
Photo: tous droits réservés / Zakaria El Hamel, fondateur de Youth for Peace and Dialogue Between Cultures
Le 28 novembre prochain, dans le cadre de la troisième édition de la Journée de la Méditerranée, le Théâtre Mohammed VI de la ville devra accueillir un événement organisé par la Fondation Anna Lindh. L’objectif en est de donner la parole aux communautés locales, aux jeunes et aux acteurs culturels de terrain, et ce, en mettant en avant des projets culturels et éducatifs menés par des acteurs de la société civile. Cette manifestation présentera des récits musicaux authentiques des populations locales dans l'optique de valoriser nos initiatives culturelles et artistiques souvent méconnues.
"Sounds from the Grassroots est une initiative qui valorise les musiciens de quartier, les conteurs des places publiques ou, en somme, tous ceux qui racontent leur territoire de façon spontanée et non-officielle. C’est une démarche de donner voix à des acteurs culturels souvent peu représentés dans les discours institutionnels", affirme Zakaria El Hamel, fondateur de Youth for Peace and Dialogue Between Cultures. Ce militant pour la paix et les droits de l'Homme transforme, depuis vingt ans, ces convictions en projets concrets. C'est, pour lui, une manière de redonner aux populations méditerranéennes la possibilité de porter et de réinventer leur propre récit.
"Le dialogue interculturel commence par l'écoute et le partage", explique-t-il au dictaphone de L'Opinion, avant de poursuivre que "quand des jeunes de différentes régions méditerranéennes travaillent ensemble sur des projets concrets, ils découvrent que leurs différences sont une richesse, pas un obstacle". Sa méthode est, donc, de faire travailler ensemble des jeunes qui ne se seraient jamais rencontrés.
Son programme Mediterranean Youth Peacebuilders a, d'ailleurs, rassemblé des jeunes d'Afrique du Nord, du Moyen-Orient et d'Europe autour de questions précises : changement climatique, dialogue interreligieux, développement durable. De ces rencontres sont nés des réseaux qui continuent d'agir dans leurs communautés respectives.
Parallèlement, Youth for Peace and Dialogue Between Cultures ("Jeunesse pour la Paix et le Dialogue entre les Cultures", en français, ndlr) a tissé des liens avec les institutions culturelles et éducatives du bassin euro-méditerranéen au travers de moult changes artistiques, résidences d'écrivains, festivals partagés : autant d'initiatives qui prouvent que la diplomatie culturelle peut réussir là où la diplomatie politique peut, éventuellement, échouer.
L'innovation numérique, quant à elle, complète le dispositif et le projet Digital Youth Dialogue offre une plateforme internationale aux initiatives locales. Une manière de montrer que la technologie peut servir le lien social plutôt que l'isolement.
Les efforts de cet ambassadeur de Youth for Human Rights International au Maroc ont été récompensés par plusieurs distinctions, à savoir le Pan-African Humanitarian Award en 2017, le Public Peace Prize en 2019, sans oublier sa nomination pour le Prix Nobel Alternatif en 2024. Autant de récompenses qui nourrissent la détermination de Zakaria El Hamel et l’incitent à se dépasser pour faire résonner son message sur tous les fronts.
Ce parcours révèle une certaine idée du Maroc. Celle d'un pays qui assume sa position de carrefour et fait de sa diversité un atout. Cette géopolitique par la culture s'inscrit dans une vision plus large d'une Méditerranée apaisée.
Somme toute, dans un contexte de tensions persistantes, cette initiative rappelle que l'humanité partagée reste le meilleur rempart contre les divisions. Une leçon que la Méditerranée, berceau de civilisations, peut encore enseigner.