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PLF 2023 : Poursuivre les réformes sans creuser la dette


Rédigé par Anass MACHLOUKH Lundi 8 Août 2022

En 2023, l’Exécutif entend continuer de mener les projets sociaux, tout en prenant les précautions nécessaires pour garder le contrôle des finances publiques et les marges budgétaires.



Les préparatifs vont bon train pour l’élaboration de la prochaine Loi des Finances, dont les grandes lignes sont explicitées dans la lettre de cadrage adressée par le Chef du gouvernement Aziz Akhannouch aux différents acteurs concernés, dont les ministres et les hauts-commissaires. Bien qu’il s’agisse d’une démarche coutumière, la lettre de cadrage fixe les principaux objectifs économiques à atteindre et les principales orientations de la politique budgétaire.

Malgré la conjoncture économique difficile, le gouvernement compte poursuivre en 2023 l’édification de l’Etat social, comme écrit dans la lettre qui cite quatre objectifs, dont la relance de l’économie nationale à travers le soutien à l’investissement, le renforcement de la justice territoriale et la garantie de la pérennité des réformes par la maîtrise des marges budgétaires.

Les projets sociaux restent intacts

Il va sans dire que la généralisation de la couverture sociale demeure l’un des chantiers les plus prioritaires. Après avoir accompli de grands pas vers la généralisation de l’AMO, l’Exécutif entend généraliser les allocations familiales selon le calendrier fixé par le Souverain. Cette mesure permettra à 7 millions d’enfants issus de familles pauvres et à 3 millions de familles sans enfants en âge de scolarité de bénéficier des allocations.

Pour ce faire, le gouvernement parie sur la sortie, dans les plus brefs délais, du Registre social unifié, le seul moyen qui permet le ciblage efficace des bénéficiaires. Concernant la Santé, l’Exécutif s’engage à mettre en oeuvre la loi-cadre adoptée par le Conseil des ministres.

En plus de l’amélioration des infrastructures et la refonte des instances de gouvernance, le gouvernement attache beaucoup d’importance aux conditions des ressources humaines qu’il veut améliorer dès 2023 à travers la nouvelle loi sur la Fonction publique de Santé en vertu de laquelle le personnel de Santé aura une meilleure rétribution et plus d’incitations à la performance. Ceci devrait coûter 2,2 milliards de dirhams sur deux ans, à partir de janvier 2023.

Les priorités du gouvernement sont claires : recruter assez de médecins pour atteindre l’objectif de l’OMS en termes de couverture médicale, c’est-à-dire 24 cadres pour 10.000 habitants. Ceci dit, le gouvernement s’apprête à augmenter le nombre du personnel médical de 68.000 cadres en 2022 à 94.000 en 2025 avant d’arriver à 177.000 en 2030. Cet effort de recrutement requiert une enveloppe budgétaire de 3 milliards de dirhams qui financera, en plus des nouvelles recrues, la construction de trois Facultés de médecine et trois CHU à Errachidia, Guelmim et Béni Mellal.

En 2023, le gouvernement compte s’attaquer également au dossier des retraites afin d’augmenter le nombre des personnes éligibles aux pensions pour inclure les personnes sans emploi et celles qui n’en bénéficient pas actuellement. Il s’agit là de la mise en oeuvre de la feuille de route de la sécurité sociale universelle conformément aux Hautes Instructions Royales.

Par ailleurs, concernant la politique économique, le gouvernement, qui vient d’adopter la Charte de l’Investissement, a l’ambition d’en faire une locomotive de la croissance qui demeure très faible par rapport aux attentes du pays. Selon la lettre de cadrage, le gouvernement s’engage à activer le Fonds Mohammed VI qui, rappelons-le, est doté d’un budget de 45 MMDH, pour stimuler les projets de grande envergure. Si l’Exécutif veut stimuler l’investissement privé, il ne compte pas ralentir l’intervention de l’Etat qui va poursuivre le plan des grands chantiers « Awrach », dont l’impact sur la création d’emplois n’est pas négligeable (250.000 emplois visés en 2022 et 2023).

Quant à la politique fiscale, l’Exécutif veut passer à la vitesse supérieure en s’employant à appliquer la loi-cadre portant sur la réforme fiscale. Une loi qui a été votée lors de la législature précédente. Elle prévoit plusieurs mesures, dont la révision du taux de l’IS à aligner sur la moyenne internationale. Le gouvernement a également l’intention de baisser la pression fiscale sur les classes moyennes, en diminuant l’impôt sur le revenu pour ces catégories de la population.

Une conjoncture difficile et imprévisible !

Même si la lettre de cadrage nous donne une idée sur ce que compte faire le gouvernement et là où il entend investir, elle ne donne aucune indication sur les hypothèses sur lesquelles va s’appuyer le ministère des Finances pour élaborer le futur budget. Pourtant, l’Exécutif a fixé des estimations provisoires, susceptibles d’être changées le cas échant au gré des vicissitudes de la conjoncture. Jusqu’à présent, selon les chiffres présentés par Nadia Fettah Alaoui aux députés, le Royaume est censé réaliser une croissance de 4,5% en 2023, si la conjoncture économique s’avère aussi clémente que le souhaite le gouvernement. Cela dit, cette estimation pourrait être revue à la baisse en cas d’une crise qui surgit dans le climat morose de l’économie mondiale.

Le Maroc table également sur une inflation moins importante, prévue à 2% au lieu de 5,3% enregistrée cette année. Concernant les produits énergétiques, l’Exécutif parie sur la baisse du prix du pétrole qui, à en croire les hypothèses, passera de 105 dollars le baril à 93 dollars en 2023 avant de chuter à 78 dollars en 2024. Idem pour le cours du gaz, dont le prix de la tonne devrait diminuer à 700 dollars l’année suivante, sachant qu’il a largement dépassé les estimations cette année, (le PLF 2022 a estimé que le prix du baril ne dépassera pas 450 dollars. Toutefois, le prix a flambé à 800 dollars condamnant le gouvernement à augmenter le budget de compensation).

Pour ce qui est des céréales, il est prévu que la récolte de la prochaine saison agricole soit plus généreuse, mais pas assez abondante pour combler les pertes dues à la sécheresse. En 2023, la production céréalière est estimée à 75 millions de quintaux, un chiffre en-deçà de la récolte de 2021 (103 millions de quintaux). Cependant, le prix à l’importation des céréales pourrait baisser après la reprise des exportations ukrainiennes.



Anass MACHLOUKH



Les marges budgétaires : le défi !
 
Compte tenu de la conjoncture économique difficile, la poursuite des réformes sociales nécessite des ressources financières importantes. Trouver la juste mesure entre la préservation des équilibres macroéconomiques et une politique d’investissement ambitieuse est le grand défi du gouvernement qui fait face à un creusement de l’endettement du Trésor, qui est, rappelons-le, de 70% du PIB. Force est, alors, de constater que la dette du Trésor va continuer à s’alourdir les années suivantes pour atteindre 74,8% en 2025. En revanche, le déficit budgétaire devrait baisser de 5,5% à 3,5% de 2021 à 2025. Cette baisse est due en partie à la hausse des recettes fiscales et celles des financements innovants.
 








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