C’est « Sirat », quatrième long-métrage d’Oliver Laxe, qui a été retenu pour représenter l’Espagne lors de la 98e cérémonie des Oscars, prévue le 15 mars 2026 à Los Angeles. Le film a été préféré à deux autres candidats de renom : Romería, de Carla Simón, et Sorda, d’Eva Libertad.
Présenté en mai dernier en compétition officielle au Festival de Cannes 2025, sous la présidence de Juliette Binoche, Sirat s’était distingué en décrochant le Prix spécial du jury. Accueilli avec enthousiasme par la critique internationale, le film a également rencontré son public en France : 17.000 spectateurs le jour de sa sortie, et près de 200 000 entrées enregistrées au cours de la première semaine d’exploitation.
Présenté en mai dernier en compétition officielle au Festival de Cannes 2025, sous la présidence de Juliette Binoche, Sirat s’était distingué en décrochant le Prix spécial du jury. Accueilli avec enthousiasme par la critique internationale, le film a également rencontré son public en France : 17.000 spectateurs le jour de sa sortie, et près de 200 000 entrées enregistrées au cours de la première semaine d’exploitation.
Un road movie au cœur du désert marocain
Tourné dans les paysages arides du massif du Saghro, entre Ouarzazate et Tinghir, Sirat s’inscrit dans la tradition du road movie métaphysique. Le récit suit Louis (Sergi López), un père endeuillé par la disparition de sa fille Marina, disparue cinq mois plus tôt après un festival électro. Accompagné de son fils Stéphane, il sillonne le Sud marocain à la recherche d’indices et croise un groupe de ravers errants, eux-mêmes en quête d’une nouvelle fête.
À travers ce voyage initiatique, Laxe propose une méditation sur la perte, la mémoire et la transcendance. Le film explore les thèmes de la quête identitaire et des liens intergénérationnels, tout en tissant un dialogue entre cultures. Le décor marocain, filmé avec une intensité quasi mystique, devient le théâtre d’une confrontation entre solitude, spiritualité et communauté.
Oliver Laxe, un cinéaste entre Galice, Islam et Maroc
Né à Paris en 1982 dans une famille galicienne, Oliver Laxe n’en est pas à son premier tournage au Maroc. En 2016, Mimosas, la voie de l’Atlas, réalisé dans le Haut Atlas, lui avait valu le Grand Prix de la Semaine de la critique à Cannes. Fidèle au Royaume, il a trouvé dans ses paysages et dans sa spiritualité soufie une résonance intime avec ses propres racines rurales.
Le titre du film, Sirat, fait directement référence à la tradition musulmane : il désigne le pont étroit que les croyants doivent franchir au Jour du Jugement. Laxe revendique cette inspiration spirituelle. Dans un entretien accordé à El Mundo, il affirmait :
« En Espagne, nous sommes les héritiers de trois cultures. J’ai découvert au Maroc des continuités de valeurs avec ma propre famille paysanne galicienne. Mon travail de cinéaste n’est pas de séparer, mais de relier ce qui semble disjoint. Le Maroc m’a aidé à me construire et je lui en suis reconnaissant. »
Cette approche, nourrie par le Coran, le soufisme et l’expérience du vivre-ensemble au Maroc, irrigue la mise en scène du film et lui confère une portée universelle.
Vers la shortlist des Oscars !
La sélection officielle de Sirat ne marque que la première étape du parcours. Le 16 décembre prochain, l’Académie dévoilera une première liste de quinze films en lice pour l’Oscar du meilleur film international. Les cinq finalistes seront annoncés en janvier 2026, en amont de la cérémonie prévue en mars à Hollywood.
L’Espagne, qui a déjà remporté quatre fois la statuette – la dernière fois en 2004 avec Mar adentro d’Alejandro Amenábar – espère renouer avec une tradition de succès interrompue depuis plus de vingt ans. Avec Sirat, la critique estime que le pays tient un candidat sérieux, capable de séduire un jury toujours sensible aux récits universels et aux œuvres à forte dimension visuelle et spirituelle.