispositions strictes ont été prises au pied de la lettre concernant les professionnels du secteur des transports, visant à prévenir toute anarchie et embouteillages dans les avenues de la capitale.

Ainsi, le ministre du Transport et de la Logistique, Mohamed Benabdeljalil, a fixé l’itinéraire que les professionnels du secteur des transports publics, de et vers Rabat, sont tenus de se conformer en utilisant la route réservée à l’accès à la gare routière, située à proximité du complexe sportif Moulay Abdallah.

En outre, et conformément à l’arrêté publié par le Bulletin Officiel, il est formellement interdit aux professionnels de faire descendre ou monter des passagers ou des marchandises, de procéder au chargement ou au déchargement de colis, à l’extérieur de l’espace de la nouvelle gare routière. De même, le ministre a tenu à préciser que la billetterie, les colis et les correspondances sont déposés aux guichets de la gare routière précitée.

 








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